Trois souvenirs de ma jeunesse (2015)
Review Overview
Note
8Présenté à la Quinzaine des réalisateurs au 68ème Festival de Cannes, le dernier film d’Arnaud Desplechin retrace avec émotion et simplicité trois épisodes qui façonnent la vie d’un homme. Mais le seul des Trois souvenirs de ma jeunesse qui importe vraiment est celui d’Esther.
Pourtant, Paul Dédalus – pseudonyme récurrent des personnages chers à Desplechin – a vécu des aventures peu communes. Une mère malade, à moitié folle, qu’il éloigne de lui et de sa fratrie, un couteau à la main. Un voyage scolaire à Minsk, qui se transforme en mission politique pour aider des juifs à fuir le pays. Un deuxième Paul Dédalus qui fuit l’URSS pour gagner Israël, puis l’Australie…
Mais ces faits deviennent anecdotiques, bien qu’ancrés dans la personnalité et l’histoire de Paul a posteriori. « J’ai rien senti », dit-il enfant lorsque son père le bat, ou à seize ans lorsqu’il se frappe lui-même pour simuler un vol de passeport.
Plus que tout le reste, ce qui importe, c’est Esther. Volatile, arrogante, sans ambition, magnifique et fragile. Un peu comme leur idylle qui a le parfum amer des amours de jeunesse survenus trop tôt : avant qu’on ait le temps, avant qu’on ait les moyens, avant qu’on ait vécu.
Quentin Dolmaire (Paul) et Lou Roy-Lecollinet (Esther) forment un duo contrasté, où le romantisme pragmatique de l’un s’accommode de la légèreté de l’autre. Le mythe d’Ulysse hante les personnages, de l’apprentissage forcé du grec à l’obsession du retour à son aimée. Une histoire qui, comme l’absence du roi d’Ithaque, durera dix ans. A cela, s’ajoute une écriture lyrique, sublime et à la poésie aussi poignante que celle des lettres échangées par les amants.
Synopsis
Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient… De son enfance à Roubaix… Des crises de folie de sa mère… Du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent…Il se souvient… De ses seize ans… De son père, veuf inconsolable… De ce voyage en URSS où une mission clandestine l’avait conduit à offrir sa propre identité à un jeune homme russe… Il se souvient de ses dix-neuf ans, de sa sœur Delphine, de son cousin Bob, des soirées d’alors avec Pénélope, Mehdi et Kovalki, l’ami qui devait le trahir… De ses études à Paris, de sa rencontre avec le docteur Behanzin, de sa vocation naissante pour l’anthropologie… Et surtout, Paul se souvient d’Esther. Elle fut le cœur de sa vie. Doucement, « un cœur fanatique ».
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