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Filmosaure | October 6, 2014

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Le Secret derrière la porte (1948)

Le Secret derrière la porte (1948)
Gibet
  • On September 12, 2014

Review Overview

Note
8

Savoureux

Sortie (France, ressortie) : 17 septembre 2014

Le 17 septembre prochain, Le Secret derrière la porte, film mineur de la période américaine de Fritz Lang, ressort en salles, dans une version restaurée, et il faut le voir – ne serait-ce que pour vérifier avec moi qu’un film mineur de Fritz Lang vaut bien mieux que beaucoup de films majeurs.

Le Secret derrière la porte s’inscrit dans une tendance pas toujours heureuse du cinéma américain d’après-guerre, le thriller psychanalytique. L’un des plus beaux spécimens du genre est le Rebecca de Hitchcock, dont Le Secret, d’ailleurs, est généralement considéré comme le remake. Mais la vérité, c’est que s’il y avait filiation effective (la réécriture n’est pas officielle), on serait très surpris, car cela signifierait que par un étrange processus, Lang a produit le pire à partir du meilleur.

Le Secret derrière la porte, en effet, dans une partie de ses dialogues et de ses situations, en somme dans tout ce qui traite de front les problèmes psychanalytiques, s’avère extrêmement bête. Certains échanges, en particulier les interventions de l’étudiante lors de la visite ou le dialogue final entre Celia et Mark, sont tellement rudimentaires à ce niveau qu’on les croirait écrits par un collégien qui sortirait tout juste d’un cours d’introduction très rapide à la théorie freudienne. La psychanalyse, dans le film, semble avoir des propriétés magiques : à la seconde même où le traumatisme originel est identifié, le malaise est évacué et tout est bien qui finit bien. Quand l’étudiante énonce le principe selon lequel, si la psychanalyse avait existé plus tôt, tous les meurtres détaillés par Mark auraient été désamorcés, on ricane, on pense voir une caricature d’étudiante, tant le propos est simpliste – on ricane moins quand on se rend compte que le film est conçu pour lui donner raison. Et on en vient à regretter que l’hypothèse mystique – Mark pense pendant la majeure partie du film qu’on peut être agi par un lieu – ne soit pas finalement celle du film.

Le Secret n’en est pas moins cinématographiquement captivant : on est face à un cas rare de film qui, en dépit de son ânerie manifeste, tient parfaitement debout. La forme y est si aboutie qu’elle n’a pas besoin de la béquille d’un fond solide.

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Le film, ne pouvant donc reposer ni sur son scénario maladroit, ni sur ses acteurs embarrassés par des personnages archétypaux (Michael Redgrave scande son texte comme un méchant de mélodrame quand il est viril et chouine comme un enfant quand il est vulnérable), tient exclusivement par sa mise en scène envoûtante et sa photographie sublime. Dès l’introduction, qui fait partie des plus beaux moments du film, Lang s’amuse comme un petit fou à nous mettre dans la même position que son héroïne : on n’est jamais sûr de ce qu’on est en train de regarder (le premier plan, est-ce un rêve ? un souvenir ? la représentation mentale d’une lecture ? une illustration sans sujet offerte par un narrateur omniscient ?) et retarde au maximum le moment où on verra le visage de Mark, la question « qui est Mark ? » étant le nœud principal.

L’introduction, d’ailleurs, est génialement synthétique : Lang y annonce avec parcimonie et discrétion toutes les saveurs que vont contenir son film. On peut voir notamment dans cette introduction que, enjeu crucial, l’image, et par extension le corps, devance toujours la parole. La parole, malgré toute sa puissance de dévoilement, court après les vérités brutes révélées par la chair, comme un humain qui essaierait de se formuler les pensées d’un animal. Involontairement, Le Secret incarne très bien ça : quand le film est sensuel, charnel, quand il s’adresse au corps, il est hypnotique ; dès qu’il se met à parler, et essaie de produire du contenu pour l’intellect, il est risible.

Le Secret derrière la porte, en montrant que le cinéma échoue dès lors que la psychanalyse réussit, circonscrit joliment les puissances et limites du thriller psychanalytique.

Synopsis

Celia Barett, jeune héritière, épouse Mark Lamphere, architecte et directeur de revue, sur un coup de tête, sans le connaître. Elle découvre que son mari a une étrange passion : il collectionne des chambres dans lesquelles des meurtres ont eu lieu. Cependant, l’une de ces pièces est toujours fermée à clé, et le mari refuse d’en parler.

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