Suite et fin de ce film fleuve – oeuvre magistrale de Miguel Gomes, les Mille et une nuits. La hâte de savoir ce que ce facétieux réalisateur nous réserve pour terminer son conte est grande, tiendra-t-il toute les promesses que nous ont faites l’inquiet (vol.1) et le désolé (vol.2) ?

Tout commence par une apparition, Shéhérazade, notre héroïne. Encore une fois, le réalisateur invente, virevolte et ré-écrit le cinéma sur le fond comme sur la forme. Tout le long de son histoire, nous aurons vus des chantiers navals, des femmes, des paysages et des animaux à chaque fois de manière différente pour raconter une seule et même histoire, de mille et une manière pour transfigurer un peuple et une idée de cinéma. Gomes traverse le burlesque, le drame, l’aventure, l’essai ou encore la comédie, en un seul film comme personne ne l’avait jamais fait d’une forme à l’autre pour se transformer en une déclaration d’amour à un peuple.

Enfin, cette dernière partie est lumineuse, éclatante et positive, à travers Shéhérazade et sa chanson, son charme, son sourire. La princesse nous emmène vers ses derniers récits enchantés, au sens propre comme au figuré. L’enchantement à travers le musique sera ce dernier thème, une comédie musicale ? Pourquoi pas, ou pour terminer, le chant virtuose des pinsons pour nous raconter encore une histoire au-delà du signifié.

Les animaux, encore et toujours ponctuent cette aventure, après les moutons, le chien, la baleine, le fameux coq ou encore les chameaux, ils véhiculent des messages pour les hommes.

Ici, c’est la communauté de « pinsonneurs » que suit Gomes. Elle entraine ses oiseaux pour des concours de chants. Chaque pinsonneur élève ses protégés et leur apprend à travers des enregistrements à chanter. Mais ces récits évoquent tous, incontestablement, des histoires de disparition : oiseaux enfuis, morts de faim, ou morts pour avoir trop chanté. Dans la beauté du chant vit une fin tragique et c’est ce sentiment qui habite L’Enchanté.

Mais revenons à un thème aperçu dans la première partie et qui annonçait la couleur du film, le militantisme et le récit social ! Ce que nous montre également l’enchanté est un peuple, le portrait d’un personnage à part entière, le peuple portugais. Ce dernier, lors d’un manifestation chante l’hymne national. Le film débutait par la triste réalité « Presque tous les Portugais ont été appauvris par cette crise » , mais la conclusion de ces trois films est qu’il a retrouvé une richesse, plein de sens et de beauté, que ce film ne finira jamais de nous dévoiler.

Synopsis

Où Schéhérazade doute de pouvoir encore raconter des histoires. Elle s’échappe du palais et parcourt le Royaume en quête de plaisir et d’enchantement. Son père, le Grand Vizir, lui donne rendez-vous dans la Grande Roue. Et Schéhérazade reprend : « Ô Roi bienheureux, quarante après la Révolution des OEillets, dans les anciens bidonvilles de Lisbonne, il y avait une communauté d’hommes ensorcelés qui se dédiaient, avec passion et rigueur, à apprendre à chanter à leurs oiseaux… ». Et le jour venant à paraître, Schéhérazade se tait.3ème volume des mille et une nuits