Le Fils de Saul (2015)
Review Overview
Note
8Récompensé d’un Grand Prix au 68ème Festival de Cannes, Le Fils de Saul est un film sur l’échappatoire physique et mentale de l’enfer des camps de concentration.
Les chuchotements naissent et s’évanouissent autour de nous. Des ordres en allemand sont régulièrement lancés, tandis que les camarades d’infortune échangent en hongrois, français ou yiddish. A hauteur du regard de Saul, nous parcourons les méandres du camp d’extermination d’Auschwitz, de l’entrée des chambres à gaz au laboratoire d’autopsie. Nous suivrons l’histoire du point de vue unique du prisonnier hongrois, de manière immersive grâce au travail incroyable réalisé tout d’abord sur le son, réaliste et comme à 360°, mais également sur l’image. Le focus étant opéré sur la quête de Saul, les autres éléments tendent à être baignés de flou.
Ce parti-pris permet aussi de ne pas faire du film un défilé d’ignominies graphiques. Le fils de Saul ne montre pas les crimes commis de manière gratuite, car son héros a choisi de s’anesthésier mentalement contre les horreurs auxquelles il participe, ce qui n’empêche pas d’entendre ce qui se déroule et pressentir des actes commis. En tant que membre du Sonderkommando, Saul est chargé de parquer les victimes – juives comme lui, pour la plupart – dans les chambres à gaz et “nettoyer” les lieux après que la besogne soit faite.
Et au milieu de la déshumanisation, quand les cadavres sont appelés des Stücke (pièces), une quête qui semble illusoire, un respect des morts qui transcende la volonté de vivre. Saul croit reconnaître son fils parmi les victimes de la dernière “fournée” et souhaite lui offrir un véritable enterrement, avec l’aide d’un rabbin, pour sauver le corps de l’incinération. Arrivé au terme de ses quelques mois d’utilité au Sonderkommando, peut-être cherche-t-il un sens à tout cela ? Quelques règles d’apparence futiles pour régir le chaos de cris et de sang, et paradoxalement, un grain de sable salvateur au sein de la grande machine huilée du camp d’Auschwitz.
Synopsis
Octobre 1944, Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums quand il découvre le cadavre d’un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il décide d’accomplir l’impossible : sauver le corps de l’enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture.
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