== document.location.protocol ? 'https://ssl' : 'http://www') + '.google-analytics.com/ga.js'; var s = document.getElementsByTagName('script')[0]; s.parentNode.insertBefore(ga, s); })();
Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image

Filmosaure | May 9, 2015

Scroll to top

Top

No Comments

Festival du cinéma brésilien 2015 : de l’art de se sortir du piège de l’exotisme.

Festival du cinéma brésilien 2015 : de l’art de se sortir du piège de l’exotisme.
Florent Bodenez

Pays d’honneur du salon du livre 2015 de Paris, le Brésil est autant reconnu pour sa littérature que pour son cinéma. L’occasion pour le Festival du cinéma brésilien de Paris de proposer une programmation qui met en scène la relation entre ces deux arts. Pour sa 17ème édition, les organisateurs ont misé sur une programmation riche, surprenante et parfois audacieuse, dont le mot d’ordre est : création. Filmosaure vous raconte quatre jours passés dans l’antre de la salle principale de l’Arlequin, cinéma parisien du 7ème arrondissement fidèle au festival depuis des années.

15606_822084897863085_5598198292640851736_nMardi 7 avril

L’ouverture du festival est à 20h30, avec la projection du film Trinta, en présence du réalisateur. Le temps pour nous de faire la queue avec le public qui se masse abondamment devant l’Arlequin, d’écouter Mme Adler ouvrir le festival, présenter quelques sponsors, et on se retrouve plongé dans l’histoire vraie de ce joyeux être maladroit et mal aimé qu’est Trinta, qui se rêvait danseur d’opéra, et se voit chargé du jour au lendemain de la préparation du Carnaval de Rio. Il lui faudra en convaincre plus d’un de son talent, et de son aptitude à mener le projet à son terme. Pour une ouverture, on n’aurait pas pu rêver mieux. Le film, délice de mise en scène de photographie, touche juste, au plus profond de son personnage si particulier, à la fois passionnant, fragile, persévérant, drôle et émouvant. C’est brillant, et on se surprend à ne pas vouloir que ça s’arrête. Mais le générique apparait, et l’accompagnant, les applaudissements et les exclamations enthousiastes d’une salle largement conquise nous conforte dans notre choix de couvrir ce festival. En espérant que les autres films suivent.

Trinta02Matheus-Nachtergaele_creditoJuliaSchmidtMercredi 8 avril

Le beau temps s’est invité dans la capitale, et évidemment, cela a un impact sur la fréquentation du festival en journée. Et passé l’effet d’attraction du film d’ouverture, les salles obscures se font plus clairsemées. Pour ce deuxième jour, nous assistons au film du soir : Casa Grande, premier film en compétition et présenté en avant-première française. L’histoire d’une famille riche au sein d’un Brésil préoccupé par les inégalités sociales et raciales. Mais c’est surtout l’histoire d’un adolescent, qui cherche sa place entre son père très protecteur et conservateur, et son besoin d’émancipation. Le film est agréable à regarder mais très décousu. A noter une jeune actrice qui a de beaux jours devant elle : Bruna Amaya. Bon, c’est sympathique, ça amène à voir une autre facette du Brésil, mais ça reste sans enjeux et peu subversif. Pas d’applaudissements à la fin, on sent que le film n’a pas transcendé. On se boit un petit caïpirinha au bar du festival après la projection pour se revigorer, et il est déjà l’heure de rentrer.

sj_product_image_65_6_1525_7479Jeudi 9 avril

Quoi de mieux que de commencer l’après-midi par un classique, pourtant trop peu répandu : Le baiser de la femme araignée. En guest, un incroyable William Hurt encore jeune et imberbe, qui campe un gay condamné à la prison au Brésil, et qui par sa personnalité, son humour et sa gentillesse va se lier d’amitié avec son co-détenu, un molosse emprisonné pour son affiliation au parti communiste. Mais pour obtenir un aménagement de peine, le personnage de William Hurt va devoir malgré lui trahir sa confiance, et lui soutirer des informations sur l’organisation communiste pour le compte du directeur de la prison. Entre un complot politique et une amitié qui se transforme petit à petit vers une pseudo love-story, le personnage est déchiré. Le ton est juste, le jeu est parfait et la poésie transperce l’écran. Seules quelques longueurs et la direction politique de fin du récit viennent gâcher ce morceau de cinéma à la fois gras et acidulé. On enchaîne ensuite avec un film qui fait partie de la sélection Cinéma et Litterature : Le vent au dehors. Ce n’est pas vraiment un film en fait, c’est plus un témoignage vidéo qui porte aux nues le travail du célèbre poète Fernando Pessoa, dont 2 femmes passionnées lisent les œuvres à haute voix devant un public conquis d’avance. Si le film a le mérite de mettre en avant une écriture poétique géniale, il est aussi vrai qu’une heure de document vidéo sur le même schéma finit rapidement par nous ennuyer. On trouvera mieux demain.

1985 Le Baiser de la Femme Araignée - BDRip 1080p [RpK].mkv_snapshot_00.04.37_[2015.02.11_02.27.45]Vendredi 10 avril

Le voici le véritable coup de cœur de ce festival : le documentaire Argentine, les 500 bébés volés de la dictature (disponible sur Youtube). Évidemment, au premier abord ont peut se demander ce qu’un film sur la dictature argentine vient faire dans un festival portant sur le peuple brésilien. Mais on est rapidement happé par le film, qui raconte la lutte des grands-mères de la place de Mai pour retrouver leurs fils ou filles, capturés par la dictature militaire en 1976 et redistribué dans d’autres familles. Une histoire vraie absolument incroyable, où l’humanisme, les doutes et la colère de chacun se ressent sur l’écran autant que dans nos esprits de spectateurs. Un combat politique, social et familial de plus de 30 ans magnifiquement mis en image et très documenté. Le réalisateur aurait pu tomber dans le larmoyant, mais en choisissant de mettre en image la portée politique de cette lutte, les doutes des enfants retrouvés sur leur vraie famille et les questions médicales liées à la reconnaissance génétique des liens parentaux, il prend le sujet par tous les bords, et le fait bien et avec pudeur. C’est ce brio dans la forme qui donne sa puissance au fond, et nous prend au tripes, véritablement. Il faut un certain moment après la séance pour se remettre d’une telle démonstration, qui aurait pu être encore plus forte s’il n’y avait pas eu seulement 20 personnes dans la salle pour vivre cette intense expérience. Une heure plus tard, on dit aurevoir au festival pour cette année, la pauvreté scénaristique et visuelle du film suivant Histoire de Fausta nous ayant fait sortir de la salle au milieu de la séance, le cœur et les yeux encore en Argentine.

500bebes02Si nous n’avons pas vu le film Bonne Chance, récompensé par le prix du public, ces 4 jours de festival nous auront offert de beaux moments de cinéma, notamment grâce à un film d’ouverture parfaitement choisi, un classique plutôt mémorable et un documentaire final grandiose. Le cinéma brésilien nous montre ses différentes facettes, ses bons et ses mauvais côtés. Surtout, le festival évite de tomber dans la présentation d’un exotisme facile, d’un côté carnavalesque et dépaysant, susceptible de plaire au spectateur français avide de couleurs et de chaleur. Il se concentre au contraire sur le fond, sur la promotion d’un nouveau cinéma national, et sur la valorisation d’un riche patrimoine cinématographique. Muito obrigado, nous reviendrons.

Submit a Comment