Chappie (2015)
Review Overview
Note
6Le futur réalisateur de Alien 5 revient avec son troisième film, toujours avec sa patte SF si personnelle. Chappie réussit son pari grâce à un personnage principal bien exploité, même si le film tend parfois trop ouvertement vers une oeuvre-hommage à ses acteurs secondaires, j’ai nommé le groupe Die Antwoord.
Au sein d’un Johannesburg futuriste où la police humaine a été remplacé par une armée de robots au service de la loi, Déon (Dev Patel), créateur de ces machines, met au point un programme permettant de doter celles-ci d’une conscience et du don de jugement. Un programme qu’il teste sur l’un des prototypes en maintenance, nommé Chappie. Seulement, Deon se fait braquer par un couple de malfrats (Die Antwoord), que Chappie va ensuite considérer comme ses parents. L’androïde a au départ la conscience d’un enfant, qui a besoin d’une éducation. Et c’est l’un des grands thèmes du film : l’enfance et l’innocence.
À travers l’éducation d’un robot, Neill Blomkamp filme le sujet de manière intelligente et introspective, où l’apprentissage passe par le mimétisme et la découverte de l’autre. Non, un robot ne se mouche pas le nez avec sa main, mais un enfant le fera pour faire comme ses ainés. Voilà pourquoi Chappie imite ce geste. Et au final, Blomkamp rend le robot plus humain et profond que tous les autres personnages, qui eux pourtant sont bien de chair et d’os. Car les concernant, on est dans la caricature constante. Le pseudo-héros geek et naïf, le rival professionnel bête et méchant (Hugh Jackman, la coiffure tout en mulet) prêt à tout pour que son collègue échoue, le truand armé jusqu’aux dents que rien ne stoppera, la PDG glaciale incarnée par une fade Sigourney Weaver…
L’introduction du film est expédiée : Johannesburg, robots, criminalité et héros génie de l’informatique. En deux minutes, le décor est planté. Et tout le premier quart de Chappie paraît plus ridicule qu’autre chose. L’histoire a du mal à fonctionner complètement. C’est là où Blomkamp tombe dans les travers de la facilité. Mais après ce début poussif, on est porté par l’histoire, au moment où le personnage de Chappie apparaît en fait. Le tout découle sur une fin sublime et réfléchie, bien que les similitudes avec celle de District 9 sont indéniables.
Mais pointons maintenant ce qui empêche au film de s’élever à un rang supérieur : le duo de personnages formé par les leaders du groupe Die Antwoord. On ne peut s’empêcher, rien qu’en voyant la bande-annonce, de se demander ce qui est passé par la tête du réalisateur lorsqu’il a choisi d’engager les membres du groupe explosif de rap-rave, au passif d’acteurs inexistant, pour camper deux rôles aussi important. Ce n’est pas leur jeu qui gêne, puisqu’il est plutôt convaincant. Ce qui pose problème, c’est la place qu’ils prennent dans le film, brouillant la frontière entre l’univers du film et celui de leur groupe : ils sont omniprésents dans la bande-originale (certains titres ne collent d’ailleurs pas forcément avec l’ambiance du film), ils ont donné leurs noms de scène à leurs personnages, et on aperçoit même en gros plan un tee-shirt avec le logo « Die Antwoord » sur la fin du film. A ce moment là, on ne sait plus si on est devant un film d’anticipation ou un long clip promotionnel grotesque.
Entre deux chaises. C’est aussi là tout le paradoxe du film, qui alterne entre des passages sublimes et bien écrits et des situations surfaites et ultra codées. L’histoire d’un réalisateur de génie indépendant qui se fait petit à petit manger par le système, mais qui tente tout de même de résister. Espérons qu’Alien 5 ne sonnera pas la fin du vrai Neill Blomkamp.
Synopsis
Dans un futur proche, la population, opprimée par une police entièrement robotisée, commence à se rebeller. Chappie, l’un de ces droïdes policiers, est kidnappé. Reprogrammé, il devient le premier robot capable de penser et ressentir par lui-même. Mais des forces puissantes, destructrices, considèrent Chappie comme un danger pour l’humanité et l’ordre établi. Elles vont tout faire pour maintenir le statu quo et s’assurer qu’il soit le premier, et le dernier, de son espèce.