Vincent n’a pas d’écailles (2015)
Review Overview
Note
8S’il fallait ne retenir qu’un seul film de toute la compétition Premiers Plans 2015, ce serait celui-là : Vincent n’a pas d’écailles, par Thomas Salvador, tentative unique et unique réussite d’un surnaturel en mode mineur.
Sur Filmosaure, la démarche n’est pas tant d’analyser que d’inciter ou non, en fonction de notre appréciation, le lecteur à aller voir tel ou tel film. Or les films comme Vincent n’a pas d’écailles sont, en dépit de leurs qualités indéniables, difficiles à vendre. J’avais ressenti le même désarroi l’année dernière quand j’avais dû défendre ici Tonnerre de Guillaume Brac, qui d’ailleurs n’a pas rien à voir avec le film en question aujourd’hui, les deux s’inscrivant dans une même mouvance de jeune cinéma français prometteur (parfois plus) avec Justine Triet, Antonin Peretjako, Sophie Letourneur, Lucie Borleteau, Vincent Macaigne et points de suspension.
Comment faire désirer ces films quand leur atout principal est la simplicité ? De loin, on prend ça pour de la fadeur. Il faudrait alors se concentrer sur leurs aspects les plus romanesques ? Non seulement ça induit de déflorer les plus beaux moments mais surtout ça revient à mentir car l’extraordinaire y est traité ordinairement. Une vague de critiques furieuses a succédé à la vague de critiques dithyrambiques : c’est que ces premiers ont vu le film chargés d’une attente créée par les qualificatifs écrasants de ces derniers, créée aussi peut-être par un appareillage promotionnel qui, comme moi, ne sait pas trop quoi dire pour susciter l’envie.
La bande-annonce, de toute manière trop explicite, se base sur l’argument du « film de super-héros français », qui vaut beaucoup de malentendus. Les assoiffés de gros spectacle sophistiqué, qui appellent matin, midi et soir un cinéma de genre français, croient enfin accéder à la concrétisation de leurs espérances. Et ceux-là, en oubliant qu’ils auraient râlé d’autant plus fort si le film s’était ridiculisé en choisissant l’option du gros spectacle, râlent de voir un si film si épuré, si crevard en récit. En réalité, Thomas Salvador n’a pas grand-chose à faire du film de super-héros tel qu’on peut le pratiquer en 2015. Il pense un peu au Spider-man de Sam Raimi, en détourne gentiment une séquence, songe probablement par instants au premier X-men, mais ça s’arrête là. Et si Vincent n’a pas d’écailles renvoie à ces deux films, ce n’est pas un hasard. C’est que ce sont les seuls films de super-héros à avoir pris soin de montrer, en tout cas dans leur première partie, l’étonnement du sujet à découvrir son corps augmenté. Salvador dilate ce premier acte et arrête le film une fois qu’il a épuisé l’étonnement. C’est tout, mais c’est déjà beaucoup.
Seul le titre pourrait parvenir à vendre le film sans le survendre, sans le gâcher. Vincent n’a pas d’écailles, d’accord, mais moi non plus ! Pourquoi il y a nécessité de préciser, pour Vincent, qu’il n’a pas d’écailles ? Par une bête négative a priori incongrue, qui rend tout à fait compte de l’économie du film tout en effets aussi puissants qu’élémentaires, le mystère naît et avec, je l’espère, la soif d’en savoir plus.
Si le film m’a touché, c’est qu’il aborde sa petite histoire avec la rigueur et la pureté d’un Buster Keaton, qu’il fait le pari de l’effet mécanique contre l’effet numérique, et nous rappelle par ces biais que le merveilleux n’est pas ailleurs que dans nos chairs qui bougent.
Synopsis
Vincent paraît être un jeune homme banal. Mais peu à peu il semble avoir un lien très spécial avec l’élément aquatique.
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