Jupiter : le destin de l’Univers (2015)
Review Overview
Note
4Les Wachowski reviennent avec leur space-opéra dantesque Jupiter : le destin de l’Univers. Après leur sublime Cloud Atlas, la nouvelle super-production des créateurs de Matrix est élégante, mais pénalisée par un scénario tiré par les cheveux et qui manque cruellement d’enjeux. Ou peut-être est-ce le montage qui plombe le film ?
Mieux vaut être bien réveillé avant d’aller voir Jupiter : le destin de l’Univers. Les Wachowski nous ont encore concocté une œuvre ultra-ambitieuse, où tout un univers (au sens propre comme au figuré) nous est dépeint. Où les trois héritiers d’une famille d’humanoïdes immortels, la maison d’Abrasax, se disputent la propriété de l’Univers, et où Mila Kunis joue Jupiter (pas la planète, mais une femme dont le père était passionné d’astronomie), qui porte sans le savoir le patrimoine génétique lui insufflant le pouvoir de prendre en main la Maison d’Abrasax et l’avenir de l’Univers.
L’ensemble donne une fresque très complexe, qui pourrait être jouissive. Ce qui est intéressant ici c’est que contrairement à la quasi-totalité des blockbusters du genre, les terriens ne sont pas concernés, hormis Jupiter et sa famille. Nous ne sommes dans le film qu’une vulgaire espèce sans ambition, ignorante et utilisée pour assouvir les expérimentations sur le désir d’immortalité de la dynastie Abrasax. Cette faiblesse de l’humain est concentrée dans un scène de mariage sur une autre planète, où les invités ne sont que des « Sims », utilisés comme décor pour le protocole. Jupiter : le destin de l’Univers, et non le destin de la Terre. Jupiter est donc la seule représentante de la planète bleue dans l’aventure, et là réside tout le contraste entre sa personnalité et les autres personnages.
Mais entre les explications expédiées, les relations complexifiées entre les personnages et la nécessité pour nous d’ingurgiter un « monde » entier, les Wachowski ne nous laissent pas de temps mort, et on est vite perdu. Du coup, ça en devient un bordel monstre, qui a pour effet de rendre le film assez froid, sans profondeur et sans aucun enjeu à poursuivre. Jupiter en devient presque agaçante (ou peut-être est-ce le jeu de Mila Kunis ?) et Channing Tatum est transparent en homme-loup génétiquement modifié. Tout cela est peut-être dû à des choix de coupes que les metteurs en scène ont été obligé de réaliser dans leur montage, car on sent bien que le film devrait durer bien plus longtemps. Cela explique peut-être les nombreux reports de la date de sortie du film, qui peuvent traduire des désaccords avec le producteur. On sent qu’il y a un énorme potentiel que le montage du film gâche complètement.
Bon, alors oublions le scénario. La force du film réside en effet plutôt dans son élégance visuelle. Les Wachowski filment avec classe les scènes de combats, très chorégraphiées, comme ils ont toujours su le faire. La belle photographie et les décors tout en couleurs tentent de compenser la froideur du scénario. Parmi les acteurs, un nom ressort : Eddie Redmayne, vu récemment dans Une merveilleuse histoire du temps, qui campe ici l’un des frères Abrasax, “the bad one”, et dont la personnalité fait penser à une réincarnation d’un certain Vador, Dark de son « prénom ».
On ressort de la projection assez indifférent, l’impression d’avoir vu défiler devant soi une fresque immense et gracieuse, à laquelle on n’a jamais vraiment accroché. Deux conseils après ce léger mal de crâne de deux heures : ne voyez pas ce film en 3D, sauf si vous voulez votre dose de maltraitance d’images sublimes. Et pour vous réconforter, regardez à nouveau Cloud Atlas, histoire de rester sur une meilleure impression des Wachowski.
Synopsis
Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n’a d’autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n’est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l’attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d’un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l’équilibre du cosmos…
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