#Chef (2014)
Review Overview
Note
4Jon Favreau réunit la crème d’Hollywood pour son feel-good movie culinaire, #Chef. L’aventure d’un cuisinier humilié qui va retrouver espoir en lançant un food truck. Cette introduction fait moins de 140 caractères, elle reste dans l’esprit du film… ou fait directement référence à la taille du scénario, au choix.
Surtout, n’allez pas voir ce film avant un repas ou sans avoir mangé au préalable. Car les travellings sur les viandes saignantes, les zooms sur le fromage fondu et les panoramiques sur des croques-monsieur qui dorent sur une plancha vont à coup sûr avoir raison de votre estomac. Ce film est un hymne à la bouffe (voire la malbouffe dans sa deuxième partie) et au métier de cuisinier. Alors après, parlons cinéma. #Chef est une chronique sociale et culinaire, qui suit les déboires de Carl Casper, un chef cuisinier qui, humilié par un critique culinaire, décide de démissionner et de se lancer dans un food truck spécialisé dans la cuisine cubaine. Commence alors un road-trip dans tous les États-Unis en compagnie d’un ami et de son fils. Un nouveau souffle bienvenu pour le personnage, qui va lui permettre de rebondir.
Pour Favreau, le réalisateur, scénariste et acteur principal du film, la cuisine est un sport, et #Chef suit d’ailleurs la recette classique des longs-métrages sur les sportifs (sommet → chute → misère → reconversion → réussite → sommet.). Ou peut-être Favreau s’inspire t-il du parcours d’Ironman, dont il a réalisé les deux premiers volets? En tout cas, le Chef Casper est un personnage attachant, un cuisinier passionné mais un père négligeant. Le road-trip va d’ailleurs surtout être un prétexte pour renouer une solide relation avec son fils, qu’il avait négligé en se consacrant presque exclusivement à son métier. L’évolution de cette relation est le fil rouge du film, encore plus que la cuisine, et heureusement. Car le réalisateur a du mal à développer un autre discours sur la cuisine que celui de la contemplation. La moitié des plans du film se concentre sur les cuisiniers qui préparent à manger. Mais il ne se dégage rien à travers ces images, il n’y a aucun enjeu, comme si Favreau nous disait simplement : « regardez comme ça a l’air bon ». Le repas est un moment de partage, certes, mais si on ne peut pas goûter et uniquement saliver pendant deux heures, à quoi bon à part rester frustré.
Et au final on est pas loin de ce même phénomène de contemplation en ce qui concerne les autres ressorts scénaristiques du film : « regardez comme ce road-trip a l’air trop cool », « regardez comme ça fonctionne bien entre le fils et son père ». La faute à un manque criant de rebondissements et une histoire qui s’affaisse et se simplifie au fur et à mesure. Pourtant, le premier tiers du film est bien amené, drôle et entraînant. Dustin Hoffman en propriétaire capricieux et Scarlett Johansson en maîtresse soucieuse sont des atouts de poids qui enrichissent la mise en place brillante du film. Une sorte de frénésie autour du chef Casper se met en place. On assiste à ses déboires avec son ex-femme, ses nuits passées à cuisiner, ses retards fréquents pour aller chercher son fils à l’école, sa colère contre son patron qui lui laisse peu de place pour exprimer sa créativité… et puis ce pétage de plombs sur le critique culinaire qui l’a descendu sur son blog. C’est à partir de la chute sociale du personnage qui s’en suit que le film devient plus que banal, même s’il garde sa (relative) drôlerie.
#Chef, un film sur la cuisine donc, mais aussi sur les réseaux sociaux. Le # du titre n’est pas anodin. Dans une volonté de modernité, Favreau donne à Twitter une place presque centrale dans l’histoire, et l’utilise comme l’outil médiatique qui va entraîner les rares bouleversements dans les comportements des protagonistes ou bien peut-être que cette mise en avant de l’immatérialité cache une incapacité à rendre le film passionnant de par les relations humaines ? Chacun se fera son propre avis.
Et alors qu’on commence à faire une overdose de sandwichs cubains en assistant depuis trop longtemps à ce road-trip sans saveur, Favreau termine son film comme un cheveu sur la soupe, de la façon la plus simpliste qui soit. En trente secondes, tout est réglé, tout est bien qui finit bien, comme s’il n’y avait pas eu d’avant, pas eu d’histoire au final.
#Chef est donc un film qui ne raconte pas grand chose, un simple voyage paradoxalement statique. Un film nombriliste dans lequel les personnages sont ravis de se remplir le bide, à défaut d’avoir épancher notre faim de cinéma. Ne crachons pas dans la soupe tout de même, certains y trouveront une joie de vivre et un côté chaleureux et attachant qui les réjouira, sans prendre en compte le fait qu’on leur sert là du réchauffé. Au cinéma comme au restaurant, venez comme vous êtes.
Synopsis
Carl Casper, Chef cuisinier, préfère démissionner soudainement de son poste plutôt que d’accepter de compromettre son intégrité créative par les décisions du propriétaire de l’établissement. Il doit alors décider de son avenir. Se retrouvant ainsi à Miami, il s’associe à son ex-femme, son ami et son fils pour lancer un food truck. En prenant la route, le Chef Carl retourne à ses racines et retrouve la passion pour la cuisine et un zeste de vie et d’amour.
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