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Filmosaure | October 6, 2014

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Incendies (2010)

Gibet
  • On September 5, 2014

Review Overview

Note
1

Infect

Sortie (France) : 12 janvier 2011

Avant Enemy et Prisoners, Denis Villeneuve a réalisé Incendies, adaptation de la pièce éponyme de Wajdi Mouawad, qui emporta l’adhésion quasi-unanime de la critique et du public. Avec le recul, on a du mal à comprendre cet engouement.

Incendies a peut-être pour lui quelques atouts. Le film permet de voyager dans des coins dangereux pour pas cher et sans risques – il a disons un intérêt touristique. Plus sérieusement, on peut reconnaître à Villeneuve un certain sens du découpage : le film contient quelques séquences qui surprennent par leur façon de raconter très simplement et très elliptiquement ce qu’elles ont à raconter. Par exemple, pour le premier accouchement (c’est la séquence la plus frappante à ce niveau), Villeneuve filme un visage de femme, puis une flaque de sang entre deux jambes ouvertes, puis un bébé qui s’endort sur une gorge. En 8 secondes et 3 plans, tout est dit, avec une économie proche de celle de la bande-dessinée. Mais c’est aussi, par un autre côté, une manifestation des limites du film : même pour un événement mineur, un fait sans plus d’enjeu que le factuel pur, Villeneuve se sent obligé de faire du style. Le paradoxe de cet accouchement, c’est que pour nous dire qu’il n’y a rien à en dire, Villeneuve le filme de manière à ce qu’on se dise “c’est habile comment il s’est débarrassé de ça”, alors que le moyen le plus honnête de le faire aurait été de ne pas le filmer du tout.

C’est que Denis Villeneuve a l’intention plus que manifeste d’imposer une patte de cinéaste, d’être rapidement identifié comme un géant du thriller – si quelqu’un a écrit “un classique immédiat” à propos du film, Villeneuve doit considérer qu’il a atteint son but. Et comme Villeneuve focalise toute son énergie sur ses effets de mise en scène, il néglige tout le reste, en omettant que c’est le reste qui aurait donné un souffle à son histoire.

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Le fait est, par exemple, que l’écriture d’Incendies n’a aucun intérêt. D’une part, la tonalité du film est désespérément monochromatique, une étendue de gris foncé infinie. Villeneuve ne prend jamais en compte que, même dans les situations les plus terribles, l’humain reste humain, et qu’il y peut pourquoi pas sourire, éventuellement être confronté à des problématiques corporelles ou pragmatiques. On peut lire dans les interviews que Villeneuve a délibérément fait le choix d’ôter toute trace de facétie en adaptant le texte originel, sous prétexte que le mélange des tons passerait mal dans un thriller – c’est évidemment de la bêtise pure, on n’a jamais composé un récit classique avec une seule couleur. Dans Incendies, pas de personnages donc, mais des marionnettes qui font la gueule et glissent d’un point A à un point B avec plus ou moins de bonne volonté. Notez que le plus gros effort de caractérisation se rapporte au personnage de Nawal Marwan, la mère : à un moment on la voit attendrie par un enfant – le plus gros effort de caractérisation consiste à dire “regardez comme le personnage de la mère est maternel”. Dans Incendies, de ce fait, pas non plus de situations, simplement des prétextes à produire des images iconiques.

Symptome flagrant : Villeneuve n’arrive à se tenir à aucun point de vue. La plupart du temps, on devance Jeanne, qui mène l’enquête, soit que Villeneuve nous fait tout découvrir avant elle, par l’intermédiaire de flash-backs, soit qu’il désamorce les incompréhensions en sous-titrant ce que Jeanne ne comprend pas. Ce faisant, Villeneuve se prive d’un des ressorts narratifs les plus naturels : puisqu’on en sait presque tout le temps plus que les héros, on les regarde subir sans subir nous-mêmes. En outre le film s’avère, à cause de ces deux timelines parallèles, très redondant. Soit on considère que c’est l’intrigue au présent l’intrigue principale, auquel cas les flash-backs ne sont que des illustrations molles et superflues, soit on considère que c’est celle au passé, et le présent devient totalement inutile. En d’autres termes, Incendies n’arrête pas de s’annuler au fur et à mesure qu’il avance et on finit par ne plus faire attention à rien. A d’autres moments, au contraire, on accompagne les protagonistes – quand, par exemple, Simon, le frère de Jeanne, doit rencontrer des inconnus, en secret, Villeneuve filme Simon les yeux bandés en avant-plan et tout le reste flou. Finalement, la logique qui prime, c’est toujours celle du style. Villeneuve saute d’un point de vue à l’autre, sans aucune cohérence, car il prend toujours le parti qui mettra le plus en valeur ses talents de metteur en scène.

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Incendies, c’est du cinéma de petit malin. Ça n’arrête pas d’arborer des signes extérieurs d’intelligence alors que c’est infiniment creux. Comment ne pas ricaner devant ces tentatives de dialogues mathématiques à la The Social Network ? “Tu viens d’apprendre que A) ton père est vivant et que B) tu as un autre frère. Ce qui est ridicule, c’est que tu remettes en question ce qui inéluctable. Tu dois savoir, sinon ton esprit ne sera jamais en paix. Et pas de paix d’esprit, pas de mathématique pure. Jeanne, prends un point de départ. – Mon père est mort pendant la guerre, à Darech. – Ça c’est la variable inconnue de l’équation. On ne commence jamais par la variable inconnue.” L’utilisation des mathématiques par le film est extrêmement révélatrice : on a seulement deux évocations au début et une à la fin, mais c’est lourdement mis en avant, de sorte qu’on peut avoir cru voir un film rigoureux et scientifique, un film de génie qui n’a pas su s’exprimer autrement que par le cinéma. Concrètement, Incencies n’affronte pas la question mathématique – pourtant c’est possible, et potentiellement passionnant, qu’on songe par exemple au cinéma de Rohmer – et s’en sert comme d’un gadget égocentrique. Quel plaisir tirer de ce cinéma-là, en tant que spectateur ? C’est une démonstration de force permanente, à laquelle on n’est conviés que pour valider la force du démonstrateur. Le pire, c’est que Villeneuve rend le regard coupable, via une introduction dégueulasse ponctuée par un regard caméra d’enfant soldat terrible. Pour qui se prend Denis Villeneuve, quand il nous accuse de regarder ce qu’il nous montre ?

Incendies visait la grande tragédie mais, puisque le film ne contient jamais rien d’organique, on a affaire à un conte rudimentaire dans les meilleurs moments, et à un mauvais soap dans les pires.

Synopsis

A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence.

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