We are what we are (2013)
Review Overview
Note
7De festival en festival, la mise en scène soignée de We are what we are laisse rarement indifférent. Sélectionné à Sundance puis à la Quinzaine des réalisateurs, il choque les mamies à la sortie des projections deauvillaises avant d’atterrir parmi ses pairs à L’étrange Festival.
L’Etrange Festival semblait féru de cannibalisme cette année, incluant Omnivores, Parents et We are what we are à sa sélection, laquelle n’était pas plus bizarre qu’à l’accoutumée pour autant. Le remake de Somos lo que hay (Ne nous jugez pas), petit film d’horreur mexicain qui avait su se faire remarquer au Festival de Gérardmer en 2010, en reprend les grandes lignes mais en transposant l’intrigue dans un contexte de fanatisme religieux qui façonnera l’atmosphère bien particulière du film. Franck Parker, fervent croyant et père de trois enfants, gère avec difficulté la mort récente de sa femme, un événement traumatique qui bouleverse toute la famille. Le voyant perdre pied, ses deux filles Iris et Rose se retrouvent en charge, alors qu’arrive à grands pas le repas pascal annuel au cours duquel doit se faire un sacrifice rituel, perpétué de génération en génération. La rigueur avec laquelle le jeûne du carême est imposé, même à leur petit frère Rory, ne laisse aucun doute quant à l’obligation de respecter la tradition religieuse.
We are what we are surprend par une approche élégante et presque racée de l’anthropophagie, au lieu de la comédie gore que l’on attendait au vu du sujet traité. Jim Mickle puise son inspiration dans une Amérique puritaine et patriarcale dont les croyances archaïques peuvent virer à la barbarie. Le cœur de l’ambiance du film est ce contraste permanent entre son sujet et son traitement : la pureté virginale de ces jeunes filles aux longs cils baissés, pervertie par le poids des mœurs représenté par un père démoniaque. Leur esprit sera-t-il sacrifié à la tradition tel l’agneau pascal ?
Une ambiance extrêmement intéressante qui pourra ennuyer les adeptes de films d’horreur à sensations fortes, bien que We are what we are soit loin d’être fade et offre quelques scènes choquantes sans aucune équivoque. A une exception près, la monstruosité de ces scènes résidera surtout dans la suggestion. Cependant, dans ses dernières minutes, le film ne semble plus savoir où se diriger, oscillant entre survival, gore et pur film d’ambiance. Un changement de direction déroutant, prouvant qu’il ne faut rien considérer comme acquis avec Jim Bickle, mais tendant à briser la magie qu’il avait mis un film entier à construire.
Malgré ce revirement, We are what we are reste un bon petit film d’horreur, dont on apprécie le traitement presque distingué, tout en pas feutrés et silences lourds de non-dits. Une véritable claustrophobie transpire des murs de la petite maisonnée devenue prison, contrebalançant la banalité qui se dégage au final de l’ensemble par un minimum de tension. A voir en famille, à l’occasion d’un bon repas de Pâques.
Synopsis
Les Parker sont connus dans le village pour leur grande discrétion. Derrière les portes closes de leur maison, le patriarche, Franck, dirige sa famille avec rigueur et fermeté. Après le décès brutal de leur mère, Iris et Rose, les deux adolescentes Parker, vont devoir s’occuper de leur jeune frère Rory. Elles se retrouvent avec de nouvelles responsabilités et n’ont d’autre choix que de s’y soumettre, sous l’autorité écrasante de leur père, déterminé à perpétuer une coutume ancestrale à tout prix.
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