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Filmosaure | February 28, 2014

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Tai Chi (2013)

Gibet

Review Overview

Note
3

Insipide

Sortie DVD (France) : 3 juillet

Avec cette saga dont Tai Chi est le premier opus, le réalisateur Stephen Fung souhaite proposer une formule novatrice, en prenant la ringarde discipline éponyme pour la moderniser et la poser comme un véritable art martial.

Une chose est sûre : Tai Chi, avec son rythme trépidant, n’ennuie pas, et il est fort probable que les fans hardcore de films de kung-fu y prendront un immense plaisir, d’autant plus que Stephen Fung a pris soin de réunir devant et derrière la caméra quelques fameux habitués de ce genre de productions. Mais les autres, que ressentiront-ils ?

 tai chi zero - stephen fung - 2013 - photo1

Les autres risquent d’être passablement navrés par le spectacle qu’on leur offre. Stephen Fung le confesse en interview : si son équipe et lui se sentaient très à l’aise avec les séquences d’action, ils étaient embarrassés pour tout le reste. On aurait pu le deviner sans qu’il le dise… Dans les scènes de transition, ou les scènes de dialogue, Fung ne sait tellement pas quoi faire que la mise en scène a l’air d’avoir été fixée aléatoirement. L’exemple le plus parlant à ce sujet nous vient lorsque le héros du film réussit les quatre défis imposés pour pouvoir intégrer le village dans lequel il souhaite améliorer ses techniques de combat. À ce moment, il est fou de joie et se met à courir et sauter dans la rue en criant qu’il va pouvoir enfin suivre l’enseignement du Maître. À ce moment, et pour une dizaine de secondes, le film va passer en vue subjective. Cette vue subjective n’apporte absolument rien. La situation ne justifie pas particulièrement son usage, et le personnage ne fait rien qui soit particulièrement intéressant de montrer sous cet angle. On sent que Fung sur ce passage, comme sur beaucoup d’autres, s’est creusé profondément la tête pour mettre des effets cools en dépit de toute logique : « Dans cette scène, il ne se passe rien, il y a un juste un personnage content qui court, qu’est-ce qu’on fait ? – Faisons-le en vue subjective ! – Ah bon, pourquoi ? – Parce que c’est cool ! La scène sera cool ! »

Chaque intention est surlignée trois fois et on en arrive très rapidement à la conclusion que ceux qui ont confectionné le film nous prennent ni plus ni moins pour des crétins. Fung a notamment une manie de montage qui consiste à faire répéter les sages conseils prodigués au héros deux fois – une fois directement quand on lui dit, et une fois, en off évidemment, quand il doit les mettre en application. Formulé comme ça, vous devez vous dire que ce n’est pas grand-chose. Mais le héros reçoit un précieux conseil à peu près toutes les dix minutes, pour le mettre en application cinq minutes après. 5ème minute : « Tu dois intérioriser ton kung-fu. » 10ème minute : le héros est dans une situation où il doit intérioriser son kung-fu, et on réentend « Tu dois intérioriser ton kung-fu. » 15ème minute : « Tu dois tirer davantage de tes appuis. » 20ème minute : et caetera.

Même dans ses moments les plus sobres, Tai Chi est plombé par sa bande son médiocre, entre habillages sonores on ne peut plus convenus – on souligne les rebondissements avec des gros BOUM – et choix musicaux au top du cliché – on agrémente une séquence romantique / mélancolique d’un morceau de Debussy laidement arrangé. Ceci est un message pour tous les réalisateurs du monde : laissez le Clair de Lune tranquille !

 tai chi zero - stephen fung - 2013 - photo3

 Tout ceci ne serait pas si grave si le maniérisme de Fung ne nuisait pas aussi à la partie spectaculaire. Les scènes de combat, surdécoupées et gavées de ralentis, ne fonctionnent pas. L’acteur qui joue le héros est, à la ville, un champion de kung-fu : pourquoi l’avoir filmé comme si c’était un amateur qui ne savait pas enchaîner deux mouvements ? Il suffisait de capter correctement ce champion en action pour faire des combats potables ! Toujours par souci d’efficacité, Fung élude le suspense au profit du coup de poing. Quand le héros a une mission délicate à exécuter, la présentation de la mission est mêlée à l’exécution de la mission ; le personnage dit « Tu devras anéantir les gardes » et on voit immédiatement le héros anéantir les gardes. Ce procédé est systématique et annihile tout enjeu. Jamais on n’aura peur pour les personnages, puisqu’ils ne seront jamais en situation de danger. Le danger, aussitôt cité, est désamorcé. Fung va parfois si loin dans ce procédé qu’il ne montre même pas le héros triompher et se contente de dire qu’il a triomphé ! Fung n’a pas la science du temps mort et Tai Chi, au bout du compte, ne cesse d’être détruit par sa propre ambition.

 En réalité, Tai Chi est une immense entreprise de racolage destiné aux ados. C’est un mélange de manga shonen, de dessins animés et de jeux vidéo qui forme une sorte de Scott Pilgrim idiot où chaque artifice serait utilisé à mauvais escient. Stephen Fung avoue même, pour l’un des rares moments authentiquement amusants, s’être inspiré de l’application Fruit Ninja… Comme je l’ai déjà dit, tous les effets sont permis pour avoir l’air cool, et pour avoir l’air cool, on essaie d’avoir l’air moderne ! Et quelle posture paradoxale ! Le scénario, sous le vernis, est une compilation d’idées réactionnaires : le mal vient de ce qui est nouveau et de ce qui est extérieur, le grand méchant est un chinois occidentalisé, Fung est tout heureux de nous montrer comment un frêle village traditionnel parvient à vaincre une armée britannique chargée d’armes à feu…

Pour ce qui est de l’opus suivant, Tai Chi Hero, dont on voit quelques extraits en fin de film, on craint le pire. Le film part avec une erreur scénaristique terrible : les méchants seront, cette fois-ci, comme dans Kung-Fu Panda 2 (!!), dotés de canons. Pour contrer des villageois furtifs qui abattent leurs éléments au corps à corps, l’armée britannique, je le répète, s’arme de ces machines lourdes et lentes que sont les canons. La couleur est annoncée, on ne frémira pas plus devant Hero que devant Tai Chi.

 tai chi zero - stephen fung - 2013 - photo2

Le DVD, édité par Wild Side Video et disponible depuis le 3 juillet, offre une qualité d’image et de son plus que correcte. Les quelques bonus, par contre, ne sont que des pastilles auto-promotionnelles déclinées sous diverses formes (deux vidéos d’introduction, un morceau de rap, un making-of) cultivant avec fierté les pires excès du film.

Tai Chi Hero sort en DVD le 28 août.

Synopsis

Chine, 19ème siècle, une guerre sans fin ravage le royaume. Sur le champ de bataille, un guerrier d’exception fait preuve d’une force sans limites. Mais ce don surhumain finira aussi par le tuer. Pour survivre, il devra se rendre là où tout a commencé et percer le secret d’une pratique ancestrale

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