Borgman (2013)
Review Overview
Note
7Le premier film néerlandais à entrer en compétition à Cannes depuis la création du Festival est un joyeux lâchage serti d’humour noir. On aurait presque souhaité plus d’excentricité de la part du réalisateur qui ne semble oser aller au bout de son propos.
Borgman est-il un magicien, un gourou ou une illusion de l’esprit ?Ou peut-être, tout simplement, le diable. Quoiqu’il en soit, son intrusion dans le quotidien paisible d’une famille aisée les fait plonger peu à peu dans le chaos, comme envoûtés par un mal inconnu. Tous commence lorsqu’un Borgman dépenaillé et barbu réclamant un bain se fait violemment rejeter par Richard, puis recueillir en secret par son épouse Marina. Graduellement, l’intrus étend son emprise sur le foyer.
Intelligent et habile, le personnage en vient même à exercer son influence sur le spectateur et devenir le personnage le plus attachant de tous malgré l’horreur dont il est l’instigateur. En cela, Borgman est extrêmement différent de Funny Games auquel il est souvent comparé. Il n’y a pas une trace d’humour chez Haneke qui préfère nous vriller les nerfs à l’aide de ses deux persécuteurs haïssables – et terriblement efficaces. Ici, Alex Van Varmerdam s’amuse, enchaînant les situations loufoques, ridiculisant cette famille bourgeoise et faisant de tout acte de violence une source d’humour noir. De même, les natures caricaturale de Richard – raciste et égoïste – et Marina – niaise – diminue l’empathie ressentie au profit d’un jouissif sentiment d’impunité.
Dommage que les événements se suivent, crescendo certes, mais sans qu’il y ait réellement d’apogée délirante dans laquelle le réalisateur aurait pu déverser son imagination, comme s’il effleurait le potentiel de Borgman sans le pousser dans ses retranchements. Une de ses forces et faiblesses est de laisser sa nature libre d’interprétation de la part du spectateur, avec de nombreuses questions non élucidées. Pour ma part, j’aime à imaginer que Borgman n’est que la cristallisation d’une forme de folie s’emparant de la famille de Marina.
L’oeuvre demeure originale malgré ce potentiel affaibli, et se distinguera probablement comme la note d’humour noir d’un 66ème Festival de Cannes bien sérieux jusqu’à présent.
Synopsis
Camiel Borgman surgit dans les rues tranquilles d’une banlieue cossue, pour sonner à la porte d’une famille bourgeoise. Qui est-il ? Un rêve, un démon, une allégorie, ou l’incarnation bien réelle de nos peurs ?
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A mi-chemin entre le drame social et le film de zombie, Borgman désarçonne le spectateur pendant un premier tiers très convaincant. Ensuite, le récit se répète et s’égare, sans but et sans solution. Ma critique : http://tedsifflera3fois.com/2013/06/04/borgman-critique-cannoise/
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