Jimmy P. (2013)
Review Overview
Note
5Jimmy P. n’est pas un coup d’essai pour Arnaud Desplechin au Festival de Cannes. Mais à moins d’un prix d’interprétation pour un de ses deux brillants interprètes principaux, il est peu probable qu’il sorte du lot de la sélection officielle cette année.
Pourtant, il relevait du tour de force pour le réalisateur de nous guider à travers deux heures de thérapie verbale sans que l’on s’ennuie. Le pari n’est qu’à moitié gagné. Tandis que de nombreux spectateur quittaient leur siège, probablement agacés que l’on projette un film si verbeux dès 8h30, ceux restés jusqu’au bout ont tout de même applaudi.
Le point fort de Jimmy P., adaptation d’une histoire vraie et de l’oeuvre de George Devereux Psychotherapie d’un Indien des plaines, est sans conteste ses personnages hauts en couleurs, campés par un Benicio del Toro torturé et l’excellent Mathieu Amalric en psycho-ethnographe excentrique. Malgré que ce premier demeure convaincant, n’aurait-il pas cependant été pertinent de caster un véritable Indien (dans le sens “Native American” du terme) pour jouer le personnage de Jimmy Picard ? Passé ces considérations, l’on apprécie l’absence de personnages stéréotypés comme le cinéma en est truffé de nos jours.
Mais où Desplechin insiste sur le fait que ceci est avant tout un film sur l’amitié entre deux hommes que rien ne rapprochait à la base, Jimmy P. ne semble pas avoir de réel propos si ce n’est le monotone rapport des entretiens menés entre le praticien et son patient. Certes, tous deux ont modifié leur nom afin de mieux s’intégrer dans la société, mais leur faible complicité s’arrête à peu près à ce point, leur enquête commune se déroulant de manière assez impersonnelle.
Alors que nous explorons les souvenirs et subconscient de Jimmy, nous espérons que tout ceci aura finalement un sens et que des révélations fracassante viendront expliquer ce dont souffre le Pied-Noir vétéran, mais il semble que tout ceci se perde dans l’incertitude, faisant du film un exercice assez vain. Nous en apprenons peu sur l’homme, sur la culture indienne, et la psychanalyse ne semble jamais utilisée de manière intelligente.
Restent les décors, les costumes et la photographie qui ont le don de nous immerger agréablement dans l’Amérique post-Seconde Guerre Mondiale, et l’on se laisse porter par l’atmosphère confortable des trains anciens et des plaines de la réserve (un peu moins par celle de l’hôpital, forcément). Une oeuvre non indispensable dans la filmographie cannoise de cette année.
Synopsis
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Jimmy Picard, un Indien Blackfoot ayant combattu en France, est admis à l’hôpital militaire de Topeka, au Kansas, un établissement spécialisé dans les maladies du cerveau. Jimmy Picard souffre de nombreux troubles : vertiges, cécité temporaire, perte d’audition… En l’absence de causes physiologiques, le diagnostic qui s’impose est la schizophrénie. La direction de l’hôpital décide toutefois de prendre l’avis d’un ethnologue et psychanalyste français, spécialiste des cultures amérindiennes, Georges Devereux.
JIMMY P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines) est le récit de la rencontre et de l’amitié entre ces deux hommes qui n’auraient jamais dû se rencontrer, et qui n’ont apparemment rien en commun. L’exploration des souvenirs et des rêves de Jimmy est une expérience qu’ils mènent ensemble, avec une complicité grandissante, à la manière d’un couple d’enquêteurs.
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