Le passé (2013)
Review Overview
Note
8Après le choc d’Une Séparation qui lui avait valu Césars, Oscars, Globes et Ours divers, Asghar Farhadi revient avec Le Passé en sélection officielle du 66ème Festival de Cannes. Avec sa direction exemplaire et une mise en scène riche en subtilités, ce drame nourri de suspense amène déjà sur son sillage un parfum de récompenses.
Une vitre les sépare, tel un mur de silence. De chaque côté, Marie et Ahmad échangent des mots creux que les 4 années passées loin de l’autre ont étouffés. Le passé construit et déconstruit méthodiquement un univers dans lequel non-dits, malentendus et suppositions se sont imposés en vainqueurs, paralysant le quotidien. Jusqu’à l’arrivée d’Ahmad, catalyseur et déclencheur d’un processus de vérité, presque malgré lui.
Aucun mot, geste ou silence n’est le fruit du hasard : Asghar Farhadi maîtrise, à la seconde près, sa mise en scène lourde de sens, jouant de la métaphore, du sous-entendu et du sens caché, mais camouflant ses ficelles à merveille, car tout est fait avec légèreté. L’intelligence du spectateur n’est jamais sous-estimée. Nous sommes plongés dans une expérience immersive, démêlant le cœur de l’intrigue à mesure que les révélations sont échangées par les protagonistes, solidaires de leur quête involontaire.
L’émotion est bien présente, mais jamais poussée à outrance, refusant de faire du spectateur un otage de ses sentiments. Bérénice Béjo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa, Pauline Burlet et les enfants jouent tous à la perfection, sans que la barrière de la langue ne préjudicie la direction d’Asghar Farhadi. Un regard, une pause s’imprègnent de l’intensité des affections passées.
Porteur d’un effet papillon revisité, le film s’interroge sans tapage sur la possibilité de faire abstraction du passé. Peut-on prétendre que rien n’est arrivé, peut-on oublier que les lourds secrets qui pesaient sur nos vies ont éclaté, ou doit-on les accepter au risque de détruire une partie de ce que l’on a construit si patiemment afin de continuer à exister ?
Brillamment interprété et réalisé, Le Passé est une apologie du dialogue, avec ses conséquences imparfaites et son lot d’incertitudes. Mais aucun doute qu’il restera un des grands films de ce Festival de cannes.
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Un des grands films du Festival de Cannes et un des grands films de 2013. Je l’ai même préféré à UNE SEPARATION, que j’avais déjà beaucoup aimé.
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J’ai également beaucoup aimé le film, toutefois, j’ai quelques réserves sur sa longueur (la sous-intrigue avec Naïma aurait pû être évitée par exemple) et trop de questions restent sans réponses. La scène finale est magnifique par contre.
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