Journal de Cannes 2013 – Jour 3
Pour la troisième nuit de suite, j’ai dormi moins de 5 heures. Le réveil est hardcore ce matin. Surtout que la projection à 8h30 est Le Passé d’Asghar Farhadi, et que la dernière fois que j’avais vu un de ses films, j’étais partie de la salle tant l’ennui était profond. Heureusement, le film est une belle claque qui aide à commencer la journée du bon pied. Le Passé a des effluves de Palme dans son sillage, et cette compétition commence à devenir plus intéressante.
En attendant, le Figaro.fr cite mon tweet sur le film.
Quand soudain, plein de messieurs tous nus
Sans tarder, je file par réflexe à l’endroit habituel de la séance suivante. Point de file d’attente et point d’indication sur le film : je vois de la lumière et j’entre, espérant me trouver dans la salle pour L’inconnu du lac, un film dont je ne sais pourtant absolument rien. Au passage, je me fais subtiliser par un vigile mon précieux Sundy, barre chocolatée sacrée de mon enfance, car en vile terroriste que je suis, je tentais de le faire entrer en salle avec moi. J’ai cru que j’aurais droit à un en-cas aujourd’hui. Une lueur d’espoir sucré pour mon organisme rompu ? ErrreeuuUUUURRRRRR. Les M.I.B. (Men In Beige), gardiens de notre malaise quotidien (et de notre sécurité hein) au Festival de Cannes ont encore frappé.
J’aurais dû me méfier car une grande partie des places pour L’inconnu du lac étaient inoccupée (les premiers jours à Cannes, une grande partie signifie quelques sièges). Tranquillement installée entre deux hommes que je ne connais pas, je pose mes yeux ingénus et innocents sur l’écran qui s’illumine. Sélection Un Certain Regard me dis-je en me frottant mentalement les mains, ça va être bien.
Quand soudain, une plage nudiste et libertine, des acteurs nus 90% du temps et des scènes graphiques de sexe gay. Passée cette première déstabilisation, je me surprends à apprécier la petite comédie noire au accents de thriller d’Alain Guiraudie.
Mais j’ai quand même vu beaucoup de pénis mous dès 11h du matin.
J’ai testé pour vous : écrire debout
Il faut que je file à la séance de rattrapage de The Bling Ring, manqué la veille à cause de ces cons de journalistes prioritaires son succès. Mais seulement après mon Nespresso quotidien – je passe à la dosette force 4, ce qui me paraît indispensable vu que j’ai déjà failli m’endormir trois fois lors de la séance précédente. Il est 14h, The Bling Ring commence dans 2 heures et nous nous ajoutons à une file d’attente déjà bien installée. C’est notre dernière chance de voir le film à Cannes.
Evidemment, ce sont deux heures que je ne peux passer en salle de presse à m’avancer sur mes articles de la journée. Du coup, je m’installe par terre comme une clocharde avec mon ordi, et je suis loin d’être la seule. Ici, c’est normal (cf. ce superbe cliché enrichi d’effets Paint de toute beauté).
Mais comme je me fais piétiner de partout et que ça se bouscule en grugeant des places, je reste finalement debout. Je refuse de perdre du temps. Mon iPhone en connexion partagée dans une poche, mon carnet de notes de projo dans l’autre, l’ordi dans la main gauche, je tape ma critique du Passé de la droite. C’est installée dans la (minuscule) salle de cinéma, 5 minutes avant le début du film, que je la publierai et la relaierai sur mes profils sociaux.
On se fait à la fatigue finalement. Ah en fait non.
En sortant du Coppola, je pète la forme. Il fait beau dehors, j’ai envie d’enfiler les Louboutins que je n’ai pas et de sortir danser jusqu’à pas d’heure. Mais que faire jusqu’à la tombée de la nuit ? Hum, il me reste 3 articles à écrire, et chez moi il y a à manger… mais ouais, j’aurai la motivation de me changer et ressortir prendre le bus de nuit en robe et talons pour retourner sur la Croisette.
4 heures plus tard, j’ai mangé comme quinze, je suis affalée sur un lit, mon ordinateur sur les genoux. C’est mal barré. Promis, demain, je sors pour de vrai. Il ne faudrait pas non plus être trop studieuse. Et ce soir, je me couche tôt – ah ben non, j’ai encore une critique à écrire, avec plein de zizis dedans.
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