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Filmosaure | January 17, 2020

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6 Comments

Drive (2011)

Drive (2011)
Stéphanie Valibouse

Ma note : 9/10

Drive, petite perle portée aux nues par la critique, lauréat du Prix de la Mise en Scène à Cannes, révèle son réalisateur Nicolas Winding Refn ainsi que l’acteur Ryan Gosling au grand public. Pourtant, tous deux n’en sont pas à leur coup d’essai : le premier nous avait déjà offert Bronson, raisonnablement apprécié lors de sa sortie en 2009, et le second a notamment été remarqué en 2004 dans le très beau film The Notebook.

Mais voilà. Parfois, un film fait des étincelles et bouleverse une carrière ; et n’en déplaise aux deux autres films portant Ryan Gosling à l’affiche en ce moment (Crazy, Stupid, Love et Les marches du pouvoir), Drive a le potentiel du film culte.

 

Synopsis (sans spoilers) qui reflète que dalle et ne fait pas rêver

Garagiste taciturne et cascadeur sans histoires pour le cinéma en journée, il se métamorphose la nuit en taxi pour mafieux : c’est un as du volant. Lorsqu’un casse tourne mal et en vient à menacer la femme qu’il aime, notre héros est forcé de s’adonner aux représailles, coûte que coûte.

 

Tout en contrastes

Quelques détracteurs se font entendre, et pas des moindres. Drive, on adore ou on déteste. Ah bon, on déteste ? J’ai été faire un tour sur quelques sites référents en matière de cinéma pour voir un peu ce qui s’y disait de ce point de vue. J’ai noté trois critiques majeures venant des spectateurs :

  1. C’est lent, il ne se passe rien. Où sont les courses-poursuites ?
  2. Ryan Gosling a la conversation et les expressions d’une carpe en deuil.
  3. C’est trop violent.
Le réel problème de Drive a été sa promotion. La bande-annonce ci-dessus a laissé présager certains d’un film à la Fast & Furious ou encore Le Transporteur, truffé de courses-poursuites et de règlements de comptes gentillets à l’américaine, moyennant héros à la grande gueule et répliques bien ficelées.
Non, non, non, non. NON. La beauté de Drive réside en sa lenteur et son atmosphère qui te prend aux tripes et t’embarque dans l’univers d’un Los Angeles loin du glamour habituel. Et la photographie, oh dear. Magnifique. A contempler, à vivre passionnément avant de se prendre une grosse claque.

 

Le héros (sans nom pendant toute la durée du film) est loin des stéréotypes habituels. Point de réplique bien placée, point d’humour à deux balles. Rêveur mais accro à l’adrénaline, il possède un grand sens de la morale et du sacrifice. Son histoire avec Irène est une idylle où tout passe par l’intensité des regards. Des instants d’une force insoupçonnable, une tension palpable sans un geste, sans un mot, et sans nudité. C’est un héros fort criblé de faiblesses.

 

Oui, la violence est là. Et d’autant plus mise en exergue par la douceur de certains plans. Ceci n’est pas un blockbuster édulcoré à la sauce Hollywood. Ceci est un film sans fioritures, tout en contrastes qui se mettent en valeur les uns les autres, où la lenteur te prend aux tripes et la violence aussi. Une scène en particulier est ambassadrice de cette dualité qui habite le film et son héros : celle de l’ascenseur. Je vous laisse découvrir.

 

Drive n’est PAS un blockbuster. C’est un film à petit budget qui tire sa force non des effets spéciaux mais du jeu des acteurs (notons en passant la présence de Bryan Cranston, star de Breaking Bad, et de Ron Perlman) ainsi que de l’univers dans lequel nous sommes plongés. Plutôt que la bande-annonce, je vous laisse découvrir cet extrait tiré des premières minutes du film, un peu plus représentatif :

 

 

80’s are not dead

Personnellement, j’ai furieusement pensé aux années 80, début des années 90 pendant toute la durée du film. Cette typo rose fluo kitsch, cette bande originale envoûtante aux accents d’électro (la BO est un bijou) qui nous fait plonger dans l’atmosphère particulière de ce Los Angeles différent, et certains autres détails comme les vêtements du héros (Ryan, c’est quoi cette vieille veste matelassée ? et la veste en jean par dessus un jean ? non, ça ne va pas être possible mec.)

Certains y voient un hommage à l’influence du réalisateur Michael Mann, d’autres, au Samurai de Melville.

Il en ressort quelque chose d’extrêmement nostalgique et rêveur. Drive en est presque un ovni cinématographique, une bouffée d’oxygène dans un paysage redondant usant des même mécanismes rouillés.

Comments

  1. J’avoue que la bande-annonce est fortement trompeuse, mais quelle maîtrise de réalisation ! Pour moi, Drive est l’un des meilleurs films de 2011 et je lève mon carton en lui accordant un joli 8,5/10

  2. belassalle

    Je reviens sur les critiques des spectateurs :

    “C’est lent, il ne se passe rien. Où sont les courses-poursuites ?
    Ryan Gosling a la conversation et les expressions d’une carpe en deuil.
    C’est trop violent.”

    ce qui est drôle, c’est que c’est exactement dans l’ordre du film.
    début lent, presque soporifique, accentué par le non-dialogue de Ryan Gosling, puis le personnage se révèle et le film devient “trop violent”.

    Personnellement, j’ai vu le film en deux fois… Une première fois où ça a coupé avant l’action… j’aurai pu m’arrêter la car la lenteur trompait l’idée du film…mais… un petit quelque chose, surement la mise en scène, le coté mystérieux du personnage m’a poussé à aller plus loin dans le film.
    Puis, la chance est qu’on a eut Canal+ durant 3 jours avec Drive … Et là, le film c’est.. “ouvert à moi”

    en faite, avec du recul, je suis carrément d’accord avec ces critiques… mais pour moi, ce n’est pas négatif, mais un joli tour de main qui a sus rendre un film qui aurait pu être lent et inintéressant, en un film troublant, bref, très bien résumé dans ton post!

    …moi aussi je lui met 8.5 ou 9/10

    • Le plus marrant à faire maintenant c’est de décortiquer le film : jeux de lumière, dialogues, rythme, point de vue, mouvements de caméra etc. et de chercher leurs significations. Le film devient alors encore plus divertissant, tout en gardant une dimension artistique. Et là, on s’aperçoit vraiment qu’il s’agit d’un vrai bijou !

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