Lucy (2014)
Review Overview
Note
4Lucy gâche le potentiel d’un axe pourtant prometteur. Le thème de l’individu qui voit ses capacités intellectuelles décuplées offre d’innombrables possibilités, ici mal exploitées. Un désastre narratif uniquement rattrapé par ses effets visuels et une action bien rythmée.
Depuis quand Luc Besson n’a-t-il pu nous proposer une œuvre de la trempe de Léon ou du Cinquième élément ? On ne croirait pas que le même réalisateur puisse être si fluctuant dans son exigence de qualité. Lucy, qui promet pourtant être un des succès commerciaux de l’été – voire de l’année – en France, est un film brouillon, sans évolution logique, au montage parfois incompréhensible (mais quel est donc ce délire à la National Geographic intercalant des scènes de reportages animaliers à celles de l’action principale ?), dont on ressort avec un sentiment de gâchis.
La thématique se fait pourtant alléchante au premier regard : basé sur la théorie (fausse) selon laquelle l’être humain n’utiliserait que 10% de ses capacités cérébrales, Lucy s’attache à une jeune femme qui voit ses performances cérébrales augmenter de manière exponentielle, lui conférant des pouvoirs surnaturels. Mais ces aptitudes extraordinaires ne sont pas amenées de manière progressive, et augmentent trop rapidement pour que le spectateur puisse se délecter au premier abord de « simples » détails : télépathie, contrôle de l’esprit, mémoire eidétique… L’ensemble évolue quasiment d’une traite, s’emmêlant les pinceaux entre réflexes accrus et prouesses physiques – comme si utiliser 20% de votre matière grise faisait de vous un champion des arts martiaux sans jamais les avoir étudiés.
Scarlett Johansson est capable, de son côté, du pire comme du meilleur, et enchaîne des rôles atroces à la Don John avec des petites perles du niveau d’Under the skin. Lucy fait clairement partie du bas de l’échelle, car si l’actrice n’y est pas insupportable, elle y frôle parfois le vulgaire (notamment au début) et surtout, aurait pu être remplacée par n’importe qui d’autre. Contrairement à Milla Jovovitch ou Natalie Portman, elle faillit à se rendre indispensable à son rôle et délivre une performance tout à fait oubliable.
La palme des personnages les plus inutiles de l’univers revient ex-aequo à Morgan Freeman et Amr Waked, respectivement nommés caution scientifique bullshit du film et flic inutile face à une héroïne invincible.
Alors, si le voir est clairement dispensable, pourquoi tout n’est pas à jeter dans Lucy ? On peut lui accorder une esthétique plutôt agréable et surtout son sens du spectacle qui permettra à la majorité de ne pas s’ennuyer. En bref, Lucy est un film à voir le neurone éteint, après une dure semaine de travail, pour se détendre et ne point trop utiliser son cerveau.
Synopsis
A la suite de circonstances indépendantes de sa volonté, une jeune étudiante voit ses capacités intellectuelles se développer à l’infini. Elle « colonise » son cerveau, et acquiert des pouvoirs illimités.
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Bonjour,
Un petit com, ça faisait longtemps :-).
Je suis absolument d’accord avec cette critique.
J’irais même plus loin. Je trouve que ce film est prétentieux, et dans la démarche, prend son spectateur pour un imbécile.
3 exemples soulignant cette opinion:
1: le singe au début du film. On a bien compris la référence entre Lucy et Lucie, mais WTF? quel intérêt narratif? quel intérêt artistique? cela m’a donné l’impression d’une volonté de repomper 2001 l’odyssée de l’Espace, mais n’est pas Kubrik qui veut…
2: le (trop) long cours de science bullshit dispensé par Morgan Freeman au début du film. D’accord, il pose les enjeux du film. Mais avait-on besoin de les poser de manière aussi longue, ennuyeuse et pompeuse? surtout pour un film qui ne fait qu’1h20!!! Je ne vais pas au cinéma pour revivre mes plus mauvais cours de fac…
3: les scènes animalières intercalées, surtout en début de film. C’est inutile et cela prend le spectateur pour un imbécile. Pas la peine de nous montrer une souris près d’une tapette avec un bout de fromage pour comprendre que l’héroïne va tomber dans un piège. Pas la peine de nous montrer une antilope poursuivie par des guépards pour comprendre que le personnage n’est qu’une proie sans défense et sans issue, à la merci de ses prédateurs…
Enfin, j’aimerai qu’on m’explique le final, que j’interprète un peu comme une évocation d’Akira, mais dont on aurait mal assimilé les codes et pas compris les enjeux…
Bref… une belle déception, surtout que l’on avait pu revoir le 5ième élément à la télévision quelques jours avant.
Merci pour ce blog toujours aussi bien tenu.
Xav
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