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Filmosaure | September 25, 2017

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10 Comments

Breaking Bad (2008)

Breaking Bad (2008)
Stéphanie Valibouse

Ma note : 9/10

Alors que le final grandiose de la saison 4 vient d’être diffusé aux États-Unis, Breaking Bad est la série à avoir vu pour être hype en 2011 (tout comme Game of Thrones et The Wire). La saison 3 commence d’ailleurs sur Arte (mais pourquoi diable sur Arte ?), mais comme t’es un vrai, tu l’as vue depuis bien longtemps et te gargarises dans l’hystérie collective du “OMG le dernier épisode de la saison 4 était une tuerie” depuis dimanche dernier (mec, ne nie pas : j’ai fait pareil).

Vince Gilligan, producteur de la série, n’en est pas à ses premières armes : si comme moi tu t’es enchaîné l’intégrale de X-Files alors tu sauras que pendant plusieurs années, il a travaillé aux côtés de Chris Carter (a.k.a. : Dieu). Et là, tu comprends mieux.

LA série avec laquelle tout le monde t’a saoulé(e) cette année

Une petite synopsis pour toi, qui as passé ces quelques derniers mois sur une île déserte : Breaking Bad est l’histoire d’un prof de chimie qui découvre qu’il a un cancer aux poumons. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il décide donc de se reconvertir en fabricant et dealer de meth.

Plantons le décor : la méthamphétamine, ou crystal meth, est une drogue faisant partie de la famille des amphétamines (comme l’ecstasy). Ce psychostimulant est hautement addictif et fait des ravages aux États-Unis, provocant en réponse de régulière campagnes anti-meth. Mise sur le marché sous forme de cristaux blancs (comme du verre) ou de poudre, elle est consommée en inhalation (fumée ou poudre), injection, ingestion.

Une personne addict à la meth aura donc de nombreux comportements destructeurs, afin d’obtenir l’argent nécessaire à sa consommation (endettement, prostitution, proxénétisme, délits, crimes…) ou en conséquences d’une consommation fréquente (prise de risques, promiscuité sexuelle…) sans compter les nombreux problèmes de santé causés par ladite substance sur l’organisme (si tu es curieux, nos amis Canadiens ont fait un article complet dessus ici, et une des campagnes anti-meth les plus terrifiantes que j’aie vu est dispo ici et j’ai ajouté un des spots ci-dessous – accroche-toi.) .

Ce sympathique prof de chimie donc, un peu absent, se laissant régulièrement marcher sur les pieds, décide de dealer une des drogues les plus dangereuses au monde pour que sa femme enceinte et son fils handicapé puissent survivre une fois que lui ne serait plus de ce monde. Ses connaissances en chimie lui permettent de fabriquer une meth pure à 99% (lorsque les autres fabricants se cassent les dents à un maximum de 96%) et d’une couleur azurée qui achèvera de lui conférer sa notoriété.

Ah, j’oubliais un détail : son beau-frère est flic à la Drug Enforcement Administration. Ça promet.

Walter White, l’anti-héros à la fucking moustache

Walter White est plus vieux que la moyenne des héros (50 ans bien tassés, qu’il fait largement, contrairement à de nombreux héros de séries qui vont être rajeunis) ; il est également malade, fatigué ; finit par perdre ses cheveux à cause de la chimio. Il n’est pas très beau. Il a ses humeurs et ses névroses. Il n’est pas parfait. Et il jouait le papa dans la série Malcolm.

Et pourtant, il a la classe. Son évolution et ses réactions alors qu’il est en pleine crise de la cinquantaine et que sa vie part méchamment en vrille nous fascinent. D’ailleurs, l’expression breaking bad signifie, dans le sud des Etats-Unis (TIENS TIENS ça tombe bien, ils habitent au Nouveau Mexique dis-donc) : quitter le droit chemin, mal tourner, partir en cacahuète quoi !

Walter White est le mec lambda dans lequel nous nous reconnaissons, qui écoute son besoin de se sentir vivre à nouveau. Car ne nous leurrons pas : sa dérive est avant tout celle d’un homme qui découvre qu’il va mourir et hurle à la face du monde et de son existence : go fuck yourself. J’ai vécu pépère jusqu’à présent, j’ai été un mec bien et je me farcis quand même un cancer. Alors je vais me sentir vivant une dernière fois avant de faire le grand saut.

Son pseudonyme de dealer, Heisenberg, mérite que l’on s’y penche un minimum. Werner Heisenberg était un physicien allemand brillant ; un des pères de la mécanique quantique, Prix Nobel de physique 1932, ayant travaillé sur le nucléaire, entre autres sous l’Allemagne nazie. Un Bisounours en somme. L’élément à retenir, et l’un de ses travaux les plus importants, concerne le principe d’incertitude : pour déterminer la position ET la vitesse d’une particule (comme un électron), quelle que soit la précision avec laquelle les éléments sont calibrés, il existera toujours une part d’imprécision et donc d’incertitude dans le résultat. Une augmentation de la précision de l’une des deux valeurs impliquées se fera toujours au détriment de la deuxième.

Une théorie qui se vérifiera bien entendu de manière plus concrète lors de ses frasques avec son acolyte Jesse Pinkman tout au long de la série.

Jesse, le loser attachant

Jesse est l’autre personnage principal de la série. Officiellement, c’est son  compère, son complice ; celui qui l’aide à atteindre les réseaux de dealers afin de vendre la meth que Walt aura fabriquée (il était censé mourir à la fin de la saison 1, mais l’acteur Aaron Paul a tellement géré qu’ils l’ont gardé).

Officieusement, ils ont une relation de père à fils. Il est vite évident que Jesse manque cruellement de figures parentales, et surtout paternelle : ses parents ne lui font plus aucune confiance et ne le soutiennent plus (un aspect particulièrement abordé dans les saisons 1 et 2 si je me rappelle bien). Il se comporte avec Walt comme un adolescent rebelle qui fait peu à peu son apprentissage de la responsabilité et de la loyauté.

De nombreuses fois, la relation de Walter à Jesse se fera au détriment de celle qu’il entretient avec son vrai fils (et le reste de sa famille). Parfois, il fera même passer les frustration découlant de cette relation sur ses proches (je me rappelle avec malaise de la scène où il offre à plusieurs reprises de l’alcool à son fils, jusqu’à ce que celui-ci, ivre mort, vomisse dans la piscine).

*** ATTENTION SPOILERS DANS LA SUITE, AVOIR VU L’INTEGRALE DE LA SAISON 4 ***

Omg dude la fin de la saison 4 omg wtf

Comme le résume si bien l’Express :

Le dernier épisode de la saison 4 est si parfait qu’il aurait dû être le dernier tout court.

Après quelques épisodes un peu approximatifs (voire ennuyeux), la deuxième moitié de la saison 4 est celle de l’affrontement. Le face-à-face. Enfin, LES face-à-face. D’ailleurs, le dernier épisode est si justement intitulé Face off. Petit florilège du nombre de personnes cherchant à se cramer, trahir et trucider les uns les autres dans les 5 derniers épisodes de la saison (j’en oublie peut-être, complète si tu penses à d’autres trucs…) :

  • Walt vs. Gus
  • Jesse vs. Gus
  • Hank vs. Heisenberg
  • Hank vs. Gus
  • Jesse vs. Walt
  • Gomez vs. Heisenberg
  • Gomez vs. Gus

…et pléthore de personnages secondaires relou qui complexifient le tout (Skyler, Ted, Saul, Mike…). Face off, c’est aussi la manière tout à fait awesome dont Gus se fait avoir en fin de compte et perd la moitié de son visage dans une scène au suspense et à l’humour noir digne des pires films de zombies (et l’on se laisse hurler en applaudissant avec hystérie le génie de Walt. Non ? Ce n’était que moi ?).

Le tout se terminant sur une réflexion de Jesse : un homme capable de tuer un enfant pour obtenir la victoire… il méritait la mort, non ? …et le tout dernier plan absolument génial, dans le jardin de Walter, sur une pousse de muguet, qui nous fait comprendre que l’empoisonneur d’enfant est en réalité Walt, qui a pris ce risque afin de rallier Jesse de son côté et se sortir enfin de l’emprise de Gus. Car c’est sur ce plant de muguet que son regard s’est arrêté quelques épisodes auparavant ; un détail qui nous revient en mémoire à ce moment précis (et non, cher lemonde.fr, ce n’est pas une référence au fait qu’il ait laissé la petite amie de Jesse s’étouffer)

THAT’S RIGHT BITCHES. C’est lors de ce dernier plan, de quelques secondes, que la transformation de Walt a été telle qu’il est devenu un criminel sans pitié, capable de mettre en péril la vie d’un enfant, et qu’aucun d’entre nous, que ce soit Gus, Jesse ou le téléspectateur, ne s’en était douté à ce point.

Ok il est méchant mais quelle classe, ce Walt.

Ce mec me rappelle quelqu'un...

 

Laisse, j'ai trouvé.

 

Et là je fais ma relou avec des détails

La seule incohérence étant que le petit aurait dû ingérer des baies rouges, or le muguet dans le jardin de Walt est en fleurs, or les baies apparaissent après la floraison et non avant. Mais bon, we got your point, Vince Gilligan.

Et sinon, il va falloir s’accrocher pour ne pas gâcher ce final majestueux avec une saison 5 médiocre… Les fans attendent de pied ferme.

Digestifs :

Comments

  1. Il me tarde de lire ton analyse de Lost. Tu vas y perdre des cheveux. Very good article indeed !

    • La Filmosaure

      Merci Sélim ! Je crois que Lost va être un délice à analyser… ça sent encore le roman-fleuve tout ça !

  2. J’apprécie la mention… et attention aux méga spoilers ! Heureusement que j’ai tout vu hier hihi. Sinon, j’aurais été obligé de te raser la tête et de t’empoisonner pour me venger.

    • La Filmosaure

      C’est bien pour cela que je préviens pour les spoilers saison 4… Je connais la douleur du spoiler itéré par un troll qui te fera après “ben non c’était pas un spoil, c’est évident, tu le devines tout de suite…” *trollface* 😉

  3. Pouic

    The Wire hype en 2011 ? So 2008.

    Quant à Lost, tout dérive d’un robot-dinosaure, c’est bien connu.

    • La Filmosaure

      Ce robot-dinosaure… je l’avais oublié. Je dois avoir le dessin quelque part… C’est marrant, moi aussi j’utilise pouic, je sais d’où ça me vient maintenant.

  4. Pouic

    Pour le twist de BB, certains avaient remarqué l’élément du twist final et connaissaient ses effets. Ca a quelque peu gâché l’effet…Et tu n’évoques pas les discussions de Gilligan avec AMC, la série ayant failli passer chez FX.

    (Ce n’est pas très gentil de supprimer ses éclaireurs. Ca doit être la nouvelle coiffure.)

    • La Filmosaure

      Mince, moi qui me demandais qui tu étais sur SC (avec plusieurs théories) (puisque tu y es forcément, te connaissant), t’aurais-je supprimé ? C’est que tu étais soit trop inactif, soit désagréable (lol)… Pour le twist, je dois avouer que mes (non-)connaissances en botanique m’ont fait défaut.

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