Frankenweenie (2012)

Ma note : 5/10

Frankenweenie est le remake par Tim Burton d’un court-métrage qu’il avait réalisé en 1984. De retour sous la forme d’un long-métrage d’animation, il reste très fidèle à l’original, l’enrichissant simplement de nombreuses références au cinéma d’horreur et… à la filmographie de Tim Burton.

SYNOPSIS

Après la mort soudaine de Sparky, son chien adoré, le jeune Victor fait appel au pouvoir de la science afin de ramener à la vie celui qui était aussi son meilleur ami. Il lui apporte au passage quelques modifications de son cru… Victor va tenter de cacher la créature qu’il a fabriquée mais lorsque Sparky s’échappe, ses copains de classe, ses professeurs et la ville tout entière vont apprendre que vouloir mettre la vie en laisse peut avoir quelques monstrueuses conséquences…

LE REMAKE DE LA PARODIE DE L’ADAPTATION DU…

Tim Burton a perdu son mojo. Il semblerait que l’univers délicieusement funèbre de l’artiste se soit essoufflé il y a de nombreuses années de cela. Mais il persiste à nous imposer son Helena Bonham Carter accompagnée d’un Johnny Depp en costume bigarré, ses banlieues paisibles troublées d’un évènement merveilleusement inquiétant, ses héros délicats et différents confrontés à une populace intolérante. Alors que ce rendez-vous nous charmait il y a 10 ou 15 ans, il nous agace à présent par sa redondance. Et ce n’est qu’aujourd’hui que je réalise n’avoir vraiment adoré que deux de ses films. Le choc.

Heureusement, Frankenweenie nous épargne Helena et Johnny. Mais pas d’inquiétude, car il reste un concentré de la filmographie de Burton : les banlieues rangées et emplies de bourgeois ignorants d’Edward aux mains d’argent, ainsi que les voix de Winona Ryder et Martin Landeau ; les grands personnages aux yeux creux des Noces funèbres, jusqu’au prénom de son héros (Victor : oui bon je sais, c’est pour Frankenstein, mais quand même) ; la chauve-souris et même quelques notes empruntées au thème désormais mythique de son Batman, etc. Rarement aura-t-on vu un réalisateur s’auto-glorifier de la sorte.

 Frankenweenie (2012)

Par ailleurs, si on est un adepte de l’horreur old school, l’on s’amusera à reconnaître et compter les hommages aux films classiques du genre : le Frankenstein de James Whale en 1931 bien sûr, mais également L’horreur de Dracula (Christopher Leehiiiiiiiiii !), Gamera , The Mummy, The Wolfman et j’en passe. Sans oublier de sympathiques clins d’oeil enrichissant l’univers du film : “Perséphone” (déesse grecque de la résurrection de la nature au printemps), New Holland (= Hollywood), Van Helsing, Edgar (= Igor ou encore Edgar Poe), etc.

L’on sent très clairement que ce projet tenait à coeur de Tim Burton : comme une sorte de frustration due peut-être au manque de moyens à l’époque du Frankenweenie original pour en faire une oeuvre à la hauteur de l’hommage qu’elle souhaite rendre au cinéma d’horreur. Malheureusement, quand on réalise un remake de son propre film qui est une parodie de l’adaptation à l’écran d’un livre (… what ?), et qu’on le truffe de références à d’autres films ainsi que d’auto-citations… bah ça sent le réchauffé. Et même le réchauffé au micro-ondes de plat surgelé de marque de distributeur.

 Frankenweenie (2012)

La petite ville de New Holland, hommage assumé de Tim Burton au Hollywood classique (dont on retrouvera les fameuses lettres dans une scène du film), sera donc aussi ironiquement le théâtre de ses travers actuels : un cinéma pauvre en imagination qui laisse prévaloir la facilité à grand renfort de remakes et suites.

Car si l’on ôte l’intégralité de ces hommages, citations ou références, il ne reste qu’un scénario bien pâle, prévisible, et porté par un personnage principal sans grand charme. Il manque également un semblant de réflexion sur les forces invoquées et le sens éthique de ce qui arrive à Victor – amorcée certes, mais j’y vois peu de pédagogie pour les petits de 10 ans et plus qui verront ce film.

Spoiler »

Et ils ont tué Mr. Whiskers. :’(

 Frankenweenie (2012)

Il reste une animation de qualité – mais en-dessous de ce que les Studios Laïka nous ont récemment offert avec L’étrange pouvoir de Norman – assez d’humour pour passer un bon moment (coup de coeur pour Mr. Whiskers, le chat halluciné, mais très déçue du sort qui lui est réservé), et la bande originale, toujours qualitative, de Danny Elfman. Les enfants passeront un bon moment, les grands se féliciteront d’y avoir reconnu les films de leur enfance. Un Tim Burton sympathique, mais très dispensable.

Pour ceux qui le souhaitent, découvrez deux des courts-métrages réalisés par Tim Burton en début de carrière : Vincent (1982) suivi du Frankenweenie original (1984) à partir de 5:55 :

Je partage parce que je suis trop 2.0 t'as vu :
Comments
3 Responses to “Frankenweenie (2012)”
  1. Fitzcairn says:

    Pour une fois on est entièrement d’accord. C’est assez rare pour être souligné ;)

  2. Obeebert says:

    “Tim Burton a perdu son mojo.” Voila une phrase qui résume parfaitement l’état des choses…
    Mais j’aimerais vous poser deux questions, si vous n’y voyez pas d’inconvénient : Vous n’avez vraiment adoré que DEUX Tim Burton? Et lesquels sont-ce d’ailleurs?

    • Oui, effectivement, c qui ne veut pas dire que j’ai détesté les autres, je les ai juste… appréciés, plus ou moins. Les deux auxquels je fais allusion sont Edward aux mains d’argent et Les noces funèbres, tous deux très poétiques, forcément. Charlie et la chocolaterie est également bien mais c’est surtout dû à l’univers de Roald Dahl.

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