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Filmosaure | April 15, 2018

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Phantom Thread (2017)

Sofiane
  • On February 13, 2018
  • https://leblogdesofiane.wordpress.com/

Review Overview

Note
10

Festin oculaire

Sortie France : 14 février 2018

Il y a des alliances dans le cinéma que les mots ne suffisent pas à qualifier. Il y a des films auxquels l’on veut rendre hommage mais pour lesquels les mots nous paraissent dérisoires. C’est la cas du film qui va nous intéresser. En faisant de Daniel Day-Lewis son partenaire 10 ans après le grandiose There Will Be Blood, Paul Thomas Anderson offre avec Phantom Thread le dernier rôle d’un immense acteur et un oeuvre d’une richesse et d’une élégance rares.

Reynolds Woodcock est un couturier de renom qui mène sa maison en étroite collaboration avec sa soeur Cyril. Homme à la routine carrée et rigide, Reynolds ne laisse aucune place à l’émotion dans sa vie. Son travail prime sur tout le reste. Qu’il s’agisse d’un petit déjeuner ou d’une pause prise à dessiner un vêtement, il ne laisse aucune place à la distraction dans son existence. Pourtant, sa rencontre avec une serveuse, Alma, va lui apporter un bouleversement majeur tant artistiquement que sentimentalement.

Paul Thomas Anderson est un réalisateur qui divise tant ces oeuvres peuvent paraitre austères. On pense au sublime There Will Be Blood ou encore à son film sur l’église de la scientologie The Master. Aucune concession n’est faite par cet homme qui s’applique à concevoir des oeuvres toutes uniques et différentes sans déroger à ses aspirations artistiques. Ici, le choix de la haute couture catalyse une rencontre entre un homme et une femme venant de mondes différents et qui pourtant vont s’unir par un lien de prime abord délétère. La rigidité de Reynolds se heurte à la fraicheur d’Alma et créée un climat de tension intense. Visuellement, Anderson use de ce cadrage symptomatique du rapprochement en glissant subtilement un travelling au détour d’une empoignade verbale ou d’un moment de tendresse. Photographié par Anderson lui-même, Phantom Thread a la beauté que Woodcock veut donner aux femmes qu’il habille. Couleurs vives et teintes macabres s’affrontent dans un ballet visuel qui émerveille tant on est curieux de parcourir le prochain plan à l’écran. On saluera la bande son qui, si elle est souvent présente, plonge le film dans une ambiance tragique parfaitement en adéquation avec les variations narratives. On signalera d’ailleurs que le film est avant-tout un drame mais se montrera parfois d’un humour cinglant de noirceur. Cette finesse dialectique s’affirme comme un moteur du propos de Phantom Thread. Oeuvre sur la création de manière générale, on y trouvera une réflexion sur la place des émotions dans le processus créatif entre autre.

Habitant l’écran le trio Cyril/Reynolds/Alma épate de part le talent des acteurs qui les interprètent. Lesley Manville (Cyril) incarne la froideur que cherche Reynolds et n’est habitée que par la recherche de la perfection pour sa maison. Vicky Krieps (Alma), à qui on refuse un nom de famille pour rappeler son rang social, brille à l’écran dans son rôle de muse/femme trompée et parvient à occuper l’espace de manière de plus en plus magique au cours du temps. Et enfin il y a Daniel Day-Lewis, dont l’obsession pour le cinéma est en phase avec son personnage, trouve un rôle fait pour lui. Il est connu qu’il habite son personnage plusieurs mois avant et après la fin du tournage pour chacun de ses films. Les tourments de Reynolds sont aussi ceux de l’acteur et il fait une fois de plus montre d’un talent impossible à égaler.

Phantom Thread est une oeuvre austère mais tant tout grandiose de part sa richesse filmique. Beau, puissant et terriblement intense, il marque la fin de carrière de Daniel Day-Lewis et place un peu plus Paul Thomas Anderson dans la catégorie des meilleurs réalisateur/scénariste de sa génération. Phantom Thread est de ces films qui renforce l’amour du cinema.

Synopsis

Dans le Londres des années 50, juste après la guerre, le couturier de renom Reynolds Woodcock et sa soeur Cyril règnent sur le monde de la mode anglaise. Ils habillent aussi bien les familles royales que les stars de cinéma, les riches héritières ou le gratin de la haute société avec le style inimitable de la maison Woodcock. Les femmes vont et viennent dans la vie de ce célibataire aussi célèbre qu’endurci, lui servant à la fois de muses et de compagnes jusqu’au jour où la jeune et très déterminée Alma ne les supplante toutes pour y prendre une place centrale. Mais cet amour va bouleverser une routine jusque-là ordonnée et organisée au millimètre près.

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