Dans la catégorie poids lourd du scénario, Aaron Sorkin trône dans les plus hautes cimes. Preuve en est avec l’un des grands plus film de l’histoire du cinéma (n’ayons pas peur des mots) The Social Network où l’étalage du talent de Sorkin irradiait dès cette introduction ahurissante gravée dans les mémoires. Evidemment, le passage derrière la caméra d’un auteur aussi talentueux a généré les attentes les plus folles et sans être un ratage complet, Sorkin ne nous a pas sorti le grand jeu.

Jessica Chastain, Idris Elba ou encore Kevin Costner se partagent l’affiche d’un casting imposant et à la hauteur du talent de Sorkin. Il s’agit ici d’évoquer une femme au destin hors du commun. En effet, Molly Bloom est passée d’athlète au sommet de son art à femme de pouvoir en un clignement d’oeil. Tiré du livre Molly’s Game: From Hollywood’s Elite to Wall Street’s Billionaire Boys Club, My High-Stakes Adventure in the World of Underground Poker écrit par Molly Bloom, le film entend retracer l’ascension et la chute d’une organisatrice de parties de poker aux recettes et participants hallucinants. Sans trop nous attarder, il faut savoir que circulent des rumeurs importantes sur des acteurs, des hommes d’affaires influents ou encore des membres de la mafia russe ayant comptés parmi les participants à ses parties de poker secrètes. On comprend alors rapidement les pressions exercées par le gouvernent sur Molly Bloom afin qu’elle divulgue ces noms.

Le parti pris de la narration est très interessant puisqu’il jongle entre le procès de Molly et son passé d’organisatrice de parties de poker. Le rythme voulu est d’emblée accrocheur car rapide et mené par une voix-off parfaitement adaptée à la situation. On apprend ainsi le déroulement des parties, ainsi que les diverses anecdotes marquantes qu’a pu vivre Molly. On découvre ainsi une femme à la vie compliquée tant sur le plan personnel que professionnel et tiraillée par des démons qui se montreront bien trop tardivement. Si le film se suit agréablement notamment grâce à un Idris Elba remarquable de justesse en avocat (Jessica Chastain offre elle une prestation correcte mais limitée par une écriture ratée de son personnage), on regrettera des longueurs sur la dernière heure qui font tache face à la maitrise des prémices de l’histoire. Mais le principal reproche que l’on peut adresser au film c’est étonnamment son écriture où le sublime côtoie le navrant. On pense à cette scène où Molly patine et se confond dans une ridicule course-poursuite avec des surveillants ou encore la séance de psychologie de son père. Parmi les autres reproches, le principal est le manichéisme chez le personnage de Molly qui en fait une sainte sans laisser aucune ambiguïté à sa nature profonde.

Sans être raté, Le Grand Jeu est une oeuvre plutôt efficace et sympathique à suivre mais venant d’Aaron Sorkin, on attendait bien mieux.

Synopsis

La prodigieuse histoire vraie d’une jeune femme surdouée devenue la reine d’un gigantesque empire du jeu clandestin à Hollywood ! En 2004, la jeune Molly Bloom débarque à Los Angeles. Simple assistante, elle épaule son patron qui réunit toutes les semaines des joueurs de poker autour de parties clandestines. Virée sans ménagement, elle décide de monter son propre cercle : la mise d’entrée sera de 250 000 $ ! Très vite, les stars hollywoodiennes, les millionnaires et les grands sportifs accourent. Le succès est immédiat et vertigineux. Acculée par les agents du FBI décidés à la faire tomber, menacée par la mafia russe décidée à faire main basse sur son activité, et harcelée par des célébrités inquiètes qu’elle ne les trahisse, Molly Bloom se retrouve prise entre tous les feux…