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Filmosaure | January 20, 2018

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A Ghost Story (2017)

Betty Elms
  • On January 18, 2018
  • http://cinemabook.wordpress.com/

Review Overview

Note
10

festin oculaire

Sortie (France) : 20 décembre 2017

David Lowery, fer de lance du cinéma indépendant américain, nous offre son 3e long métrage. A Ghost Story est un pari risqué, acclamé au dernier festival de Deauville (Prix du jury et de la critique), il réunit à nouveau Casey Affleck et Rooney Mara, après les amants du Texas. La recette semble toute simple, mais le résultat est tout bonnement un des plus beaux films de 2017.

Une petite maison dans la campagne, un jeune couple amoureux, puis survient le drame. M se rend compte à quel point la vie est fragile et meurt tragiquement. Lorsque C va découvrir son corps à la morgue, son âme s’envole pour revenir dans leur foyer. Celui où ils étaient si heureux, celui qu’il ne voulait pas quitter. Son âme va rester là, hors de l’emprise du temps, pour rester dans l’ombre de sa chère et tendre, prisonnier de ses souvenirs. A Ghost Story est un film minimaliste, fait de longs plans fixes afin d’épurer son message cinématographique. Ce style et ce fantôme font vivre l’allégorie du spleen et dévaste tout dans le coeur de ceux qui l’abordent. 

Le film prend le contre-pied de tous les autres dans le genre. Ce film est unique et rare, un petit miracle du cinéma. Le fantôme est imaginé comme dans nos peurs d’enfants, un drap blanc avec deux trous, il est le spectateur de sa propre vie, du futur sans lui, du temps qui passe et qui balaie tout jusqu’à ce que tout ne redevienne que poussière. Lorsque l’on suggère un fantôme on pense à une présence, elle est ici formalisée dans son premier degré pour nous faire ressentir la métaphore absolue de la complexité de la mort. Tant de simplicité nous désarçonne et nous émeut en nous faisant prendre toute l’ampleur et la force du message.

Le concept déchaîne tous les questionnements liés à l’idée d’âme après la mort et du manque, exprimés ici dans toute leur puissance. C’est en n’étant plus là, que le souvenir, voir l’absence d’une personne est ressentie le plus fortement. Paradoxalement, c’est la présence du défunt qui est la plus douloureuse, puisque tout nous rappelle cette personne, chaque objet, chaque recoin de la maison. Tout est dans le paradoxe, M n’est plus là, mais il hante totalement le lieu. Comment exprimer mieux cela que dans cette oeuvre? Par cette représentation simple, sobre et de la plus poétique des manières.

Oeuvre métaphysique, sur fond de conte tragique, A Ghost Story est semé de ce qui compose un chef d’oeuvre. Envoûtant, il l’est d’un point de vue formel, en réinventant le genre de la plus humble et pure des façons. L’émotion prend le dessus du début à la fin. Sur la forme, le spleen des personnages est insufflé dans le rythme, forcément lent et mélancolique. Le deuil déstructure le temps et la narration pour nous perdre avec l’âme de M. La construction est intelligente et fait sens à chaque instant. Le format 4:3 rappelle le super 8 et ajoute à la nostalgie de l’image en la sortant de l’actualité. Le film et les choix de Lowery sont extrêmes, autant par son procédé narratif que par son langage cinématographique, ce qui peut braquer certains spectateurs, mais pour les autres sera la promesse d’un beau voyage au plus profond de leur être.

Synopsis

Sous un drap blanc, le fantôme d’un homme retourne dans la maison qu’il partageait avec à sa compagne. Il revient sur sa vie d’avant et sa vie maintenant, le temps n’a plus d’emprise sur lui. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers la mémoire.

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