Les heures sombres (2017)
Review Overview
Note
7Après Nolan et son expérience Dunkerque, c’est au tour de Joe Wright de s’attaquer à l’opération Dynamo sous le prisme d’une figure marquante de l’histoire, Winston Churchill. Mais là où Nolan contournait l’action (paradoxalement), Wright va offrir un film dynamique et mené par un acteur au sommet de son art.
La seconde guerre mondiale commence à se montrer sans espoir quand est nommé Churchill, premier ministre afin de créer une coalition capable de sortir la Grande-Bretagne de sa torpeur politique et morale. Avec la guerre à sa porte, elle nomme un homme peu apprécié de ses pairs mais un personnage haut en couleurs. C’est ce que s’applique à mettre en avant le début du film avec un portrait dressé par des paroles de proches et la découverte de l’hygiène de vie de Winston. Simple et brillamment mis en scène, il apparait de cette belle introduction deux éléments clairs en quelques instants. Tout d’abord, Gary Oldman n’existe pas dans ce film puisqu’il est un Winston Churchill à part entière, se faisant oublier grâce à un jeu sensationnel de réalisme. Le second élément n’est autre que la réalisation de Joe Wright. Qu’il s’agisse de la lumière ou d’échelles de plans, tout est savamment orchestré nous plongeant d’emblée dans le Londres des années 40 pour ne plus nous lâcher durant le film.
Relatant avec acuité les événements historiques ayant mené à l’opération Dynamo et à son déroulement, Les Heures Sombres dresse un portrait d’un homme en plein doute. Plus qu’un récit de la vie de Churchill, le récit traite du thème du choix avec intelligence. En effet, poussé par une partie de ses ministres à négocier la paix, Churchill se refuse à envisager de tolérer la dictature la plus cruelle qui soit. Les diverses tractations et retournement de situations se produisent entre un mélange d’humour noir et parfois malheureusement une naïveté surprenante. On pense à cette scène dans le métro où Winston discute avec « le peuple » ou plus globalement à ce portrait un brin trop lisse d’une figure aussi imposante. A contrario, les séances de Winston et du roi d’Angleterre Georges VI (campé par le remarquable Ben Mendelsohn) sont savoureux voguant entre humour protocolaire et sincérité la plus touchante. Cette dichotomie émotionnelle est d’ailleurs l’une des forces du film.
Même si certains défauts mineurs sont à noter, le travail technique opéré ici et la puissance de Gary Oldman suffisent à faire passer les deux heures de films en un rien de temps. On se retrouve pris dans cet engrenage politique et agréablement surpris par les efforts entrepris pour faire passer les idées visuellement. Jeu de lumière, échelle de plan ou encore cadrage serré témoignent d’une volonté de dépasser le cadre de la reconstitution historique. Les décors somptueux et magnifiques costumes renfoncent l’immersion faisant de l’oeuvre un bel écrin sur lequel trône le joyaux Oldman.
Les Heures Sombres force l’admiration tant il parvient à allier performance grandiose et grand travail technique. On regrettera de mineurs défauts mais on passera un très bon moment de cinéma.
Synopsis
Homme politique brillant et plein d’esprit, Winston Churchill est un des piliers du Parlement du Royaume-Uni, mais à 65 ans déjà, il est un candidat improbable au poste de Premier Ministre. Il y est cependant nommé d’urgence le 10 mai 1940 pour guider son pays durant les heures sombres que sont celles de la seconde guerre mondiale.
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