Au revoir là-haut (2017)
Review Overview
Note
8Le Prix Goncourt aime les grandes guerres. Apres l’exceptionnel livre Les Bienveillantes de Jonathan Litell en 2006, c’est Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre qui remporte le prix et sert de point de départ à la nouvelle aventure du talentueux Albert Dupontel. Au lendemain de la première guerre mondiale, les commémorations se révèlent être un enjeu financier, moral et crucial dans la guérison de certaines âmes égarées.
Le sérieux n’est pas ce que préfère Albert Dupontel comme il me le confiait lors de la sortie de son film Le Vilain et, ici, il ne déroge pas à cet état de fait. En effet, derrière un récit dramatique, le réalisateur de 9 mois ferme s’applique à désamorcer le dramatique en décochant avec talent des traits d’humour ravageurs. En suivant deux camarades de guerre Edouard Péricourt (l’excellent Nahual Perez Biscayart) et Albert Maillard (le toujours excellent Albert Dupontel), nous plongeons dans une période sombre pour la France. La Première Guerre Mondiale est finie mais certains profitent encore de celle-ci pour s’enrichir et nos deux héros se retrouvent contraints à des manœuvres troubles pour gagner de l’argent et parvenir à quitter le pays.
Le film déroule ici trois parties imbriquées dans un flashback. Albert nous raconte comment il s’est retrouvé à Casablanca dans un poste de police. C’est l’occasion de découvrir la guerre des tranchées grâce à une belle reconstitution qui fait la part belle à des effets spéciaux particulièrement saisissants de réalisme. Ensuite, la fin de la guerre laisse place aux pérégrinations d’Albert et Edouard où les mensonges et trahisons les transforment en des personnes différentes car troublées par l’appât du gain, mais aussi les posent en hommes perdus après cette guerre où ils ont tout donné pour leur pays. C’est d’ailleurs un point fort de l’oeuvre cet abandon du soldat une fois la sale besogne de la guerre terminée, et le monument au mort dont il est question est une manière bien légère de rendre hommage à ceux qui ont donné leur vie pour que celles des autres puissent continuer. Enfin, le film évoque les rapports familiaux tumultueux d’un fils et son père (là où Le Vilain prenait une relation mère-fils pour thème) et parvient à créer un conflit aussi profond que résolu de manière touchante (on pourra arguer d’un certain classicisme ici).
Les forces du film tiennent tout d’abord dans la réalisation où Albert Dupontel épate tant il varie ses approches visuelles. Plan séquence, fish-eye (à la manière d’un The Servant) ou encore des prises de vues plus originales ne sont que quelques unes des belles trouvailles d’un réalisateur qui s’affirme, s’affine et semble en constante perfection de son art. Les acteurs sont remarquables de justesse Laurent Laffite en tête dans son rôle de salaud, Niels Arestrup est une fois de plus une figure paternel au charisme impressionnant, n’oublions pas Albert Dupontel qui offre une prestation profondément touchante et son humour si caractéristique, accompagné de l’attachant Nahual Perez Biscayart qui n’a pourtant pas un rôle facile à appréhender.
Prenant de bout en bout, touchant et drôle, Au revoir là haut cristallise le cinéma de son auteur et est sans doute son oeuvre la plus marquante. On tient clairement l’un des films de l’année avec cette cuvée 2017 signée Albert Dupontel.
Synopsis
Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie, l’autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire..
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