Patti Cake$ (2017)
Review Overview
Note
7Le rap a mauvaise presse et c’est de notoriété publique. Amalgames et clichés puants sont monnaies courantes pour ce genre musical qui est pourtant un frère de la poésie. Dur pari que celui de Patty Cake$ Aka Killa P. aka Patricia Dombrowski qui tente de vivre son rêve en essayant de devenir un rappeur connu et reconnu.
Obèse, vivant dans la pauvreté et moquée de tous, Patricia est une jeune femme au quotidien morose. Pourtant elle trouve dans le rap ce que tout le monde recherche : un moyen de s’affirmer et vivre son rêve. Talentueuse écrivaine, elle traîne avec son ami Jheri dans les rues d’une ville en totale décrépitude et trouve la grâce dans les rares moments où elle peut savourer son art et s’y adonner sans subir les bassesses humaines.
Patty Cake$ est un film sur l’Amérique avant d’être un film sur le rap. L’abandon sociale et la détresse humaine habitent l’écran à l’instar de la mère de Patty qui a abandonné ses rêves et se noie dans l’alcool car la vie ne lui offre rien de réjouissant. Le symbole le plus frappant est le sort réservé aux malades comme la grand mère de Patty dont les factures médicales plongent la famille dans la plus grande pauvreté. Mais le film ne s’arrête pas là en montrant, avec la création d’un groupe original (moment savoureux et touchant que leur première session studio dans un lieu incongru), la diversité culturelle et humaine d’un pays qui trop souvent stigmatise quand il faudrait être uni. C’est ce que James Baldwin disait :
« Un jour il faudrait dire que cracher sur un noir américain [lui parlait des noirs américain mais son propos est à portée universelle] c’est cracher sur la nation toute entière.»
C’est là que le film trouve sa saveur en offrant à ces gens marginalisés un moment de bonheur. Le refus de Patty d’abandonner son rêve en dépit des moqueries, en dépit du manque de moyens, est un symbole d’une lutte qui devrait être récompensée. Patty se cherche une identité et s’affirme en tant que personne en refusant les cases dictées par la société. Killa P est le reflet des paroles du groupe Dead Prez dans son titre Hip Hop :
« I’m sick of that fake, fake wreckage »
Tout le monde devrait avoir marre de ces gens qui se ressemblent et se refusent à être eux-mêmes. Patty est un modèle de courage et de force car elle comprend l’importance de sa singularité.
Touchant, intelligent et particulièrement éloquent, Patty Cake$ est un film à voir.
Synopsis
Patricia Dombrowski, alias Patti Cake$, a 23 ans. Elle rêve de devenir la star du hip-hop, rencontrer O-Z, son Dieu du rap et surtout fuir sa petite ville du New Jersey et son job de serveuse dans un bar miteux. Elle doit cependant s’occuper de Nana, sa grand-mère qu’elle adore, et de Barb, sa mère, une chanteuse ratée et totalement instable. Un soir, au cours d’une battle sur un parking, elle révèle tout son talent de slammeuse. Elle s’embarque alors dans une aventure musicale avec Jheri, son meilleur ami et Basterd, un musicien mutique et asocial.
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