Que Dios Nos Perdone (2017)
Review Overview
Note
8Le cinéma espagnol continue de nous offrir de beaux polars racés et fiévreux, genre tombé en désuétude dans nos contrées. Que Dios Nos Perdone vient s’inscrire dans cette belle lignée, avec son style bien particulier, un ancrage dans une réalité sociale et des portraits de flics saisissants dans une enquête bien glauque et âpre.
Le film est porté par un duo de flics, Javier Alfaro (Roberto Alamo) et Luis Velarde (Antonio de la Torre). Le premier est colérique, violent et sanguin, le second est cérébral, bègue et socialement étrange. Chacun représentant un aspect du machisme espagnol moderne avec leur travers et leurs côtés attachants, de manière ambigües et fascinante, symboles et thématiques de tous les films de Rodrigo Sorogoyen . Ces derniers se lancent à la poursuite d’un tueur en série de vieilles dames bigotes. Le contexte est celui de 2011, dans une société espagnole en pleine crise attendant la visite du pape Benoit XIV, coincée entre ce qu’elle laisse paraître et ce qu’elle refoule de son histoire catholique. Témoin de ces réalités, l’enquête se déroule dans le plus grand secret pour ne pas affoler les foules et l’opinion publique. C’est pourtant cet héritage, ces contradictions qui ont formé le tueur et l’environnement dans lequel il évolue.
L’enquête et le film peuvent se voir de différentes manières. Les personnages se dévoilent à tour de rôle dans leur travail et leur vie privée, se révélant à la fois insupportables et touchants. Ils enferment les frustrations qu’ils ne peuvent assouvir par les conventions et les blocages psychologiques.
La patte “Sorogoyen” vient rapidement habiter l’enquête, même si le début peut nous laisser un peu sur la réserve car beaucoup moins à la recherche d’un style que ce qu’on avait pu apercevoir dans la Isla Minima, mais beaucoup plus dans l’action. L’ambiance viendra rapidement dans une ambiance terrassante au fil de l’enquête qui en dévoilera à chaque meurtre un peu plus. Le script est déjà bien audacieux à lui tout seul, puisqu’en guise de tueur de vieilles dames, il s’agit en plus d’un violeur. Toutes ces frustrations, chacune à leur échelle sont partagées par le tueur et nos deux flics, chacun dans leurs refoulements qui les perdra. Le film nous offre une scène à la hauteur malsaine des polars américains les plus légendaires et ça fait mouche. Le film est empreint de cette ambiance étouffante qu’on aime et qui nous hante, comme cette chanson triste qu’un des protagonistes écoute sans la comprendre et qui donne son titre au film: « si mon âme enfermée pouvait se montrer, et ce que je souffre en silence pouvait se raconter, tout le monde verrait combien je suis malheureuse et comment je feins la joie, combien je pleure en chantant… » (Que deus me perdoe, fado de Amalia Rodrigues).
Synopsis
Deux flics que tout oppose se lancent au trousses d’un tueur en série bien glauque, qui s’en prend à de vieilles dames dans le Madrid de 2011, durant le visite de Benoit XIV.
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