Dunkerque (2017)
Review Overview
Note
9Sans être une conclusion, Dunkerque concentre la somme de tout le travail accompli par Christopher Nolan, comme si ses précédentes réalisations étaient une introduction à ce qui allait se dérouler ici.
Si certains diront que la fameuse boucle est bouclée, Nolan réalise avec Dunkerque, l’œuvre déterminante qui fera basculer son prochain travail dans une ère nouvelle. On constatait déjà avec Interstellar, la volonté de Christopher Nolan de tracer un nouveau sillon dans son cinéma, plongeant le spectateur dans une expérience immersive totale et d’une profondeur inouïe. Une temporalité complexe, la souffrance extrême pour la liberté, un sentiment latent de claustrophobie au cœur de paysages quasi infinis, autant de thèmes récurrents que l’on retrouve ici à leur paroxysme. La temporalité, figure de proue du cinéma de Nolan, est donc encore une fois la pièce maîtresse de son film. C’est dans un tourbillon d’espaces temps entremêlés que l’on se perd pour mieux se retrouver, une expérience qui fait écho aux mêmes mécanismes employés dans Interstellar, Inception ou Memento.
Outre cet espace temps complexe divisé en trois actes, la perte de repères est également induite par les éléments naturels et l’immensité des paysages, car que serait Dunkerque sans Dunkerque. Tout comme The Dark Knight Rises mettait Gotham au cœur de son histoire, Nolan réitère l’affaire, en faisant de ces acteurs des personnages secondaires face à la toute puissance de cette plage. Le spectateur est plongé dans un huis clos qui n’en est pas un, terrassé et écrasé par l’immensité de cette plage, de cette mer, prison paradoxale pour ces milliers de soldats.
Une foule de 400 000 soldats, clones et anonymes, dans laquelle évolue un casting fait majoritairement d’illustres inconnus. On pourra reprocher au film l’absence de caractérisation de ses personnages principaux, mais étrangement, c’est bien cette absence qui favorise l’identification du spectateur à ces jeunes. Ils représentent cette masse uniforme, happée par le devoir et coincée sur cette plage, comme nous le serions à leur place.
Pas de caractérisation donc, pas non plus d’introduction, mais pas besoin et ça ne nous manque d’ailleurs pas. Tous cherchent à survivre, qu’importe donc d’où ils viennent et qui ils sont, c’est la survie qui compte, et l’expérience. Qu’importe la caractérisation des personnages, le passé, la politisation de la guerre, ou même le scénario, nous sommes ici pour vivre cette tension, dans ce temps présent. En cela d’ailleurs, Nolan s’éloigne d’un de ses outils de travail préférés jusque là : le passé. Tandis que ses personnages précédents, principaux ou secondaires, étaient tous plus ou moins habités pas leur passé, ce n’est pas le cas dans Dunkerque, qui joue avec nos nerfs sur un instant T.
Parlons-en de nos nerfs. L’expérience est éprouvante et la tension extrême. Je ne sais pas vous, mais j’estime qu’on juge de la qualité d’un film par l’état dans lequel on se trouve à la fin. La mise en scène millimétrée de Nolan additionnée à la bande son omniprésente et anxiogène de Hans Zimmer nous place dans un état de nerfs permanent, ponctué par quelques respirations bienvenues.
Dialogues réduits au minimum syndical, photographie splendide où chaque plan est à couper le souffle, sont autant d’éléments qui participent à faire de Dunkerque une véritable expérience émotionnelle, dont on ressort exténué mais incroyablement satisfait.
Je pourrais conclure en vous rappelant que Nolan est l’un des meilleurs réalisateurs de son temps et que les fans de la première heure ne seront pas déçus (bien loin de là) mais se perdre en nouveaux arguments devient inutile. Allez au cinéma voir Dunkerque, un point c’est tout.
Synopsis :
Le récit de la fameuse évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940.
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