The Young Lady (2017)
Review Overview
Note
8Loin de la romance victorienne naïve que son titre pourrait laisser entendre, The Young Lady, sous ses apparences contenues, laisse éclater une froide fureur, attisée par le feu des passions illicites.
William Oldroyd peint un sinistre tableau de l’Angleterre rurale au XIXème siècle. Katherine, mariée trop tôt à un homme de bonne famille bien plus âgé qu’elle, se voit emmurée dans un grand manoir silencieux, perdu entre les bruyères et la bruine. Les décors resserrés sur quelques personnages en quasi huis-clos renforcent l’impression de confinement. Les jours sont une succession de rituels ennuyeux à mourir et de conventions étouffantes à respecter auprès d’une poignée de visiteurs nuisibles dont son exécrable beau-père. Sa rencontre avec Sebastian, palefrenier sur les terres de son mari, va déchaîner une passion amoureuse si destructrice qu’elle pousse aux crimes les plus innommables.
Inspiré librement de l’ouvrage Lady Macbeth du district de Mtsensk par Nikolai Leskov, lui-même sous l’influence directe de Shakespeare, le cinéaste dépeint le récit étrangement libérateur d’une jeune femme qui s’émancipe puis sombre dans une folie meurtrière. Brillamment interprétée par Florence Pugh, Katherine hurle en silence, comme sur cette affiche où tout se lit dans ses mains crispées sur un dossier de chaise trop rigide.
Engoncée dans ses corsets, c’est lorsqu’elle commence à s’en dévêtir qu’elle trouve la voie l’affranchissement absolu. Partagés entre l’empathie et l’horreur grandissante, nous ne pouvons nous empêcher de sympathiser avec Katherine, que des années d’asservissement patriarcal ont fini par aliéner. La femme, de fille-marchandise à vendre au plus offrant, devient objet sexuel ou même animal ; bref, face à la déshumanisation, notre stoïque héroïne glisse peu à peu vers une déroute jubilatoire, emportée par ses sens et ses sentiments. On en oublierait presque les quelques lenteurs et cette grande noirceur qui plombent parfois l’œuvre, et font entrevoir les prochains travers du réalisateur.
De gestes mesurés en regards froidement assassins, Florence Pugh brille comme un sombre joyau, éclipsant tous ses pairs, y compris l’interprète de sa brute d’amant qui devient un exutoire, puis un autre élément à manipuler. A travers elle, les amours interdites prennent leur revanche, brûlant le carcan dans lequel tant de femmes se sont lentement éteintes, minées par une condition inférieure, et ce pendant des siècles. Curieusement, à travers la caméra de William Oldroyd, aucun jugement ne semble porté sur ses actions. Et nous devenons malgré nous complices de ses actes, jusqu’à ce que se produise l’irréparable.
On a envie de promettre une belle carrière à la jeune actrice, et à William Oldroyd dont ce n’est que le premier long-métrage. Rigoureux sur le fond comme sur la forme, The Young Lady (nonobstant un titre douloureusement adapté au marché français, abandonnant son héritage shakespearien au passage) fascine de bout en bout et nous plonge dans une époque révolue… à travers des enjeux résolument modernes.
Synopsis
1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.
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