Tunnel (2017)
Review Overview
Note
8Quand un homme se retrouve enseveli sous le tunnel qu’il traversait en voiture, il devient malgré lui le centre d’une attention politico-médiatique mal placée autour de son sauvetage. Tunnel dose les genres avec virtuosité, pour raconter une histoire de survie profondément humaine et dénoncer certains travers de la société coréenne.
Kim Seong-hoon ouvre son film avec l’eau qui coule à flot, gâchée dans une canalisation d’évier, présage cynique de la pénurie à venir. Dès les premières secondes, il crée une connivence avec son public, et fera de même pendant toute la durée du film. Lee Jung-soo, héros de cette future mésaventure, s’entend chantonner par son GPS “Vous allez entrer dans un tunnel”, et embarque pour deux heures d’ironie, voire de loufoquerie bienvenue, qui apaiseront la tension extrême de la situation dans laquelle il se trouve. Le récit de cet homme confronté à une attente interminable, sans garantie de sauvetage, et confronté à la faim, la déshydratation aurait pu tourner au drame laborieux. Seul sur Mars nous avait prouvé qu’il est possible de traiter de la solitude avec autant de tension que de dérision, et Tunnel est une nouvelle réussite en ce sens malgré quelques longueurs vers la fin.
A partir de là, Tunnel suit en parallèle deux points de vue : d’une part la survie de Lee, et d’autre part la difficile mission de sauvetage organisée à l’extérieur, polluée par les enjeux politiques et l’emballement médiatique dont il fait l’objet. Relié au monde extérieur par une maigre batterie de téléphone (pourtant terriblement tenace), Lee fait face au choc puis à la lente réalisation du nombre de jours à attendre, à l’angoisse qui s’installe, et souvent, nous accusons le coup des informations en même temps que lui. De l’autre côté, sa femme porte une grand partie du poids émotionnel de la situation, avec des échanges virant rapidement au mélodrame comme le cinéma coréen sait parfois en faire.
A l’extérieur, une danse des vautours se met rapidement en place : les uns en font leur communication politique, les autres s’inquiètent du coût de cette opération de sauvetage complexe. Sans compter les médias qui font leurs choux gras de cette incroyable histoire, perdant de vue tout sens des réalités pour maximiser le sensationnalisme. De la construction bâclée de ce tunnel qui n’avait qu’un mois d’existence à ses plans qui n’ont même pas été respectés, Kim Seong-hoon touche du doigt les conséquences néfastes de la corruption sur les infrastructures en Corée, et les dangers associés. Profondément marqué, comme tout le pays, par le naufrage du Sewol en 2014 qui a fait périr plus de 300 personnes à son bord à cause d’un vice de construction, le cinéaste avoue lui-même avoir été influencé de près ou de loin par cette tragédie dans la manière dont il a abordé Tunnel, par ailleurs adapté d’un roman du même nom.
Mais traiter d’un drame à échelle nationale ne fait pas oublier qu’il s’agit avant tout d’un drame personnel à échelle humaine, et Kim Seong-hoon s’attache aux imperfections de ses personnages aussi grâce à son casting, qu’il s’agisse de Lee (Ha Jung-Woo, aperçu l’an dernier dans Mademoiselle), sa femme (Doona Bae, une habituée des productions des Wachowski), ou encore le chef des sauveteurs, qui à certains moments reste le seul rempart contre la bêtise environnante. Chronique d’un homme qui se recrée une maison et des habitudes pour survivre dans des conditions inimaginables, Tunnel nous rappelle qu’il ne faut pas perdre son humanité, envers soi-même et envers les autres.
Synopsis
Alors qu’il rentre retrouver sa famille, un homme est accidentellement enseveli sous un tunnel, au volant de sa voiture. Pendant qu’une opération de sauvetage d’envergure nationale se met en place pour l’en sortir, scrutée et commentée par les médias, les politiques et les citoyens, l’homme joue sa survie avec les maigres moyens à sa disposition. Combien de temps tiendra-t-il ?
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