Silence (2017)
Review Overview
Note
9Presque vingt ans que Martin Scorsese a son projet en tête. ll a finalement accompli sa quête, en tournant Silence, son film, sur la foi et sur Dieu.
La foi chrétienne a toujours fait partie du cinéma de Martin Scorsese : parfois abordée frontalement, parfois plus subtilement, toujours en toile de fond sous couvert de thèmes comme la rédemption ou le chemin de croix. Silence n’est rien d’autre que le film le plus intime du réalisateur. C’est dans le japon du XVIIe siècle qu’il arrive à exprimer sa vision de la foi chrétienne.
Silence s’inspire d’un livre écrit par Shūsaku Endō relatant les faits historiques très peu connus autour de l’arrivée du catholicisme au Japon. Alors que l’Eglise catholique tente de s’implanter dans cette terre bouddhiste, deux jeunes missionnaires jésuites portugais, Rodrigues et Garupe, partent retrouver leur mentor disparu et accomplir leur mission divine.
Le film est incroyablement beau, notamment grâce à ses ambiances clair-obscures, tour à tour brumeuses ou éclairées par le feu. L’environnement mystérieux et habité du moyen-âge japonais, ainsi restitué, nous enveloppe. L’ambiance sonore vient parfaire ce ressenti : ce qu’on entend, c’est la nature qui nous chatouille les oreilles. Seule la dureté des moments tragiques vient perturber cette ambiance de quiétude flottante.
Le sujet du film, annoncé comme tel par Scorsese, est la foi. L’angle d’attaque est le doute… face à la persécution. Qu’est-ce que la foi, lorsqu’on est confronté au pire ? Quand notre ennemi se met à discuter avec nous, ce sont nos croyances les plus profondes qui peuvent être remises en question. Qu’en est-il de notre foi lorsque notre civilisation est confrontée à une autre ? De quel droit un dogme religieux peut ou doit-il être imposé ? Ce débat n’a rien de moyenâgeux et dévoile des questionnements qui résonnent jusque dans notre civilisation actuelle.
Dieu doit-il nous répondre ? L’humain doit-il prévaloir sur Dieu et quelle place doit-on lui accorder ? Les courants de pensées ici confrontés y apportent des réponses diverses, ces questionnements sont passionnant car concernant autant les croyants, les athées, que les déistes.
Andrew Garfield livre une prestation honorable, faisant parfaitement passer les sentiments dans son jeu. Adam Driver, dans un rôle plus effacé, montre toute sa palette de sensibilité, rappelant sa dernière apparition chez Jarmusch. Et nous retrouvons avec un réel bonheur l’immense Liam Neeson qui donne corps au film et à son propos. Scorsese ne fait aucunement de prosélytisme, sans tomber dans l’opposé non plus : il nous livre son sujet nu et sans artifices pour le porter à l’écran de la manière la plus pure, la plus parfaite possible.
Silence est minutieux et dur ; il emportera ceux qui se laissent aborder par le sujet sans aucun mal. Scorsese signe un film techniquement irréprochable, sans morale ni prise de parti, figurant sans conteste au panthéon du réalisateur, et même du cinéma. Le temps, je l’espère, lui donnera toute son aura, sa puissance … et sa gloire. L’essence de sa réflexion et de sa vision du monde est un témoignage précieux, un voyage que j’incite tout le monde à faire.
Synopsis
XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu depuis des années dans sa mission d’évangélisation. Les deux missionnaires découvrent un pays où les chrétiens sont illégaux et les croyants persécutés.
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