I am the pretty thing that lives in the house (2016)

Review Overview
Note
7Netflix mise tout sur l’atmosphère sans se laisser tenter par les facilités habituelles du genre, dans ce premier contenu original horrifique signé Osgood Perkins.
Elégant, I am the pretty thing that lives in the house se contemple comme une peinture à l’huile fatiguée. Le genre qu’on imagine accrochée sur les murs boisés et grinçants d’un couloir assombri. Le film se distingue de ses équivalents contemporains dès les premiers instants, avec un long monologue mélancolique de son héroïne, énoncé à la première personne, laissant imaginer funeste destin qui l’attend. L’intrigue assez simple – Lily, jeune infirmière venue prendre soin d’une personne âgée dans une vieille demeure hantée – se déroulera sur une année et s’éteindra en même temps que Lily. Nous le savons dès le départ : nous avons affaire à une voix d’outre-tombe, aussi poétique soit-elle.
L’horreur ne nous agresse pas. Elle se glisse insidieusement dans nos veines, à mesure qu’elle empoisonne l’esprit de Lily. Du clin d’œil appuyé au rideau de douche fermé à la longue, terrifiante séquence du cordon de téléphone hanté, I am the pretty thing… flirte avec les techniques usées du genre horrifique, mais sans s’y perdre. A défaut de nous faire sursauter, l’épouvante transpire peu à peu des murs. Cette tâche de moisissure dessine-t-elle un visage grimaçant ? On n’en est pas sûrs.
L’auteure âgée Iris Blum (Paula Prentiss) dont Lily (Ruth Wilson, The Affair) est venue prendre soin semble atteinte de démence et ne cesse de s’adresser à une certaine Polly. Au cours du film, les rares interactions de Lily avec la vieille dame accentuent le sentiment de solitude extrême dont elle est l’objet, encourageant la folie douce dans laquelle elle est entraînée. L’héroïne est si éthérée qu’on se demande si elle n’est pas le fruit de notre imagination, si elle existe réellement.
La mort. Mais je ne la vois pas. Je la sens […] marcher doucement derrière un rideau d’obscurité. Avancer et reculer, comprimée dans ma poitrine.
I am the pretty thing that lives in the house nous rappelle les vieux romans gothiques à suspense entreposés dans les maisons de nos aïeuls. Ces romans sont d’ailleurs au centre de l’intrigue, faisant écho à ceux écrits par Iris, auteure jadis à succès, et qui attendent leur heure sur une bibliothèque poussiéreuse.
Perkins (fils d’Anthony) s’amuse avec de charmantes mises en abîme achevant de nous mettre dans le même état de confusion que ses protagonistes (“There is a not very good movie”, s’autorise-t-il au sujet du roman principal d’Iris, avant d’insister sur le fait que la fin “ne sera pas écrite”). Il s’autorise aussi de nombreuses lenteurs, effleure l’ennui, mais assume son parti-pris. Infusé de ses nombreuses inspirations, pris en étau entre Edgar Allan Poe et Shirley Jackson, I am the pretty thing that lives in the house s’impose discrètement comme une des œuvres les plus singulières du genre cette année.
Synopsis
Une infirmière doit s’occuper d’un écrivain spécialiste de l’épouvante qui habite dans une maison hantée.
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