Magic in the Moonlight (2014)
Review Overview
Note
7Le voici le Woody Allen annuel. Le cinéaste amoureux de la France s’exile cette fois sur la Côte d’Azur pour une romance improbable mais plaisante, entre une jeune médium illuminée et un homme anglais rationnel et pragmatique, prestidigitateur de son métier, qui tente de découvrir le « truc » derrière les supposés dons de la jeune femme.
Ce couple, c’est Colin Firth et Emma Stone. Deux grands acteurs qui tiennent toutes leurs promesses. Colin Firth en tête, qu’on avait rarement vu aussi brillant depuis son Discours d’un Roi. Il incarne ici Stanley Crawford, un magicien transformiste à succès, qui se rend dans le Sud de la France sur la demande d’un ami afin de l’aider à démasquer une prétendue jeune médium dont tout le monde prône le talent inné. Pour l’homme, de nature rationnelle et scientifique, la magie n’existe pas et la science des esprits n’est que fumisterie. Pourtant, il va avoir bien du mal à trouver la faille de Sophie, la medium. Tenace, il va passer plusieurs jours aux côtés de la jeune femme, à la recherche de la vérité. Il va alors, malgré lui, découvrir une autre forme de vérité, qu’il n’aurait jamais imaginé.
Tout repose ici sur les concepts de contraste et de paradoxe, avec lesquels Woody joue allègrement. Entre deux mondes sociaux, celui de la haute bourgeoisie incarnée par Stanley et sa tante, et de la classe plus populaire, personnifiée par Sophie. Entre deux pensées opposées, la science et la croyance. Et au final entre deux personnages forts, qui vont se confronter dans une relation de rapports de forces où chacun va essayer d’influer sur l’autre, dans un jeu de séduction et de faux-semblants. Cela donne lieu à des dialogues succulents et hilarants, comme toujours avec le réalisateur. Et cette confrontation va devenir floue et indécise lorsque va se poser la question des sentiments.
« Les femmes sont-elles magiques ? » se demandait François Truffaut dans La Nuit Américaine. C’est l’un des problèmes sous-jacents qui traverse l’esprit du prestidigitateur. Comment peut-il se laisser envoûter par cette femme, lui l’être rationnel qui ne laisse aucune chance au hasard ? Ce questionnement introduit les vingt dernières minutes magistrales du film, où toutes les certitudes vont être retournées, où les apparences vont laisser place à la vérité que chacun s’est découvert dans sa relation avec l’autre. Sans tomber dans le pathos, Woody Allen conclut son film de la plus belle des manières, et nous rappelle qu’il est aussi un scénariste de génie. Mais au fond, toute cette relation ne nous apparaît-elle pas sublime uniquement grâce à ces vingt dernières minutes ? On ne réalise qu’après-coup ce que le réalisateur a voulu montrer.
Car avant cette épilogue, le film paraît un peu poussif. La faute à une relation qui s’installe très (trop) rapidement, quelques grosses ficelles scénaristiques et une relative courte durée du film. Le manque d’ampleur des deux premiers tiers est la raison qui fait de Magic in the Moonlight un Woody Allen mineur, qui ne s’élève pas au niveau de ses plus grandes œuvres, malgré cette fin géniale. La magie est aussi ternie par une réalisation assez distante (plutôt surprenant de la part du cinéaste), et surtout une photographie cartoonesque et plutôt horrible.
Dommage, mais on peut dire que le réalisateur se reprend ici en main, après les purges que furent Blue Jasmine et To Rome With Love. Et s’il restait en France pour son prochain long-métrage, pour profiter de cette lancée et redevenir petit à petit le vendeur de rêves qu’il fut, et qu’on aperçoit seulement par fulgurances depuis Match Point ?
Synopsis
Le prestidigitateur Stanley Crawford est un Anglais arrogant et grognon qui ne supporte pas les soi-disant médiums qui prétendent prédire l’avenir. Se laissant convaincre par son fidèle ami Howard Burkan, Stanley se rend chez les Catledge qui possèdent une somptueuse propriété sur la Côte d’Azur et se fait passer pour un homme d’affaires, du nom de Stanley Taplinger, dans le but de démasquer la jeune et ravissante Sophie Baker, une prétendue médium, qui y séjourne avec sa mère.
Submit a Comment