Le Sel de la Terre (2014)
Review Overview
Note
9Découvrir un photographe à la carrière exceptionnelle sur grand écran et à travers ses photos, est un cadeau que nous offre Wim Wenders. Le métier, les espoirs et les envies de Sebastião Salgado sont racontées à travers ce documentaire co-réalisé avec Juliano Ribeiro Salgado, le fils du photographe. Un travail colossal et un parcours de vie pour découvrir ce qu’est le sel de la terre.
Le travail de Sebastião Salgado, photographe géopoliticien a figé la misère du monde, l’humanité dans toute sa destruction et son horreur. Son travail retrace également l’itinéraire d’un homme exilé pendant la dictature brésilienne à Paris, qui a parcouru la planète pour y trouver la mort la plus froide, mais aussi pour voir naître la beauté émergente de notre planète. Ce film a reçu de nombreux prix, dont le prix spécial du Certain regard et une mention spéciale du jury Œcuménique à Cannes. Une expérience incroyable, dont nous pouvons tous retirer une leçon de vie. Wim est un admirateur et ami du photographe. Juliano Ribeiro, quand a lui a filmé son père pendant plus de 17 ans lors de ses travaux en Inde, au Rwanda également chez les Zo’é, une tribu d’Indiens d’Amazonie. Lorsque Wim Wenders vient dîner chez les Salgado à Paris, il découvre ces images et cela le touche. La collaboration peut voir le jour. Chacun a tourné de son côté, puis le montage a pu avoir lieux à Berlin pour réaliser l’œuvre que vous pouvez découvrir sur vos écrans. Le regard affectif d’un fils, allié au regard affuté de Wim, délivrent une œuvre forte et impactant sur la réalité de notre monde.
Wim Wenders a prouvé son talent documentaire à travers quelques belles réussites (Buena Vista Social Club, Pina). Ici, pour éviter le piège du montage, il convoque Sebastião Salgado, son vieil ami à un entretien lors duquel ce dernier commente son travail en apportant un regard supplémentaire sur ses œuvres. Le film se divise en deux parties distinctes, filmées par chacun des réalisateurs. L’intelligence de Wenders et d’entremêler harmonieusement ces deux aspects sans créer de rupture ni dans le fond ni dans la forme. La chronologie apporte le fil rouge à travers les périodes de travail du photographe, sans en faire un portrait trop classique par sa construction. Nous voyons aussi bien Salgado en action, attendant des heures pour prendre la photo qu’il souhaite pour nous montrer l’homme derrière l’artiste. La partie entretien nous promène parmi les photos, alors que l’homme apparaît au milieu de son histoire. Wenders innove, pousse Salgado dans des explications nécessaires pour nous justifier les pires horreurs mises en lumière par ce travail de composition exceptionnel, tant par sa durée que sa qualité.
Sebastião salgado nous emmène loin pour mieux nous faire revenir à l’essentiel. Ces périodes de travail représentent toujours de nombreuses années, des études approfondies sur son sujet, des échanges durables. Il est à la fois journaliste, militant, explorateur et artiste.
Salgado est un idéaliste qui a voulu témoigner des malheurs des êtres humains, mais qui, en affrontant l’horreur (la famine au Sahel, la pauvreté, le génocide au Rwanda, les puits de pétrole d’irak,…) s’est lassé pour se tourner vers la nature, les animaux et l’origine de notre planète. Avec sa femme, il a même décidé de faire repousser une forêt autour de la propriété de son père, en Amazonie, menacée depuis des années par l’érosion. On comprends alors, qu’il aime les hommes plus que tout, que c’est cet amour qu’il expose dans ses photos. Plonger dans ce documentaire nous permet de comprendre un peu plus l’homme et nous-même, à travers le regard de l’autre.
Synopsis
Exilé à Paris pendant les années 60, devenu un des photographes les plus célèbres pendant les 70 a conquis ce statut pendant des décennies en allant visiter les lieux les plus déshérités de la planète et pour avoir vu les pires tragédies humaines que l’on puisse imaginer. Les famines du Sahel, les guerres en ex-Yougoslavie, la pauvreté et la violence…
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jaimmee ce photographe 😉
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