The Voices (2015)
Review Overview
Note
8Marjane Satrapi (Persepolis), après l’échec de son dernier film « La bande de jotas » passé inaperçu, réalise son premier film nord-américain, à Berlin. Un film déjanté et profondément décomplexé. Nous sommes rassurés sur la verve créative de la réalisatrice. Choisi, pour l’ouverture de l’Etrange Festival 2014, il constitue une mise en bouche toute à fait délicieuse.
Jerry (Ryan Reynolds révélé) est un jeune homme, plutôt séduisant, mais timide et en réhabilitation. Il travaille depuis peu dans une entreprise fabricant des baignoires dans une petite ville du Middle West. Il accepte de faire partie du comité d’organisation du pique-nique d’entreprise, ce qui lui permet de se rapprocher de la séduisante comptable, Fiona (Gemma Aterton). Jerry porte un lourd passé et doit être suivi par une psychiatre à qui, il promet de prendre ses médicaments.
Tout chavire lors d’une soirée, où Fiona pose un lapin à Jerry, mais par le plus grand des hasards, il la retrouve quand même. Elle décide de terminer tout de même la soirée avec lui. Le scénario est signé par Michael R. Perry (Paranormal Activity) qui s’amuse à jouer avec les hallucinations du personnage et détourne les codes des thrillers dont il a l’habitude. Dans un premier temps, il est parfois difficile de distinguer la réalité, de celle de Jerry. L’imagination et la folie ne sont pas loin. La mise en scène parfaitement maîtrisée, dissémine des indices, qui prennent toute leur saveur lentement, tout au long du récit. On en vient à se demander depuis quand les tenues de travail d’usine sont-elles roses ?
Un seul plan, moment clé de l’histoire, dévoile toute la profondeur du sujet, et décuple l’effet comique de cette démonstration. Le monde de Jerry devient confortable et à la fois malsain pour notre plus grand bonheur. Humour noir sans concession, il ne laissera personne indifférent, car Marjane Satrapi prend tous les risques. A ce propos, parlons de ces fameuses voix, que Jerry refuse de désincarner, et qui prennent forme en “Mr Whiskers” le chat mal léché (comme tous les chats finalement) et le gentil toutou “Bosco”, fidèle à toute épreuve, sorte de consciences “ange et démon”. Parfait porte-parole de cet humour caustique et de la noirceur toujours au diapason tout au long de l’histoire, pour terminer en apothéose lors du générique de fin.
Ryan Reynolds se dévoile ici de manière tout à fait étonnante, avec un rôle fait pour lui, ou du moins dans lequel il est parfaitement utilisé. Son style sied parfaitement à ce personnage naïf et parfaitement perdu dans notre monde. Les deux demoiselles qui l’accompagnent, Gemma Aterton et Anna Kendrick, sont délicieuses et séduisantes, comme on aime les voir ! Drame psychologique, comédie horrifique, poésie déjantée, ce film est un mélange des genres réussi et espérons que sa sortie en France en 2015, sera suivie d’un accueil chaleureux du public pour récompenser son audace.
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