Enemy (2014)

Review Overview
Note
7Tourné avant Prisoners (critique par ici), Enemy est donc la première collaboration entre Denis Villeneuve et Jake Gyllenhaal. Si l’on retrouve quelques similitudes entre les deux films, Enemy s’inscrit dans une veine plus psychologique et complexe.
Adam, professeur d’histoire, découvre son alter ego identique dans un film, loué sur les conseils d’un de ses collègues. Commence alors un cache-cache psychologique entre les deux personnages et le spectateur, tous cherchant à démêler le vrai du faux. L’intrigue du film, d’apparence simple et déjà vue, se développe et tisse lentement sa toile pour dévoiler une intrigue plus complexe qu’il n’y paraît. En cela, on décèle une grande influence du cinéma d’Hitchcock dans le travail de Villeneuve sur ce film. A la manière de Vertigo, le personnage principal se retrouve perdu dans une spirale qui le dépasse, et dans laquelle il entraîne le spectateur, aussi perdu et avide de réponses que lui. Denis Villeneuve reprend également des thèmes chers à Hitchock : les personnages féminins, blonds et froids, ainsi que l’image de la mère, en la personne d’Isabella Rossellini, dominatrice et castratrice (même si le complexe Oedipien latent n’est pas aussi poussé qu’on le voudrait). Dommage cependant, que les personnages féminins secondaires soient sous-exploités et ne soient que des outils dans le labyrinthe psychologique du scénario. Sauf peut-être Sarah Gadon, habituée des univers tourmentés, de par ses collaborations avec Cronenberg, et qui excelle sur le fil du rasoir entre terreur, empathie et fragilité.
La complexité de la relation entre le personnage d’Adam et son alter ego Anthony, fait également écho à Black Swan de Darren Aronofsky (critique par ici). Les deux facettes d’une personne, le yin et le yang et la perversité de la relation entre les deux personnages. Jake Gyllenhaal livre un jeu si subtil, qu’aucun des deux protagonistes ne prend le pas sur l’autre, ceux-ci se complètent, tout en étant différents, mais ayant apparemment besoin de l’autre pour subsister.
On connaissait la maîtrise technique de Villeneuve, qui est ici encore idéalement exploitée, au service de l’intrigue. L’utilisation d’un filtre jaunâtre, comme une nausée permanente, la sensation de vide et de vertige par des séquences en contre plongée, et des lignes droites et épurées, pour une ambiance étouffante et austère.
Si Enemy souffre d’une lenteur évidente, il n’en reste pas moins un film ambitieux et étonnant. Enemy est de ces films dont on ne soupçonne pas la complexité, mais qui savent vous étonner et vous perdre en une fraction de seconde…
Synopsis :
Adam, un professeur discret, mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Un jour qu’il découvre son sosie parfait en la personne d’Anthony, un acteur fantasque, il ressent un trouble profond. Il commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte. Puis Adam se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios… pour lui et pour son propre couple.
Comments