Mister Babadook (2014)
Review Overview
Note
8Le premier long-métrage de Jennifer Kent effraie, surprend et se distingue par une personnalité forte, à la croisée des chemins entre l’horreur psychologique et le conte de fées qui tourne mal.
Couvert de récompenses au Festival de Gérardmer 2014, Mister Babadook semble au premier abord semblable à tout film classique de monstre ou poltergeist. Mais le spectateur se rend rapidement compte que, loin de s’adonner aux schémas classiques, Jennifer Kent préfère prendre son temps pour livrer un récit mesuré. Le contexte, revêtant une importance capitale, est installé au cours d’une première moitié pourtant éprouvante : une relation mère-fils dérangeante, aux relents œdipiens, rythmée par les crises du petit Samuel. Cristallisant nos peurs enfantines du monstre du placard (ou sous le lit), l’orphelin de père flirte avec la violence et enchaîne les déclarations dérangeantes, affublé d’une catapulte faite maison destinée à “fracasser le crâne” de quiconque s’attaquerait à sa mère Amelia. On hésite entre schizophrénie ou imagination débordante d’un enfant qui aurait manqué d’autorité.
Mister Babadook flirte tant avec les codes du thriller que ceux de l’horreur, abandonnant la certitude du point de vue omniscient au profit d’une perspective unique peu à peu centrée sur son héroïne instable, Amelia. Ce choix jette le doute sur la tangibilité de tout ce qui est vu au cours du film : le Babadook existe-t-il ou Amelia est-elle peu à peu gagnée par les hallucinations de son fils ? Quel est le rôle du manque de sommeil dans ces visions ?
Ne se contentant pas de cette ambiguïté, Mister Babadook, jouit également d’une véritable personnalité, grâce à ce fameux personnage inspiré des comptines pour enfant, effrayantes malgré leurs innocentes rimes (qui n’a pas pensé à Buffy contre les vampires et son horrible monstre aperçu uniquement des enfants fiévreux, ou encore à l’épisode Hush ?). L’inspiration du conte de fées tournant au cauchemar semble réussir au cinéma d’horreur – on se rappelle de Mamá, également primé à Gérardmer en 2013.
S’il n’est pas dénué de défauts – première moitié un peu longue, quelques passages “clichés” – ce petit film d’horreur inattendu reste rafraîchissant et a le mérite d’avoir casté deux acteurs principaux particulièrement convaincants. Essie Davis se bat comme une lionne et redonne ses lettres de noblesse à l’héroïne type du cinéma horrifique et Noah Wiseman propose un jeu d’acteur d’une grande maturité pour son âge.
Cette première tentative de Jennifer Kent se révèle donc très encourageante. Et ceux qui auront eu le courage de regarder le Babadook en face risquent de se retrouver peu rassurés, dans leur lit, la nuit tombée.
Synopsis
Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu’elle n’arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé ‘Mister Babadook’ se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le ‘Babadook’ est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations…
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