Nebraska (2014)
Review Overview
Note
9Alexander Payne, maître dans l’art de l’humour grinçant, livre une fois de plus le portrait d’un de ces loosers attachants qu’il affectionne tant, et nous aussi.
Nebraska est un road-movie entre un fils et son père, partis chercher le million hypothétique gagné par ce dernier. Arrivés par hasard dans la ville natale du père, ils sont alors confrontés aux réactions de la famille et des amis retrouvés, face à la présupposée nouvelle richesse du père… Comme une dernière passation de pouvoirs entre le père et le fils, c’est un voyage à travers des paysages infinis et les souvenirs du vieil homme. Porté par le charme discret et mélancolique du noir et blanc, le film fonctionne comme un recueil de ces souvenirs et un album photo un peu vintage où l’on retrouve tous les membres de la famille, ceux qu’on aime comme ceux que l’on a perdu de vue. Dans le rôle de ce vieillard optimiste et acariatre, Bruce Dern est magistral, tantôt très drôle et souvent émouvant, il mérite amplement le prix de la Meilleure Interpretation Masculine qu’il reçut au dernier Festival de Cannes. Il est soutenu par June Squibb dont la fougue et le talent comique nous font vite oublier son âge, et par son « fils », joué par Will Forte, dont l’interprétation fine et calme vient tempérer le caractère difficile du père.
Comme à son habitude, habitude (et son talent) Alexander Payne ne verse jamais dans le pathos et trouve l’équilibre parfait entre comédie et émotion, distillant de vrais moments de tendresse entre le père et le fils, sans jamais en faire trop. Au-delà, c’est également un nouveau point de vue sur la famille, les liens qui se font et se défont, parfois juste pour une question d’argent, dans une Amérique profonde, paysanne et en crise. De fait, même les personnages les plus irascibles, en deviennent presque attachants, tant ils ne franchissent jamais la limite qui les rendraient trop cruels et improbables. Parce que le cinéma de Payne c’est aussi ça, un discours critique et acerbe sur les relations humaines, parfois plein d’espoir mais aussi empreint d’une humanité avec ses travers et ses imperfections. La force d’un récit comme celui de Nebraska c’est donc aussi sa véracité et la volonté de ne pas appliquer cette jolie couche de vernis bien propre sur ses personnages.
A l’image de son précédent film, The Descendants, Alexander Payne confirme donc une nouvelle fois son talent avec Nebraska, une bien belle histoire de famille, franchement très drôle et pleine d’amour.
Synopsis :
Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain, à pied puisqu’il ne peut plus conduire. Un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit. Pendant le voyage, le vieillard se blesse et l’équipée fait une étape forcée dans une petite ville perdue du Nebraska qui s’avère être le lieu où le père a grandi. C’est ici que tout dérape. Rassurez-vous, c’est une comédie !
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