La Crème de la Crème (2014)
Review Overview
Note
7La Crème de la Crème, nouveau film de Kim Chapiron après Sheitan et Dog Pound, est une troisième étape dans le teen movie borderline qui a fait son succès. Moins tranchant que les précédents, il reste une franche réussite et une nouvelle fenêtre ouverte sur le passage à l’âge adulte.
Changement de décor pour Kim Chapiron, qui installe cette fois-ci ses caméras au cœur des écoles de commerce, chez cette jeunesse dorée, la crème de la crème étudiante. Au centre du récit donc, trois jeunes qui incarnent les revers et les travers de ce passage à la vie adulte, en évoluant dans cet univers aseptisé et élitiste. Ils ont déjà tout ou presque, et le moindre rapport à autrui consiste à se construire un réseau, une histoire de transgression et une quête de pouvoir pour assurer leur avenir.
Nos trois protagonistes, Dan, Kelliah et Louis vont alors choisir d’appliquer à la lettre le credo universel de ces hautes sphères : tout s’achète et tout se vend, donc pourquoi pas les relations humaines ? Des anti-héros, que l’on déteste et que l’on envie à la fois, qui ne font qu’appliquer finalement les lois du marché qu’on leur a enseigné. C’est dans cette optique que le film avance, en cherchant à justifier leurs actes et à nuancer des personnages détestables pour créer une forme d’empathie chez le spectateur. A l’image de Dog Pound, on en vient à s’attacher à ces jeunes là, même si leurs actes sont répréhensibles.
Cependant, à l’inverse des deux précédents, le film bascule rapidement dans le conte de fée et l’histoire de cette Cendrillon des temps modernes (incarné par Alice Issaz, aperçue récemment dans Fiston), qui mettra tout en œuvre pour appartenir à ce monde inconnu et élitiste qu’elle n’a jamais fréquenté. Alors que le sujet se prêtait fortement à un traitement borderline et extrême (même l’affiche le supposait), il est finalement a contre-courant des ces deux prédécesseurs, comme assagi, voire bridé. Peut-être en attendait-on trop ? En tout cas, alors que tout reposait dans Dog Pound, sur des actes et leurs conséquences, on est ici beaucoup plus dans un récit psychologique, tout en manipulation et stratégie. La narration est donc fondamentalement différente, mais signe d’un réalisateur qui a évolué et dont le but n’est plus de faire du spectaculaire et montrer à tout prix…
Issu d’une formation technique avant de devenir réalisateur, Kim Chapiron, c’est aussi, cette maîtrise impeccable de la mise en scène et de la technique. Aucune fausse note, une cohérence totale dans l’enchainement des scènes, la musique et l’application aux détails. Là où les précédents signaient déjà cette technicité mais dans un esprit plus fougueux et introspectif, on constate ici une mise en scène plus posée et réfléchie, mais toujours très appréciable.
Même si l’on s’attendait à quelque chose d’aussi extrême que Dog Pound et Sheitan, Kim Chapiron nous attend au tournant et livre finalement un film plus psychologique (voire un peu sage) que spectaculaire. Le fameux « film de la maturité » ?
Synopsis :
Dan, Kelliah et Louis sont trois étudiants d’une des meilleures écoles de commerce de France. Ils sont formés pour devenir l’élite de demain et sont bien décidés à passer rapidement de la théorie à la pratique.
Alors que les lois du marché semblent s’appliquer jusqu’aux relations entre garçons et filles, ils vont transformer leur campus en lieu d’étude et d’expérimentation.
La crème de la crème de la jeunesse française s’amuse et profite pleinement de ses privilèges : tout se vend car tout s’achète… mais dans quelle limite ?
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