Un beau dimanche (2014)
Review Overview
Note
1Pour sa cérémonie de fermeture, le festival Premiers Plans a proposé Un beau dimanche de Nicole Garcia en avant-première. Drôle de choix que de programmer, à ce moment crucial du festival, un film qui fait si peu d’efforts pour mériter ce nom.
Le seul point positif du film, le voilà : les amateurs de Louise Bourgoin pourront s’amuser à l’occasion. Le travail qui est fait, dans le jeu comme dans les parti-pris vestimentaires, pour la vulgariser, en faire une femme du peuple, est honorable, dans la mesure où il est globalement juste. On peut éventuellement retrouver là une tentative similaire, dans une moindre mesure, à celle de Wong Kar Wai et ses américaines dans My Blueberry Nights ou, dans une TRÈS moindre mesure, à la performance de Marilyn Monroe dans Arrêt d’autobus. Les amateurs de Louise Bourgoin, donc, s’ennuieront pendant 90% du film, au lieu de s’ennuyer tout le temps.
Le reste du casting est exemplairement mauvais, avec en tête un Pierre Rochefort absent d’un bout à l’autre (absent psychiquement – concrètement, il apparaît dans trois quarts du film, il a quand même fait l’effort de se lever tous les matins pour aller sur le tournage). On ne comprend d’ailleurs pas trop ce qui s’est passé ; apparemment, Nicole Garcia n’aurait eu envie de développer ce projet qu’à cause de Pierre Rochefort. Pourtant, ce jeune barbu n’a pour lui qu’un minois correct : il joue sans énergie, sans conviction, sans charisme, sans rien du tout. Il ne fait alors aucun doute qu’il a simplement été engagé parce qu’il est son fils. On entend presque Jean Rochefort dire : « Dis-moi, Nini, tu ne pourrais pas faire du fiston le nouvel ‘acteur à suivre’ ? » Mission réussie : les plus lucides d’entre nous décideront effectivement de suivre Pierre Rochefort, pour savoir où il habite et pouvoir le menacer si jamais il venait à signer pour un autre film.
Pour sa défense, il faut aussi dire que ça n’est pas facile de jouer des personnages aussi mal écrits. Que faire de ce protagoniste qui ne sort de son silence que pour lancer des phrases laconiques qui tombent systématiquement à plat ? Que faire de ces hauts bourgeois qui se comportent unilatéralement comme des caricatures tout droit sorties des Aristos de Charlotte de Turkheim ? Car oui, en plus de ça, le scénario s’avère totalement improbable, et ce dès le point de départ, puisque le héros commence par prendre brutalement une décision qui a l’air de lui coûter énormément pour une inconnue sans intérêt qui ne lui demande rien. De la noblesse d’âme ? Non, puisqu’il finit tout aussi brutalement par lui reprocher cette décision. Un coup de foudre ? Non, il n’y a pas la moindre étincelle entre eux. Du désir ? Peut-être. Ou alors : un récit tiré par les cheveux pour servir un propos au ras des pâquerettes, qui se limite au bout du compte à « les riches sont méchants, les pauvres sont gentils ».
Enfin, Nicole Garcia à la mise en scène ne propose rien du tout. À deux ou trois reprises, on sent qu’elle veut faire autre chose qu’une captation neutre de moments neutres, mais ça ne donne rien de plus qu’un clin d’oeil raté – car absolument vide – à Hitchcock (on découvre Déborah François par son chignon, qui évoque celui de Kim Novak dans Vertigo) ou qu’une fin foireuse et même pas assumée dans laquelle Garcia essaie de créer un moment en plaquant une chanson d’amour de type variété sur une séquence de travail, mais s’arrête au bout de trente secondes.
Deux éléments omis jusqu’ici nous permettent cependant d’élucider les mystères de ce projet insipide. D’une part, le film s’ouvre sur un panneau qui annonce que « Ce film a été choisi par France Télévisions » – on en comprend dès lors toute la fadeur, c’est simplement un téléfilm avec un réalisateur et des acteurs un peu plus chers que dans les téléfilms habituels. D’autre part – ce second point permet de saisir pourquoi Un beau dimanche a été projeté pour clore Premiers Plans – Frédéric Bélier-Garcia est une figure culturelle incontournable à Angers en ce qu’il dirige le Centre dramatique national des Pays de la Loire, et il est l’autre fils de Nicole Garcia.
Synopsis
Baptiste est un solitaire. Instituteur dans le sud de la France, il ne reste jamais plus d’un trimestre dans le même poste. A la veille d’un week-end, il hérite malgré lui de Mathias, un de ses élèves, oublié à la sortie de l’école par un père négligent. Mathias emmène Baptiste jusqu’à sa mère, Sandra. C’est une belle femme, qui après pas mal d’aventures, travaille sur une plage près de Montpellier. En une journée un charme opère entre eux trois, comme l’ébauche d’une famille pour ceux qui n’en ont pas. Ça ne dure pas. Sandra doit de l’argent, on la menace, elle doit se résoudre à un nouveau départ, une nouvelle fuite. Pour aider Sandra, Baptiste va devoir revenir aux origines de sa vie, à ce qu’il y a en lui de plus douloureux, de plus secret.
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