Beaucoup de bruit pour rien (2014)
Review Overview
Note
8Joss Whedon, grand créateur de séries devant l’éternel, après un retour flamboyant en grâce avec Avengers s’offre un moment de détente entre deux blockbusters, lors de ses vacances en Italie, en adaptant une comédie de William Shakespeare.
Mais que faire pendant ses vacances, dans une magnifique maison construite par sa femme et entouré de tous ses amis acteurs (vus dans Buffy, Angel, Dollhouse, etc…)? Tourner un film pardi ! Joss Whedon qui reprend la pièce et les textes de Shakespeare, cela peut surprendre. Mais si on y regarde de plus près, cela peut même sembler très logique. La comédie, ça le connaît, nombres d’épisodes de Buffy ont un pouvoir comique conséquent, puis son amour pour les musicales surgit avec Dr Horrible.
On devine ce qui a plu à l’auteur dans le scénario de base. Comme William, il est un adorateur des joutes verbales, et le sujet du rapport entre les hommes et les femmes intelligentes ou puissantes, ne l’a forcément pas laissé indifférent.
Petit rappel de l’histoire, deux couples, le premier Béatrice et Benedict, est cynique et ne croit pas au mariage et passent son temps à se chamailler, l’autre, Hero et Claudio, est pur et chaste, prêt à se marier. Mais tout peut chavirer à tout instant… qu’est-ce que l’amour finalement ? Rassurons les amateurs de Shakespeare, l’humour, le panache et la puissance des mots sont intacts. On se délecte même de (re)découvrir ses textes, dans un contexte moderne qui met encore plus en lumière le génie éternel du dramaturge. Un texte écrit en 1600 (!), est ici mis dans un contexte contemporain. Cela pourrait être tout à fait improbable, que nenni ! Les dialogues sont là inévitablement bien dosé. Whedon nous apporte en plus une mise en scène très visuelle. Il mène tout au long du film un ballet d’acteurs talentueux, dont les actions comiques sont subtilement introduites en parallèle du texte. Les codes du théâtre sont parfaitement respectés. Les lieux, très scéniques, supportent avec réalisme les allers et retours des protagonistes, renforçant parfois jusqu’à l’extrême (le petit théâtre grec du jardin) ce sentiment de théâtralité.
Joss a choisi de tourner en noir/blanc, pour plus de sobriété et en hommage aux comédies hollywoodiennes des années 1940-1950. Ce qui est toujours présent chez Whedon l’est encore plus ici, une scène n’est jamais filmé innocemment, ses cadres servent au récit voir même apporte un ton très différent à ce qui est alors dit. Beaucoup de séquence comique réside dans ce jeu de cadre, montage. Tout est fait avec finesse et simplicité (mais pas simpliste). D’autre part il a lui-même écrit l’ensemble de la musique de ce « Beaucoup de bruit pour rien », avec bonheur et légèreté s’intégrant élégamment dans l’histoire et qui accompagne parfaitement les écrits du maître anglais.
Le résultat est une œuvre visuelle très réussie, intelligente et qui, on l’espère n’est que le début de Whedon dans ce registre, jusqu’à cette musicale dont tout le monde (lui compris) rêve qu’il réalise.
Synopsis
Don Pedro et ses compagnons d’armes Don Bénédict et Don Claudio, revenant des champs de bataille, font halte chez leur ami le seigneur Leonato, gouverneur de Messine. Benedict, homme à femmes et beau parleur, ne croit pas en l’amour. Béatrice, nièce de Leonato, se méfie de l’inconstance des hommes. Persuadés que ces deux-là sont faits pour être ensemble, Don Pedro et ses amis font fomenter un complot : faire en sorte que ces deux cyniques tombent amoureux l’un de l’autre. Don Juan, le frère de Don Pedro, jaloux des fiançailles de Claudio et Hero, fille cadette de Leonato, fomente un complot pour faire échouer la future union.
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