Top 10 : Classiques américains de Noël
- Gibet
- On December 24, 2013
Noël approche à grands pas, et les téléfilms traditionnels de la xmasploitation – qui s’appellent cette année, comme toutes les autres années, Un mariage à Noël, Un père Noël au grand cœur ou encore À la recherche de madame Noël – ne parviennent évidemment pas à satisfaire vos besoins cinéphiliques : heureusement, le Père Noël en personne, qui pourtant aurait de quoi bouder vu ce qu’on fait de lui dans nos fictions, m’a filé des tuyaux ciné en or pour les fêtes.
Définition
Un classique de Noël américain se doit, comme son nom l’indique, d’être américain. Autre présupposé : afin de mériter le label « classique », le film en question doit dater – et qu’on ne vienne pas me parler de « classique instantané », je risquerais d’être « tendrement agressif ». Plus ou moins arbitrairement, la période dite classique du cinéma américain s’arrête en mon esprit à la fin des sixties, grand maximum. Tous les films au-delà de cette limite chronologique sont donc automatiquement exclus. Dernière chose : l’acception « film de Noël américain » contient trois petits tiroirs.
1) les films dont Noël est le décor (exemple : Vacances de Noël, 1944, Robert Siodmak) et éventuellement aussi le sujet (exemple : Comment le Grinch a volé Noël, 1966, Chuck Jones et Ben Washam).
2) les films qui se déploient sur une période plus large que celle de Noël, mais dont le climax a lieu à Noël (exemple : Le Chant du Missouri, 1942, Vincente Minnelli).
3) les films que les américains aiment regarder en période de Noël – généralement des sucreries limite puériles (exemple : Le Magicien d’Oz, 1939, Victor Fleming) ou des bondieuseries neigeuses (exemple : le diptyque La Route semée d’étoiles, 1944 / Les Cloches de Sainte-Marie, 1945, Leo McCarey).
Le top qui va suivre, essentiellement composé de films issus des deux premières catégories, est l’expression de ma subjectivité, à l’intérieur de ce corpus objectif que sont les « classiques américains de Noël ».
1 – Rendez-vous, Ernst Lubitsch, 1940
Avec sa classe habituelle, Lubitsch traite d’un sujet inhabituel : pour une fois, ce spécialiste de la haute bourgeoisie va nous parler des pauvres. En ressort une comédie romantique brillante, infiniment humaine, face à laquelle toutes les romcoms modernes s’écroulent, avec une pléiade de rôles secondaires tous si finement écrits et joués qu’il mériterait chacun leur film.
2 – La vie est belle, Frank Capra, 1946
Vous avez un cinéphile dans votre entourage et vous ne savez pas quoi lui offrir ? Mettez-lui entre les mains Hollywood Story, l’autobiographie géniale de Capra. C’est romanesque, c’est l’histoire d’une débrouillardise héroïque, d’une lutte pour l’ambition esthétique, contre le fatalisme des classes basses et contre les joies faciles de la paresse et du confort. Quand on ferme le livre, on est parés à conquérir le monde. Les grands films de Capra ont le même élan que ce bouquin. Optimiste mais pas idiot, ce conte de Noël fabuleux qui nous fait reconsidérer notre place dans la société (et toi, si on te montrait le monde tel qu’il serait si tu n’avais pas existé, que verrais-tu ?) laisse les gentils gagner mais ne fait pas perdre les méchants. Attention : ce film n’a rien à voir avec le neuneu métrage de Benigni.
3 – L’homme de la rue, Frank Capra, 1941
L’homme de la rue, en parfait post-mélodrame, brise le cœur pour mieux ensuite mettre du baume et nous livre une vision hyper politisée de Noël qui éclate dans cette très belle tirade : « Please don’t give up. We’ll start all over again. Just you and I. It isn’t too late. The John Doe movement isn’t dead yet. You see, John, it isn’t dead or they wouldn’t be here. It’s alive in them. They kept it alive by being afraid. That’s why they came up here. Oh, darling!… We can start clean now. Just you and I. It’ll grow John, and it’ll grow big because it’ll be honest this time. Oh, John, if it’s worth dying for, it’s worth living for. Oh please, John… You wanna be honest, don’t ya? Well, you don’t have to die to keep the John Doe ideal alive. Someone already died for that once. The first John Doe. And he’s kept that ideal alive for nearly 2,000 years. It was He who kept it alive in them. And He’ll go on keeping it alive for ever and always – for every John Doe movement these men kill, a new one will be born. That’s why those bells are ringing, John. They’re calling to us, not to give up but to keep on fighting, to keep on pitching. » C’est Noël, aimez-vous, faites de votre voisin votre allié et non votre ennemi, ne vous laissez jamais humilier ! Ce qui devant la caméra de n’importe qui pourrait paraître un peu concon est ici très communicatif et inspirant, car Capra est sincère et juste ce qu’il faut grandiloquent.
4 – L’amour chante et danse, Mark Sandrich, 1942
Bing Crosby au chant, Fred Astaire à la danse : on embarque pour une comédie musicale où chaque date importante du calendrier américain donne lieu à un numéro de rigueur. Le plus fort est que quasiment chaque numéro est inventif ! On est bien loin des duets pépères mais répétitifs de l’ami Astaire. C’est généreux, c’est drôle, c’est chaud. L’amour chante et danse a donné lieu à une sorte de remake en 1954 par Michael Curtiz, Noël Blanc : je vous le déconseille car malgré l’ambition des numéros musicaux et le Technicolor flamboyant, le film est dépourvu d’enjeu, de rythme et de cœur. Tout le contraire, autrement dit, de cet opus premier !
5 – Christmas in Connecticut, Peter Godfrey, 1945
Elizabeth Lane, incarnée par la grande Barbara Stanwyck, écrit depuis un moment une rubrique à succès où elle décrit les joies de sa vie dans le Connecticut, et ses sublimes qualités de housewife. Seulement, tout ça est faux. Dans les faits, c’est une célibataire endurcie qui vit dans un appart trop petit en ville. Hélas, son boss s’invite chez elle pour Noël. C’est parti pour une belle screwball comedy où Godfrey s’amuse à créer du suspense autour de scènes quotidiennes, tel que ce moment où Elizabeth doit faire des crêpes devant son patron – la crêpe retombera-t-elle dans la poêle ou bien restera-t-elle collée au plafond, détruisant ainsi tout le mensonge ? Je vous laisse aller voir !
6 – Le Miracle sur la 34ème rue, George Seaton, 1947
Le Miracle sur la 34ème rue est un des rares films de ce top qui ne supporterait probablement pas un visionnage hors période de fêtes : ça n’est pas un très bon film en général, ça n’est qu’un très bon film de Noël. Si vous regardez Le Miracle sur la 34ème rue, intégrez pour en tirer le maximum de mimi que la minuscule Natalie Wood, du haut de ses 8 ans, était persuadée au moment du tournage d’avoir affaire, en son partenaire de jeu, à l’authentique Père Noël.
7 – Un Noël à la Charlie Brown, Bill Melendez, 1965
Ce court dessin animé est adorable : l’animation cheap et le doublage, réalisé par des enfants amateurs, et parfois même qui ne savaient pas encore lire, donne une fragilité et une innocence uniques à cette histoire somme toute assez classique d’esprit de Noël perdu puis retrouvé. Christmastime is here !
8 – La Cuisine des anges, Michael Curtiz, 1955
Le film parfait pour les petits cyniques de Noël : trois fugitifs volontiers violeurs et assassins décident d’aider une pauvre famille bourgeoise naïve qui n’a rien demandé. Le film, qui joue la carte de la parodie en détournant le cliché de l’envoyé divin qui vient remettre l’âme mortelle dans le droit chemin, va assez loin dans sa démarche nihiliste et par là devient absolument jubilatoire. Pour finir de vous convaincre : le trio est composé de Peter Ustinov, Aldo Ray et Humphrey Bogart et ils ont concocté ensemble un timing comique parfait.
9 – Un jour une bergère, Gus Meins et Charley Rogers, 1934
Pour apprécier ce film, il ne faut surtout pas être allergique aux facéties les plus fastoches de Laurel et Hardy, qui ne sont pas ici au plus haut de leur forme, ces facéties en constituant l’aspect le plus digeste pour l’œil adulte contemporain. Autre moyen de savourer Un jour une bergère : redevenir enfant, pour s’émerveiller comme il se doit de ce cross-over de contes de fées, particulièrement bordélique dans la forme mais résolument charmant dans le fond.
10 – Honni soit qui mal y pense, Henry Koster, 1947
Bienvenue, mesdames et messieurs, aux frontières du nanar. Honni soit qui mal y pense est ni plus ni moins un improbable épisode de Joséphine, Ange gardien dans lequel Mimie Mathy aurait été remplacée par Cary Grant. À voir de préférence, comme tout nanar qui se respecte, en VF.
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