Suzanne (2013)
Review Overview
Note
9Suzanne, c’est le récit d’un destin cabossé, celui d’une fille-mère qui grandit trop vite et qui avance tant bien que mal dans une vie qui ne lui fait pas de cadeaux. Emouvant et passionné, le film est à l’image de son personnage principal.
Présenté au Festival de Cannes 2013, Suzanne est seulement le second long métrage de Katell Quillévéré, mais celle-ci à déjà tout d’une grande. Car Suzanne est avant tout un film extrêmement bien maîtrisé et la collaboration parfaite entre une réalisatrice et ses acteurs. On se retrouve happé littéralement dans la vie de cette jeune femme, jouée par Sara Forestier, dont l’histoire s’étale sur les vingt-cinq premières années de sa vie, période nécessaire pour pouvoir saisir toute la mesure du personnage et des obstacles qui jonchent sa route. C’est au moyen de nombreuses ellipses que Katell Quillévéré choisit de mettre l’accent sur certains moments de la vie de son personnage plus que d’autres, mais toujours déterminant pour la suite de son parcours et la construction de ce personnage, poursuivit par la fatalité.
Sara forestier incarne à la perfection cette jeune femme malmenée par la vie. Elle irradie l’écran et contrebalance l’atmosphère très sombre du film. A propos de Sara Forestier, Katell Quillévéré a déclaré : « Elle pouvait tout exprimer […] comme si elle avait déjà eu cent vies. » Et c’est en cela justement qu’elle se rapproche du rôle de Suzanne, facettes multiples et personnalité complexe. En effet, la finesse d’écriture du personnage la sort du schéma déjà vu de la victime larmoyante, pour lequel on ne peut avoir que de la compassion. Tantôt faible, tantôt égoïste, l’empathie avec Suzanne n’est pas immédiate et offert sur un plateau, et c’est bien là toute la force du film et du personnage. Emouvant sans jamais tomber dans le pathos, Suzanne reste toujours sur le fil, dans l’émotion pure.
Les seconds rôles ne sont pas en reste : Adèle Haenel est épatante dans le rôle de la sœur cadette, complice éternelle et sans faille, et son père François Damiens, dévoile encore plus son talent inné pour le jeu dramatique. Ceux-ci sont ingénieusement mis en valeur, et gravite autour de cette histoire d’amour passionnée, entre Suzanne et Julien, joué par Paul Hamy. Cependant, le film n’est pas un Bonnie & Clyde traditionnel, et d’ailleurs, la fuite de nos deux amoureux n’est pas filmée, privilégiant plutôt l’absence et le manque, à travers les regards de ceux qui restent, sa sœur, son père et son fils, et faisant donc ainsi la part belle aux personnages secondaires.
La force émotionnelle et le jeu exceptionnel de Sara Forestier font de Suzanne un film riche et complexe sans jamais tomber dans le superflu et la surcharge. Beau et émouvant. Et venant d’un cœur de pierre comme le mien, ça n’est pas rien…
Synopsis
Le récit d’un destin. Celui de Suzanne et des siens. Les liens qui les unissent, les retiennent et l’amour qu’elle poursuit jusqu’à tout abandonner derrière elle…
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