La stratégie Ender (2013)
Review Overview
Note
5Relativement fidèle à l’oeuvre d’Orson Scott Card, La stratégie Ender n’offre néanmoins qu’un divertissement moyen, plombé par une fastidieuse première moitié.
Le film de Gavin Hood, à qui l’on doit notamment le mal-aimé X-Men Origins, n’est pas aidé. Il sort aux Etats-Unis sur fond de violente polémique, alimentée par les opinions très marquées d’Orson Scott Card, également producteur, en défaveur des droits homosexuels, et ce depuis des décennies. Le mot boycott se murmure sur la toile, sans pourtant se propager auprès du grand public. La stratégie Ender a cependant le bon goût de nous épargner toute allusion discriminante.
Polémique mise à part, Gavin Hood s’attache à respecter la trame générale de l’oeuvre d’origine, ainsi que son message. Son plus gros défaut sera une mauvaise maîtrise des ellipses temporelles, donnant l’impression d’une histoire concentrée sur quelques semaines au lieu des longues années que duraient en réalité les études du petit prodige. Au début du roman, Ender Wiggins n’a d’ailleurs que 6 ans, et tout au long de l’intrigue, l’accent est porté sur son jeune âge par rapport aux autres recrues et au traitement que ses supérieurs lui font subir. Ses capacités hors du commun d’en sont que plus extraordinaires. Malheureusement, cet aspect est passablement mis sous silence dans le film et l’on découvre un héros d’une douzaine d’années dès le début de ses aventures. Cet oubli ne nous permet pas de constater à quel point il est poussé à bout et sacrifié à sa cause dès son plus jeune âge.
La violence quant à elle est abordée, mais de manière édulcorée afin d’attirer un public familial dans les salles, ce qui est dommage car ce sont des “détails” qui retrouveront leur écho dans les quinze dernières minutes du film. La dualité d’Ender, mix parfait entre un frère psychopathe et une soeur trop empathique pour remplir la difficile mission qui lui est confiée, n’est que survolée, éludant sa facette la plus sombre, manquant de profondeur. Le dénouement, pourtant mieux géré que la majorité du film, perd en force sans ces incidents qui semblent ancrés dans sa destinée dès le départ, telle une fatalité.
Gavin Hood ne s’est pas fourvoyé et a fait de la stratégie militaire un des sujets principaux à l’écran. Mais malgré ce traitement préférentiel, les scènes de bataille et de réflexion manquent encore cruellement à l’ensemble. La stratégie Ender aurait mérité plus de combat pur et une mise en exergue des progressions du héros pas à pas plutôt que de s’attarder à décrire une pseudo-rigueur militaire avec des scènes frisant souvent la caricature et en aucun cas crédible. Car l’on s’ennuie à moitié durant toute une partie du film dont les enjeux ne nous passionnent pas : Wiggins enchaînant les pompes sous les ordres d’un grand black ruine l’humour de ses propos provocs et nous arrache un bâillement consterné. Le jeu de la plupart des acteurs laisse de marbre – et leur jeune âge ne saurait être une circonstance atténuante. Les personnages secondaires ne sont pas assez fouillés et se ressemblent furieusement, nageant dans une mélasse que l’on qualifiera de “un des mecs de l’entourage d’Ender”. Seul, un méchant sort du lot, mais son charisme à l’écrit a laissé place à un petit excité haineux et au physique désagréable.
Cependant, La stratégie Ender n’a pas que des mauvais côtés et nous offre un dernier tiers passionnant (bien que cousu de fil blanc concernant certains rebondissements), sans céder à la facilité d’un scénario hollywoodien altérant la substance du roman. Quelques premières pierres permettent heureusement de faire le lien entre ce départ enfantin et ce dénouement quasi-mystique, au message non manichéen, auquel Gavin Hood accorde l’importance nécessaire. D’autre part, le frère et la soeur d’Ender ne se retrouvent qu’avec un rôle extrêmement limité ; un parti pris intelligent car même dans le livre, leur intrigue secondaire ne trouve de sens qu’au sein de la saga “Enderverse” dans son intégralité. L’aspect visuel trouve un second souffle dans les scènes de batailles, notamment dans la salle de combat ou lors du dernier quart d’heure.
Les lecteurs d’Orson Scott Card resteront sur leur faim, mais La stratégie Ender trouvera son public parmi les adolescents et férus de science-fiction. Malgré une certaine superficialité, Gavin Hood a su équilibrer son histoire dont le livre reste la colonne vertébrale, pour une oeuvre non dénuée d’intérêt malgré une première moitié fastidieuse.
Synopsis
Dans un futur proche, une espèce extraterrestre hostile, les Doryphores, ont attaqué la Terre. Sans l’héroïsme de Mazer Rackham, le commandant de la Flotte Internationale, le combat aurait été perdu. Depuis, le très respecté colonel Graff et les forces militaires terriennes entraînent les meilleurs jeunes esprits pour former des officiers émérites et découvrir dans leurs rangs celui qui pourra contrer la prochaine attaque. Ender Wiggin, un garçon timide mais doté d’une exceptionnelle intelligence tactique, est sélectionné pour rejoindre l’élite. A l’académie, Ender apprend rapidement à maîtriser des manoeuvres militaires de plus en plus difficiles où son sens de la stratégie fait merveille. Graff ne tarde pas à le considérer comme le meilleur élément et le plus grand espoir de l’humanité. Il ne lui manque plus qu’à être formé par Mazer Rackham lui-même, pour pouvoir commander la Flotte lors d’une bataille homérique qui décidera du sort de la Terre.
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Il a l’air terrible!
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