Top 10 films : La Filmosaure
Quel cruel exercice pour un cinéphile que celui du Top 10. Réduire des années d’amour du cinéma à quelques titres pour les offrir en pâture à ses pairs. Comme je l’ai réalisé (trop tard), j’aurais dû proposer à la rédaction un Top 15, mais la problématique serait probablement restée la même, j’aurais eu droit au même concert de doléances quant à la difficulté de l’exercice. Mais également la même passion, le même enthousiasme, et cette pointe d’anxiété : sommes-nous toujours acceptables en tant que cinéphiles ? Sommes-nous coupables de mauvais goût ?
Pour moi, le seul mauvais cinéphile est celui qui n’est pas curieux, quels que soient ses goûts. Je suis donc fière de mon Top 10 envahi de films pour la plupart assez récents : je suis très sensible à la qualité esthétique et à la finesse de la photographie, une faiblesse qui m’entraîne parfois vers l’obscure facilité du cinéma contemporain. Et pourtant. J’aurais voulu inclure A bout de souffle et 12 hommes en colère à ma liste. J’aurais voulu qu’elle fut habitée par une des œuvres étranges de David Cronenberg, mon cinéaste de genre préféré. J’aurais souhaité qu’elle célèbre les talents impliqués dans la création des univers de de Matrix et Animatrix. J’aurais aspiré à y voir le trop méconnu Martin de Roméro, son unique et sublime histoire de vampires. J’aurais enfin adoré y ajouter Jurassic Park, catalyseur de mon engouement pour les grosses bestioles préhistoriques et probablement à l’origine du nom de ce blog.
Assez disserté, voici la liste (version 2013). Sept d’entre eux ont déjà été critiqués sur La Filmosaure, généralement par moi, et il faudra excuser le style de certains articles qui datent parfois d’il y a deux ou trois ans :
- Donnie Darko, Richard Kelly (2001).
- Thelma & Louise, Ridley Scott (1991).
- Incassable, M. Night Shyamalan (2000).
- Le retour du roi, Peter Jackson (2003).
- Kill Bill 2, Quentin Tarantino (2004).
- Moulin Rouge, Baz Luhrmann (2001).
- Les parapluies de Cherbourg, Jacques Demy (1964).
- The Dark Knight, Christopher Nolan (2008).
- Melancholia, Lars Von Trier (2011).
- Black Swan, Darren Aronofsky (2011).
Je pourrais m’étendre des heures durant sur les nombreuses qualités de ces œuvres qui m’ont touchée, chacune à sa manière. Je pourrais vous en faire un résumé mais aucun ne sera valorisé à sa juste valeur en quelques lignes seulement. Je ne peux que vous encourager à les voir avec le cœur et à vous imprégner de l’univers de chacun.
Après réflexion, trois tendances principales se dégagent de ce top 10 et l’expliquent en grande partie. Un certain type de film me bouleverse, et il est aisé de voir quels éléments se font récurrents : un héros ou un couple en marge de la société et solitaire, souvent entraîné dans une certaine forme d’insanité, comme en attestent les rêveries hors du temps de Donnie, la spirale de liberté de Thelma et Louise, la quête d’identité de David l’Incassable, la folie vengeresse de The Bride dans Kill Bill, les sacrifices du Batman de Nolan, les errances d’une Kirsten Dunst neurasthénique dans Melancholia et les délires schizophrènes de Natalie Portman en cygne blanc, cygne noir.
Deuxième tendance, cette mélancolie qui habite la majeur partie de ces titres. Le Lars Von Trier à lui seul se fait symbole de ma fascination pour les univers empreints d’une tristesse languissante. Il y a une raison pour laquelle Moulin Rouge et Les parapluies de Cherbourg soient propulsés au rang de films favoris, loin devant n’importe quelle autre comédie romantique. Leur mise en scène extraordinaire, à l’un comme à l’autre, n’explique pas à elle seule ce phénomène. Et si Thelma & Louise jouit d’un dynamisme communicatif, ses somptueux paysages désertiques et la patte du compositeur Hans Zimmer lui confèrent un aspect nostalgique poignant.
Troisième observation : une partie de cette liste est constitué de films de science-fiction ou fantasy. MAIS. La quasi intégralité de la liste représente des films à la lisière de deux genres, avec des personnages à la frontière de deux mondes. On ignore souvent si l’aspect fantastique de certains est une réalité ou dû à l’imagination des protagonistes : Donnie Darko et Melancholia et leurs fins du monde imminentes, Incassable, The Dark Knight et Kill Bill qui oscillent entre plusieurs univers, hésitant notamment entre les comics et un ancrage dans la réalité. Seul, Le retour du roi (difficilement choisi au sein de la parfaite trilogie du Seigneur des Anneaux) assume pleinement sa nature résolument fantaisiste.
Ces tendances, et cette inclinaison pour l’esthétisme, se reflétait d’ailleurs en partie dans mon Top 10 des films de 2012 avec Les bêtes du sud sauvage, Take Shelter, L’Odyssée de Pi, Martha Marcy May Marlene, Citadel. C’est une constante, on ne se refait pas. Et je n’ai de cesse d’engloutir de nouvelles œuvres, anciennes ou nouvelles, pour modifier ce Top 10 “universel” de mes films préférés. Car j’espère bien découvrir des films encore plus beaux que ce que je connais à présent.
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si je ne remets pas en cause votre top 10, je reste dubitatif devant le classement.
je comprends les coups de coeur, mais pas trop la hérarchie.
” je suis très sensible à la qualité esthétique et à la finesse de la photographie”…et donc, black swann en dernier?
pas un seul film de kubrick ou ridley scott?
mais j’apprécie l’hétéroclisme…
les parapluies de cherbourg à côté de the dark night, fallait oser. je ne sais quoi penser de moulin rouge à côté de kill bill.
franchement, je n’irais pas au cinéma avec vous 😉 -
Kill Bill 2 mais pas le 1 ?
Sinon il n’y a que Melancholia que j’ai n’ai pas du tout du tout aimé :s
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si j’étais monomaniaque de kubrick, je n’aurais pas cité scott.
si je désirais placer mon top 10, je l’aurais fais. et si j’apprécie certains top 10 de vos petits camarades, j’avoue trouver un hétéroclisme dans le vôtre qui m’étonne avec vos critères énoncés.
vous n’aimez pas kubrick, soit. vous n’êtes pas la seule.
mais sous entendre que l’on devrait l’y mettre parce que reconnu comme doué c’est ignorer le talent par principe.
je n’ai rien contre votre top10, je le répète. mais, dans une même liste , trouver autant de genres différents avec des critères pareils, je m’étonnes.
je ne placerais pas alien et la belle aux bois dormants dans une même liste…
quant aux milliers de films que vous semblez avoir vu, ne doutez pas que vous soyez un cas unique.bon après midi…
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