Fruitvale Station (2013)
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Note
7Récompensé à Sundance par un Grand Prix du Jury, Fruitvale Station était l’un des films les plus attendus de la section Un Certain Regard pour ce 66ème Festival de Cannes. Sans révolutionner le genre, il s’impose comme le premier vrai choc émotionnel de la sélection cette année.
Chaque année, Cannes semble ajouter à sa sélection un transfuge de Sundance au charme incontestable. Après Martha Marcy May Marlene en 2011, et Les bêtes du sud sauvage en 2012, c’est donc Fruitvale Station qui prend la relève sans toutefois égaler le doux décalage émanant de ces deux derniers.
Basé sur des faits réels, le film raconte les 24 heures de la vie d’Oscar Grant et de sa famille, précédant un incident violent. Prévenus dès le début mais ne détenant qu’une vision floue de ce qui arrivera, nous serons donc spectateurs impuissants de l’enchaînement des événements menant à un drame, sans exactement pouvoir les distinguer du quotidien des protagonistes. Fruitvale Station est un film sur l’espoir : celui d’Oscar aspirant à se racheter, celui de tout voir s’apaiser lorsque les événements se précipitent, celui du spectateur de ne voir l’inévitable se produire.
Il y a beaucoup de douceur dans le traitement de l’image de Fruitvale Station, comme pour mieux incarner les valeurs de partage, de famille, de solidarité du clan qui d’un fait divers créent un film très intimiste et touchant. Certains choix artistiques ajoutent à l’aspect humaniste et nous incluent encore plus comme partie prenante de l’intrigue, comme ces SMS s’affichant directement sur l’écran. Dommage que ces émotions ne soient suffisantes à masquer les longueurs dont souffre le deuxième tiers du film, peinant à trouver dans cette simple journée assez de rebondissements pour maintenir une attention maximale.
Cependant, une tension angoissante se développe et s’accentue à mesure que les heures passent ; pour exploser enfin avec une intensité remarquable, coupant le souffle et poussant les plus sensibles aux larmes alors que les premières minutes du film prennent tout leur sens. Michael B. Jordan, comme l’ensemble du casting d’ailleurs, est excellent. Il n’y a pas une once de superficialité dans le jeu des acteurs dont le talent consistera à se rendre attachants malgré leurs défauts pour éviter à tout prix un film manichéen.
Malgré quelques ficelles évidentes destinées à émouvoir le spectateur, Fruitvale Station demeure une poignante expérience et constitue un premier film prometteur pour Ryan Coogler, qui affirme avoir été lui-même bouleversé à l’annonce du fait divers qui l’a inspiré.
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