Warm Bodies (2013)
Ma note : 8/10
Warm Bodies est une adaptation du roman éponyme d’Isaac Marion, réalisée par Jonathan Levine (All the boys love Mandy Lane). Sa particularité principale est de faire cohabiter avec succès deux genres a priori incompatibles : le film de zombie et la comédie romantique.
SYNOPSIS
Un mystérieux virus a détruit toute civilisation. Les rescapés vivent dans des bunkers fortifiés, redoutant leurs anciens semblables devenus des monstres dévoreurs de chair. R, un mort-vivant romantique, sauve contre toute attente Julie, une adorable survivante, et la protège de la voracité de ses compagnons. Au fil des jours, la jeune femme réveille chez lui des sentiments oubliés depuis longtemps… Elle-même découvre chez ce zombie différent autre chose qu’un regard vide et des gestes de momie…
ROMERO ET JULIETTE
Malgré son thème et la manière dont le marketing s’est emparé du phénomène, l’écriture d’Isaac Marion n’est pas du tout comparable à celle d’un Twilight. Warm Bodies fait pourtant partie de ces œuvres repérées sur Internet et qui risquent de se transformer en machine à fric d’une intolérable nullité (coucou 50 Shades of Grey). Mais il n’en est rien. Isaac Marion a su faire de sa nouvelle en ligne I Am A Zombie Filled With Love un roman riche, au style agréable et porteur d’un véritable message sociétal. Truffée d’hommages à Shakespeare, l’histoire est porteuse de références à Roméo et Juliette, jusqu’aux patronymes de ses personnages (R., Julie, Perry, M.) mais ceci sans trop en faire ni agacer.
Jonathan Levine, qui s’est déjà respectivement frotté à l’horreur et au romantisme avec ses deux premiers films, All the boys love Mandy Lane et Wackness, réussit finalement à faire cohabiter trois genres : comédie, romance et horreur. Warm Bodies est un film rafraîchissant qui casse les codes en sortant des schémas habituels du film de zombie, en frôlant le subversif de par son sujet principal, une histoire d’amour entre un mort et une vivante. Finalement, il s’agit bien moins d’un film d’horreur que d’une comédie romantique : ne pas s’attendre à avoir peur. Les seules sensations fortes ressenties lors du visionnage seront des bouffées d’un optimisme invétéré pour l’avenir de humanité.
La majeure partie du film de Jonathan Levine sait capturer la substance du livre, que ce soit le destin tragique des zombies ou l’autodérision menée en permanence par R., avec une excellente gestion de la narration interne menée par le héros. L’on regrette en revanche une fin raccourcie et légèrement modifiée, probablement pour être adaptée à un certain type de public, passant à côté de quelques scènes cruciales et surtout d’une partie du message qui faisait la force de la réflexion menée par Isaac Marion. Une adaptation réussie donc, mais dont le parti-pris scénaristique du dénouement pénalise la profondeur.
Fin presque expéditive mise à part, Warm Bodies est un concentré de bonheur. Levine pratique le second degré avec facilité, mais toujours sans lourdeur, avec de nombreux comiques de situation liés à la condition zombiesque du héros : lenteur, démarche, regard, etc. Ces éléments, liés à une volonté d’être plus humain et à des situations d’ordre romantique, créent un contraste assez irrésistible. Comment draguer lorsque l’on est mort (« don’t be creepy, don’t be creepy, don’t be creepy »)? Comment jouer au baseball ? Les zombies sont en conséquence plus touchants et drôles qu’effrayants. Globalement, le film ne se prend pas au sérieux, s’auto-caricaturant même (avec notamment un ralenti complètement ridicule en pleine scène de bataille) de manière complètement assumée.
Et l’alchimie fonctionne sans sombrer dans la niaiserie car ces personnages sont aussi dotés d’une infinie mélancolie. Où le reste du monde a perdu son quotidien, ils ont perdu leur passé. Ont-ils une chance de rédemption ? Ce thème de la rédemption aussi applicable à ces créatures qu’à l’être humain est une valeur forte de Warm Bodies, accompagné de celui de l’impermanence des choses. « More alive means more trouble » affirme R. à propos d’un vinyle – ou est-ce à propos de Julie, ou encore de la vie en général…
Warm Bodies est porté par un casting sympathique : Nicholas Hoult tout d’abord, aperçu dans X-Men : le commencement en tant que Beast, est assez crédible en zombie, humain, ou encore zombie imitant l’humain. Analeigh Tipton, jouant Nora, est quant à elle un petit concentré de vie, montrant bien plus de personnalité en quelques scènes que Teresa Palmer (Julie) en un film entier. Mais pourquoi avoir éludé que le personnage de Nora était, à la base, afro-américain ? A noter également, Rob Corddry, touchant dans le rôle de M, et un Dave Franco qui ressemble terriblement à son frère (pour notre plus grand bonheur).
Deux derniers points positifs et pas des moindres : sa bande originale Rock n’Roll souvent inspirée des années 80, et sa photographie agréable. Les flashbacks, en l’occurrence, sont assez soignés, et ce bien plus que ceux du film Sublimes Créatures qui massacraient des scènes cruciales à l’histoire. Entre filtres rétros, ambiance eighties et le style débraillé post-apocalyptique des héros, on frôle le hype sans trop s’y attarder.
Warm Bodies est donc un film attachant malgré la simplicité de son sujet, relevé par de nombreux traits d’humour, un casting sympathique et une musique sans défaut. On en ressort avec une furieuse envie de vivre.
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Ta critique m’interpelle.
En effet, j’en avais lu/vu des beaucoup moins dithyrambiques, pour ne pas dire incendiaires, de la part de spécialistes du film de genre.
Fan de zombie depuis bien avant que c’en soit la mode, je suis aujourd’hui plus que circonspect devant l’exploitation mercantile du concept qui tiens du “puisque ça plait au gens du coup on va pouvoir se faire une tonne de fric en leur vendant des bidons de lessives et on s’en fout que ce soit de la merde” (Je pense, notamment à la saga Resident Evil)
Je ne me prononcerait pas sur les qualités artistiques de ce film que ne j’ai pas vu et résumerai ma question à :
Puisque selon toi il s’agit de second degré et de nouveau point de vue (par opposition/hommage à Roméro, ou plus récemment à Boyle, dont il s’agirait d’utiliser les codes et de les détourner), qu’est ce que ce film apporte par rapport à un Shaun of the Dead, un Juno ou un Bienvenue à Zombieland ?
Merci d’avance.
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“Sa particularité principale est de faire cohabiter avec succès deux genres a priori incompatibles : le film de zombie et la comédie romantique” Et Shaun of the Dead alors ? ='(
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Voilà je sors de la séance.
J’en avais vu des extraits, lu quelques critiques ici et là (surtout ici).
Pas spécialement adepte du concept ‘zombie’ mis à part ‘The Walking Dead’, j’étais certain de ne pas trouver des scènes horrifiantes ; ce qui m’a attiré c’est l’analogie inverse. En effet, d’habitude on combat les zombies pour éviter de se transformer, dans ce film cette tendance est écourtée à son minimum car le rencontre entre R et Julia arrive assez rapidement.
Du coup soit la narration de R est conceptuelle, soit elle affiche de suite que celui-ci est doté d’emblée d’une réactivité aux événements qui l’entourent, et donc particulier par rapport à ses congénères zombies !!!R se positionne différemment lorsqu’il dévore un vivant puisqu’il lui mange une partie spéciale du corps pour qu’aucune transformation ne s’opère (1ère dose d’humanité)
R se nourrit de cette substance pour ‘s’approprier’ des souvenirs (2ème dose d’humanité)
R fait ensuite le lien entre ce qu’il a vu et Julia donnant l’élan nécessaire à sa nouvelle vision ‘humaine’Je ne vais pas raconter le film non plus…
Bref, j’ai passé un moment agréable…bien romancé
(moi pas critique LoL)
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