Populaire (2012)
Ma note : 5/10
Populaire, petite comédie sise à la fin des années 50, est le premier film de Régis Roinsard. C’est l’opportunité pour Romain Duris de jouer avec plus de légèreté qu’à l’habitude et pour Déborah François de décrocher un rôle épanouissant à forte visibilité.
SYNOPSIS
Printemps 1958. Rose Pamphyle, 21 ans, vit avec son père, veuf bourru qui tient le bazar d’un petit village normand. Elle doit épouser le fils du garagiste et est promise au destin d’une femme au foyer docile et appliquée. Mais Rose ne veut pas de cette vie. Elle part pour Lisieux où Louis Echard, 36 ans, patron charismatique d’un cabinet d’assurance, cherche une secrétaire. L’entretien d’embauche est un fiasco. Mais Rose a un don : elle tape à la machine à écrire à une vitesse vertigineuse. La jeune femme réveille malgré elle le sportif ambitieux qui sommeille en Louis… Si elle veut le poste, elle devra participer à des concours de vitesse dactylographique. Qu’importent les sacrifices qu’elle devra faire pour arriver au sommet, il s’improvise entraîneur et décrète qu’il fera d’elle la fille la plus rapide du pays, voire du monde ! Et l’amour du sport ne fait pas forcément bon ménage avec l’amour tout court…
CRITIQUE
Régis Roinsard estime que son film parvient à établir “une alchimie entre la comédie américaine et la french touch”. C’est effectivement le sentiment que l’on en tire à la sortie, mais pas forcément de manière positive. Populaire charme grâce à une personnalité artistique marquée mais déçoit par sa superficialité.
La fascination du réalisateur pour les années 50 transpire à travers la pellicule et nous embarque dans un tourbillon de couleurs pastels, dans un univers que nous n’avons connu qu’à travers les photos sépias de nos grands-parents. Le sens du détail instillé dans chacune des scènes est un ravissement pour les yeux de toute personne curieuse ou passionnée de la France d’une autre époque. La mise en scène et le montage inscrivent cette époque dans la modernité, faisant de Populaire un film hybride à plusieurs égards. Roinsard s’amuse et se joue des codes en ce sens, tout à son honneur.
Cette mise en scène audacieuse tranche malheureusement avec un scénario désespérant de platitude. Le concept est là, intéressant et original, mais s’essouffle en une heure à peine, rendant la deuxième moitié du film globalement redondante et parfois même ennuyeuse, ponctuée d’une fin si téléphonée et caricaturale que l’on en ressort déçu. Malgré une lecture qui se veut inscrite dans une démarche féministe, le film se contente de raconter une histoire linéaire et prévisible sur tous ses aspects, sans distiller de message plus profond, digne des plus plates comédies romantiques à l’américaine dont il s’inspire.
Selon Roisard, la fin des années 50 est une période charnière qui précède des avancées féministes majeures, cette époque des suffragettes et de la théorisation du féminisme. Rose Pamphyle cristallise les attentes d’émancipation des femmes de l’époque qui voyaient dans le métier de secrétaire, et d’autant plus les compétitions de dactylographie, un signe de succès et d’indépendance. Un paradoxe au vu du fait que ces femmes étaient en quelque sorte chosifiées en tant qu’égérie, ou encore se réalisaient à travers l’utilisation d’un objet devenu typiquement féminin, voire cliché.
L’on se prendra au jeu des compétitions de dactylographie qui, traitées comme de véritables concours sportifs, sauront nous passionner malgré leur excentricité, petites pointes d’adrénaline au sein d’un film qui s’étiole peu à peu dans la niaiserie guimauve. Car malgré quelques clins d’oeil intéressants (“Vous aimez les femmes pulpeuses, comme tout le monde”) et une poignée de passages stimulants, la relation entre Rose et Louis demeure sans originalité. Pourtant, le caractère de chacun promettait une histoire sertie de rebondissements intéressants. Régis Roinsard aime à se comparer à Jacques Demy, mais où une véritable amertume habitait les films de celui-ci, Populaire se contente d’une simplicité peu nourrie des problématiques de son époque.
Romain Duris n’est pas au sommet de sa forme, ni de son charme, et nous fait regretter le jeune con de l’Auberge Espagnole, tandis que Déborah François, fraîche et magnifique, fait parfois verser son personnage dans une caricature embarrassante. Bérénice Béjo quant à elle, délicieuse dans The Artist, paraît assez inconsistante auprès de la forte personnalité de Déborah François.
Restent quelques moments humoristiques ou excentriques comme le fameux Tcha-tcha de la secrétaire ou le tournage d’une publicité détonnante. Mais Populaire, bien que visiblement le fruit d’un travail impressionnant et d’énormément de passion, peine à divertir au point de pallier sa superficialité notoire.
BONUS
Parce que parfois la chance te tombe sur la gueule sans prévenir, j’ai eu l’opportunité de rencontrer l’équipe du film à la suite de la projection de Populaire. Cette rencontre avec Régis Roinsard, Romain Duris et Déborah François nous a permis de mieux comprendre la démarche de création du film qui a été pensé au moins 3 ans avant sa sortie.
Pour son premier film, Roinsard reste très humble mais passionné en interview, nous expliquant qu’il a eu l’idée de Populaire en regardant un reportage sur la dactylographie. Déborah François, quant à elle, nous aide à comprendre cette sorte de féminisme d’avant-garde qui se dégage du caractère de Rose Pamphyle – ainsi que le paradoxe de cette notion avec ce que la femme représente dans les années 50.
Romain Duris était plus réservé… mais en toute franchise. D’ailleurs, il n’aime pas les trolls sur Internet : “Un mec écrit de la merde sur moi, je vais le voir, enculé de sa mère“. Je n’ose plus rien dire du coup.
Le genre de journée riche en informations et émotions qui ne s’oublie pas. Merci à Mars Distribution et Cinéfriends.
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Je suis désolé mais j’adore ce film c’est mon préférer j’ai eu un coup de coeur quoi qu’on en dise je l’adore j’ai même pleurer juste pour dire JE KIFFFFFF
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