La voleuse (1946)
Ma note : 7/10
La voleuse (A stolen life) est un petit bonheur issu du cinéma Hollywoodien classique. Peu connu, tout comme son réalisateur Curtis Bernhardt, il a la particularité d’offrir à Bette Davis un rôle double, situation dans laquelle elle excelle. L’actrice, reconnue seconde plus grande actrice de tous les temps par l’American Film Institute, bénéficia surtout d’une grande notoriété pour ses rôles romantiques bien qu’ayant une carrière éclectique. La voleuse est une occasion de la voir dans une oeuvre alliant romance et suspense.
SYNOPSIS
Soeurs jumelles, Kate et Patricia Bosworth, convoitent Bill Emerson. Les faveurs de ce bel ingénieur vont à Patricia. Lorsque l’une des deux soeurs se noie accidentellement, l’autre se fait passer pour la défunte.
UNE TECHNIQUE IMPRESSIONNANTE
La voleuse est un film empli de charme, en grande partie grâce au jeu de Bette Davis qui jongle sans effort avec sa double identité. Pour l’époque, les effets spéciaux visant à nous offrir deux Bette Davis pour le prix d’une à l’écran sont exceptionnels, bien plus naturels et fluides que dans d’autres réalisations – et, pour ne citer qu’un exemple connu de tous, bien des années plus tard dans Friends. Ce talent à transformer un acteur en jumeaux me rappelle irrésistiblement le Dead Ringers (Faux-semblants) de David Cronenberg, qui reste un de ses meilleurs longs-métrages, et qui explorait la relation malsaine entre les deux Jeremy Irons avec encore plus de subtilité, de profondeur et de complexité (rah voilà, maintenant j’ai envie de le revoir). Un clin d’oeil amusant lorsque l’on sait que Bette Davis reprendra le thème de la dualité dans un autre film en 1964, intitulé… Dead Ringer.
C’est donc en grande partie à l’actrice que Curtis Bernhardt doit le succès de son film. Davis, connue pour avoir notamment accepté des rôles ambigus et non dénués de noirceur, joue à la perfection tant la douce Katie que son alter ego Patricia, nuançant les voix, démarches, regards. Ingénue ou calculatrice, elle n’a de cesse de nous envoûter et nous ressentirons beaucoup d’empathie pour elle. Le réalisateur, qui n’en restera pas là, continuera de challenger ses actrices de la sorte dès son film suivant, Possessed, avec une Joan Crawford schizophrène.
Cliquez ici pour voir la première apparition de Patricia :
En outre, nous aurons le plaisir de nous balader tant à Boston qu’à New-York ou au bord de l’eau, avec de nombreuses scènes maritimes pleines de nostalgie. L’une d’entre elle, en pleine tempête, est également techniquement impressionnante pour l’époque, et captive réellement son public.
UNE MORALE DOUTEUSE
Si Bette Davis s’impose comme notre darling favorite notamment dans le rôle de Katie, il faut bien avouer que les 2 principaux hommes à croiser son chemin sont des douchebags accomplis ne méritant ni son affection, ni sa patience. Bill, assez niais et irresponsable, n’aura de cesse de manquer de tact à son égard, tandis que Karnock est un mufle misogyne et arrogant. De telles attitudes étaient-elles considérées comme habituelles de la part des hommes à l’époque ? Je l’ignore et espère presque que c’est le cas – afin d’accorder un pardon partiel à cet aspect du film.
Ces caractères jurent avec la douceur de Katie à laquelle nous apprenons à nous attacher, et cette belle romance qui avait pourtant débuté à grand renfort de “j’aime être seul(e) mais je n’aime pas la solitude” et autres belles déclarations semblant prouver que Bill et elle étaient faits l’un pour l’autre.
Le dénouement, précipité et trop facile, est un bémol majeur et gâche un peu l’ensemble qui nous tient pourtant en haleine du début à la fin. Cependant, La voleuse reste un moment extrêmement agréable, fait de grâce et de passions, qui encourage à explorer d’autant plus la filmographie de la talentueuse Bette Davis.
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Salut,
Je suis tombé sur ton film car je pense moi aussi faire une critique de ce film que j’ai vu récemment grâce à la fameuse collection “Trésors Warner”.Sympa ton blog 🙂
Amicalement.
Stéphane.
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