Insensibles (2012)
Ma note : 6/10
Insensibles, premier long-métrage de Juan Carlos Medina, allie la réalité d’un film historique sur le régime franquiste aux libertés d’un registre horrifique. Lauréat d’un Méliès d’Argent au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, il a l’avantage de traiter d’un sujet original et de nous tenir en haleine grâce à l’enquête menée par le personnage principal, mais souffre de gros défauts de forme qui auraient pu être facilement évités.
SYNOPSIS
A la veille de la guerre civile espagnole, un groupe d’enfants insensibles à la douleur est interné dans un hôpital au cœur des Pyrénées.
De nos jours, David Martel, brillant neurochirurgien, doit retrouver ses parents biologiques pour procéder à une greffe indispensable à sa survie. Dans cette quête vitale, il va ranimer les fantômes de son pays et se confronter au funeste destin des enfants insensibles.
Ils sont forts, ces Espagnols. Je l’ai probablement déjà écrit dans ce blog, et je me le dis plusieurs fois par an – à peu près chaque fois que je vois un film d’épouvante venu tout droit de la péninsule ibérique. J’y détecte toujours une certaine finesse, un soin dans la réalisation que l’on ne retrouve pas toujours dans le film d’horreur américain typique. Juan Carlos Medina ne fait pas exception et livre un premier film prometteur. Je l’ai peut-être noté avec sévérité car certains éléments m’ont vraiment dérangé, rendant l’ensemble moins agréable – mais globalement, on sent qu’il y a du potentiel.
Pour l’écriture d’Insensibles, Medina collabore avec Luiso Berdejo, déjà remarqué pour [REC] et il faut avouer qu’il nous montre qu’un film d’épouvante peut être beau. Photographie sans défauts, scènes maîtrisées pour la plupart, l’on est loin de l’horreur crade, des clichés gores, du sang qui gicle et de l’hyperesthésie crescendo. Pourtant, le film n’est pas dénué de violence – et bien sûr, de souffrance, rendant certaines scènes difficiles à supporter. Les scènes de torture des années 60 faisant écho à la douleur de David à mesure de ses découvertes.
On sent que le réalisateur a voulu explorer cette période de guerre civile espagnole, s’y attarder sous un certain angle, notamment celui de ses relations avec l’Allemagne Nazie… et les horreurs qui ont pu être commises par les deux.
L’enquête menée dans le présent par David, a l’avantage et l’inconvénient de marquer des pauses fortes en suspense, même si l’issue en est presque évidente. Un léger inconvénient car nous nous immisçons avec plus de difficulté dans le quotidien des enfants et nous attachons peu à eux, mais un avantage car il trace un parallèle entre la douleur mentale de David et les évènements funestes de l’hôpital… devenu prison.
Le film, excellent ses débuts, perd en crédibilité sur le dernier tiers et semble s’adonner à plus de facilité, voire verser dans le kitsch à la X-Files sur les toutes dernières scènes, ce qui est un peu dommage, mais on a tout de même hâte de voir le prochain film de Juan Carlos Medina.
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